Sables Mouvants: Le Voyage Spirituel d'un Prêtre Africain
- Vie paisible et traditions à Efumlu Nselek
- La présentation du village d'Efumlu Nselek
- Les traditions et coutumes locales
- La famille Nkongho et leur foi catholique
- Les tensions avec les villages voisins et les "sables mouvants"
- La famille Mongo, la foi et les ambitions de Pepa Mongo
- Présentation de la famille Mongo
- L'éducation religieuse et l'influence des parents dans la vie de Pepa Mongo
- Les ambitions et rêves de Pepa Mongo dans son enfance
- La relation entre Pepa Mongo et son frère Nydo
- La découverte de la vocation sacerdotale par Pepa Mongo
- Les défis et responsabilités de Nydo dans la famille
- Les premiers pas de Pepa Mongo dans sa quête spirituelle
- Les années d'études au Petit séminaire Jean XXIII et au Collège Bonneau
- L'arrivée au Petit séminaire Jean XXIII et au Collège Bonneau: L'adaptation de Pepa Mongo à la vie étudiante et la découverte de nouvelles amitiés et défis.
- Les défis académiques et spirituels: Les efforts de Pepa Mongo pour maintenir un excellent rendement scolaire et approfondir sa foi catholique.
- Les obstacles et les tentations adolescentes: Les différentes tentations auxquelles est confronté Pepa Mongo et la manière dont il les surmonte en restant fidèle à ses convictions.
- La reconnaissance des Sœurs Canadiennes et le soutien des bienfaiteurs: L'impact des encouragements et de l'aide financière reçus par Pepa Mongo sur son parcours.
- L'évolution de la vocation de Pepa Mongo: Comment la vie quotidienne au séminaire et au collège influe sur la compréhension et le désir de Pepa Mongo de devenir prêtre chez les Salésiens.
- Les tentations et les défis d'un adolescent africain
- La pression des pairs et l'influence des autres adolescents
- Les tentations amoureuses et la découverte de la sexualité
- La confrontation aux problèmes sociaux du village et aux tensions avec les villages voisins
- Affronter les défis académiques et garder le cap sur la vocation sacerdotale
- L'aide providentielle des Sœurs Canadiennes et des bienfaiteurs
- L'intervention des Sœurs Canadiennes
- La générosité des bienfaiteurs canadiens
- Les opportunités offertes par cette aide financière
- Les défis et les responsabilités associés à la providence
- L'impact de l'aide providentielle sur la vocation de Pepa Mongo
- La rencontre avec les Salésiens de Don Bosco et le début de la vocation
- L'arrivée des Salésiens d'Ebolowa
- La première impression de Pepa Mongo face à la paternité et le charisme des Salésiens
- Les premières interactions avec les missionnaires Salésiens et la naissance de l'attraction pour la vie religieuse chez eux
- La décision de Pepa Mongo d'envisager sérieusement la vie sacerdotale chez les Salésiens
- Les premiers pas vers la vocation Salésienne: postulat et préparation à Lablé
- Les étapes de formation spirituelle : postulat, noviciat et philosophie
- L'entrée de Pepa Mongo dans le postulat à Lablé : une décision déterminante
- La vie quotidienne et les défis du postulat : prière, travail et étude
- Le noviciat à Lomé : approfondissement spirituel et vie communautaire
- Les enseignements essentiels du noviciat : la règle de vie salésienne et les vœux religieux
- Les études de philosophie : le cheminement intellectuel et spirituel de Pepa Mongo
- Les rencontres marquantes et les expériences vécues durant la formation spirituelle
- L'apprentissage de la vie missionnaire et l'ordination diaconale
- L'arrivée de Pepa Mongo au Kenya et l'apprentissage de l'anglais
- Les études de théologie et la découverte des divers charismes religieux
- La rencontre avec la communauté kenyane et l'expérience interculturelle
- La préparation à l'ordination diaconale à Upper Hill
- L'ordination diaconale et les responsabilités qui en découlent
- Le stage diaconal en Afrique du Sud et ses défis
- Le retour à Yaoundé et les perspectives pour l'ordination sacerdotale
- Les expériences internationales : Kenya, Afrique du Sud et ordination sacerdotale
- Le séjour au Kenya : apprentissage de l'anglais et adaptation à une nouvelle culture
- Tangaza College de Langata et la vie au sein de la communauté de Don Bosco Utume à Karen
- Les rencontres et échanges interculturels avec les jeunes kényans et les consacrés de divers charismes
- L'ordination diaconale à Upper Hill, Nairobi et la préparation finale pour le sacerdoce
- Le stage diaconal en Afrique du Sud : adaptabilité, défis et enrichissement spirituel à Ennerdale
- Retour à Yaoundé : émotions, retrouvailles et préparation pour l'ordination sacerdotale à la Cité des Jeunes
- Ordination sacerdotale : consécration et engagement en tant que prêtre Salésien, prélude aux missions futures
- Le parcours d'un prêtre Salésien : enseignant, formateur, conférencier et accompagnateur des jeunes
- Les débuts de Pepa Mongo en tant qu'enseignant Salésien
- Le rôle de formateur : préparer les jeunes à la vie religieuse
- Pepa Mongo, conférencier et prédicateur : transmettre la foi et les valeurs chrétiennes
- L'accompagnement spirituel et personnel des jeunes : un engagement de cœur
- Les différentes missions à travers le monde : du Gabon à l'Italie
- L'expérience à la Maison Don Bosco de Lomé : enseignant, préfet des études et Directeur académique
- La nomination en tant que vicaire provincial : une nouvelle responsabilité au service des Salésiens et des jeunes
Sables Mouvants: Le Voyage Spirituel d'un Prêtre Africain
Vie paisible et traditions à Efumlu Nselek
La vie dans le petit village d'Efumlu Nselek était ponctuée par le rythme languissant des journées ensoleillées, et pourtant elle suivait les lois inflexibles des hommes et de la nature. Chaque matin, les habitants s'éveillaient aux chants des oiseaux et aux premiers rayons du soleil perçant la brume qui recouvrait leurs chaumières. Les corps fatigués se redressaient, se frottaient les yeux et se préparaient à affronter le nouveau jour empreint de l'odeur douceâtre de la rosée mélangée à la terre.
Les hommes et les jeunes garçons se chargeaient des travaux des champs, bêchant, semant et récoltant le fruit de leur labeur. Les femmes et les jeunes filles se consacraient aux tâches domestiques, veillant à ce que chaque membre de la famille soit nourri et vêtu convenablement. Les anciens, assis à l'ombre des arbres centenaires, partageaient leurs histoires et leur sagesse avec les jeunes enfants curieux. Les rires fusaient, les voix s'élevaient en chœur pour chanter les louanges des ancêtres et remercier la terre nourricière.
Ce jour-là, dans la petite maison de la famille Nkongho, Alphonse et Thérèse s'étaient levés aux aurores pour entamer leur routine quotidienne. Un sourire chaleureux éclairait le visage buriné d'Alphonse, tandis qu'il caressait les cheveux de son fils cadet Pepa Mongo, un jeune garçon de dix ans à la peau d'ébène et aux yeux pétillants de malice.
- Allez, réveille-toi, Pepa Mongo. C'est l'heure de la prière et tu sais combien Dieu aime les enfants attentifs, murmura-t-il au creux de l'oreille du garçon.
- Oui, papa, répondit Pepa Mongo en s'étirant bien fort. Et toi aussi, tu aimes les enfants attentifs.
Alphonse éclata de rire et secoua doucement son fils.
- C'est bien mon garçon, alors allons prier ensemble avant que le jour ne soit complètement levé. Viens, ta mère nous attend déjà dans la salle de prière.
Ensemble, ils retrouvèrent Thérèse qui était déjà en train de réciter son chapelet, enroulée dans son pagne coloré. Nydo, l'aîné de quinze ans, les rejoignit peu après en bâillant et en frottant ses yeux somnolents. La famille Nkongho était très pratiquante et la foi catholique avait toujours été au cœur de leur éducation. Leurs voisins et amis les considéraient comme un modèle à suivre dans le village. Lentement, les voix paisibles des parents et des enfants se mêlèrent en une symphonie de prières et d'adoration, réchauffant le cœur de chacun et les préparant à affronter un nouveau jour.
Après la prière du matin, la journée se déroula paisiblement, les membres de la famille Nkongho vaquant à leurs occupations, le plus jeune courant entre ses frères pour les aider tantôt aux champs, tantôt à la maison auprès de sa mère. Pepa Mongo retournait souvent près de l'église du village, où son père enseignait le catéchisme aux autres enfants et réparait les bancs et les stalles de bois. Il aimait écouter les enseignements de son père et se prendre à rêver devant les saints qui ornaient les murs de la petite chapelle. C'était d'ailleurs dans ce lieu sacré qu'une graine fut plantée dans son cœur, qui grandirait avec lui, pour devenir une vocation sacerdotale.
Le soir tombait sur Efumlu Nselek, peignant le ciel d'or, de pourpre et de rose. Les villageois rentraient chez eux, épuisés mais heureux, pour partager le repas familial autour du feu crépitant. Les liens qui unissaient les habitants d'Efumlu Nselek étaient forts, forgés par l'amour, le respect et la foi en Dieu et en chacun.
Cependant, un nuage noir menaçait ce tableau idyllique, sous la forme d'une tension grandissante avec les villages voisins. Des rivalités ancestrales alimentaient les commérages et les chamailleries. Pepa Mongo avait entendu les adultes murmurer à voix basse, évoquant les "sables mouvants" qui menaçaient de s'engloutir sous leur paisible village. Mais dans la chaleur de la nuit africaine, sous les étoiles qui brillaient comme des flambeaux dans la voûte céleste, ces tensions et ces inquiétudes semblaient s'évanouir dans l'air, laissant place à l'amour, à la foi et à l'espérance qui étaient le socle de la vie d'Efumlu Nselek.
La présentation du village d'Efumlu Nselek
Efumlu Nselek était le genre de village que l'on trouve sur les cartes postales. Niché au cœur d'une région luxuriante et verdoyante au sud du Cameroun, bordé de montagnes enneigées et de rivières scintillantes, le village était une esquisse parfaite du paradis africain. Les maisons de terre cuite, au toit de chaume et aux murs ornés de fresques naïves, étaient dispersées le long des chemins tortueux, comme si elles avaient été semées par les mains délicates d'un peintre. Les arbres fruitiers et les palmiers offraient leur ombre généreuse, tandis que les fleurs colorées dégageaient leurs parfums enivrants.
Les habitants d'Efumlu Nselek étaient fiers de leur village. Ils étaient un peuple solide, enraciné dans les traditions et les coutumes qui les avaient façonnés et soutenus à travers les générations. Ils avaient appris à tisser leur vie à partir du sol fertile, à veiller les uns sur les autres et à respecter les lois de la nature et de leur créateur.
Mais Efumlu Nselek avait aussi ses secrets - ces histoires qui bruissaient au creux des feuilles des arbres et se murmuraient à l'ombre des maisons, quand les esprits du village se réveillaient pour partager leurs récits avec les vivants. Certains parlaient de héros et de sages, d'autres évoquaient des légendes sinistres et des malédictions ancestrales. Et parfois, au milieu de ces murmures, apparaissait une conversation enflammée, quelque chose que personne ne voulait mentionner à haute voix, de peur d'inviter le malheur sur le village : les tensions qui montaient entre les villages voisins, les rivalités qui s'enracinaient dans la terre même.
Ce soir-là, Efumlu Nselek avait revêtu son manteau d'ombre et de mystère, comme chaque soir depuis des siècles. La chaleur étouffante du jour avait laissé place à une fraîcheur bienvenue, et les étoiles commençaient à percer le voile de l'obscurité. Les villageois étaient rassemblés autour d'un feu crépitant, les visages éclairés par les flammes vacillantes. Les plus âgés réchauffaient leurs mains noueuses, tandis que les jeunes jouaient et couraient autour du feu, savourant la liberté des jeux nocturnes.
Le vieux Tala, l'un des anciens du village, prit la parole, le regard porté vers les sommets lointains. Sa voix grave et rauque s'éleva dans la nuit, captive l'audience du village.
- Mes amis, je ne suis qu'un vieil homme, mais je sens que le vent a changé. Il y a quelque chose d'inquiétant dans l'air, quelque chose qui s'intensifie avec chaque brise qui vient des montagnes. Les esprits sont agités et ne dorment pas paisiblement.
Les villageois se turent, surpris par la soudaine solennité du vieil homme. Plusieurs hochèrent la tête, reconnaissant la vérité dans ses paroles. Même les enfants avaient cessé de jouer et observaient attentivement le vieil homme, les yeux écarquillés.
- Que pouvons-nous faire, Tala ? demanda une mère, serrant son enfant contre elle. Comment pouvons-nous protéger notre village des forces qui menacent notre paix ?
Le vieux Tala hésita un instant, puis répondit avec solennité :
- Je ne détiens pas toutes les réponses, mais une chose est certaine : nous devons rester unis. Notre foi, notre amour et notre dévotion les uns envers les autres sont nos seules armes contre ces "sables mouvants" qui menacent de tout engloutir. Nous avons surmonté bien des épreuves et des défis, et ensemble, nous continuerons à protéger et préserver notre village.
Les villageois se rassemblèrent autour du vieil homme, leurs mains enlacées, leur visage déterminé. En cet instant, ils étaient plus que de simples villageois. Ils étaient une famille, soudée par la force de leur amour et leur foi en l'avenir.
Et tandis que les étoiles scintillaient dans le ciel nocturne, les chants et les prières d'Efumlu Nselek s'élevèrent dans le vent, portant avec eux l'espoir d'un avenir meilleur, d'un village uni face à l'adversité, comme les ancêtres l'avaient fait avant eux.
Les traditions et coutumes locales
Il était difficile d'énumérer les mille et une coutumes qui façonnaient la vie quotidienne à Efumlu Nselek. Chaque rite, chaque tradition, chaque miette d'histoire témoignait de la richesse d'une culture plurielle et profondément vivante, en parfaite harmonie avec la nature luxuriante qui l'entourait. La terre fertile était imprégnée de légendes ancestrales, dont certaines semblaient remonter à la source même de la vie. Les habitants plongeaient leurs racines dans cette mémoire collective pour bâtir une société où les générations se succédaient en s'appuyant les unes sur les autres, comme les branches et les feuilles d'un grand arbre.
La nature avait toujours été la première à dicter les règles dans le village d'Efumlu Nselek. Chaque saison apportait ses ombrages, ses pluies drues et douces, suivies des premières germinations baignées des rayons chaleureux du soleil. La sève se répandait dans le village comme une vie renouvelée, nourrissant les plantes, les animaux et les hommes, dans un équilibre aussi fragile qu'infiniment solide.
Chaque matin à l'aube, les hommes se levaient, se dirigeaient vers la rivière pour se purifier par des ablutions rituelles, et revêtaient alors leurs habits de travail. Les femmes, quant à elles, s'affairaient dans leurs cases à préparer le petit-déjeuner, le sol pétri de résidus de vin de palme et de craie écrasée, avant que les enfants se lèvent enfin pour les rejoindre autour du feu où étaient posées les marmites fumantes. Chacun savait précisément le rôle qu'il avait à jouer dans cette partition si bien orchestrée, où chaque note s'accordait avec une précision d'autant plus remarquable qu'elle donnait l'impression de l'harmonie parfaite. Un ballet silencieux, coloré d'étoffes aux teintes vives et tendres globalisées, qui se reflétaient dans les eaux calmes de la rivière et les peaux brillantes de sueur.
Le marché du village était l'endroit où hommes et femmes se retrouvaient pour échanger leurs produits et donner vie à cet esprit de partage qui s'exprimait dans une ambiance de senteurs épicées et de voix mêlées aux notes des griots endiablés. Les jupes des femmes virevoltaient, pleines de grâce et d'élégance, tandis que leurs rires mélodieux ponctuaient les palabres rythmées par les rumeurs mystérieuses qui enchantait l'air lourd de secrets. Les hommes discutaient des travaux des champs, partageant leur savoir-faire et leur expérience tout en dégustant la bière locale, dont la mousse légère dansait au bord des lèvres. En fin de marché, on partageait la nourriture préparée par les femmes, on buvait et on chantait les fables de la forêt et les exploits de leurs ancêtres, forts de cette générosité qui faisait d'eux des êtres à part, unis dans une fraternité inébranlable.
C'est au cours de ces moments de partage que les villageois vivaient les événements qui rythmaient leurs existences: naissances, mariages, morts. Si la célébration de ces événements variait en fonction de la richesse et de la position sociale des familles, elle rassemblait toujours les communautés dans une fête intense et colorée. Les noms des nouveaux-nés étaient chuchotés aux ancêtres, les rites du mariage étaient célébrés au pied de la plus belle case, tandis que les morts étaient enterrés avec une solennité emprunte d'émotion et de respect. Chaque coutume respectée, chaque tradition vécue, forgeait un peu plus la cohésion de cette société si seule au milieu des montagnes.
Dans la petite maison de la famille Nkongho, Pepa Mongo écoutait les récits envoûtants qui berçaient la mélodie des traditions et des coutumes locales. Ses yeux brillants d'attention, son esprit bouillonnant d'idées et de pensées, sa main serrée dans celle de son frère aîné Nydo, il s'Était fait la promesse que, quoi qu'il advienne, les racines de leur héritage resteraient gravées dans son cœur, comme une marque indélébile. Les épreuves, les souffrances et les joies seraient les échos de ces voix qui parsemaient le village, ces voix qui chantaient l'amour, la foi et l'espérance, ces voix qui se taisaient parfois lorsque les "sables mouvants" menaçaient de les engloutir.
Le coeur battant, il retourna auprès de ses parents assis près du feu et s'installa entre eux, écoutant Ave-María leur demander :"Alors, Pepa Mongo, quel est ton choix pour l'avenir?" Dans cet instant suspendu, encerclé par l'amour et la confiance de sa famille, il sut que sa réponse serait non seulement le reflet de sa propre destinée, mais aussi celui de cet héritage précieux qu'ils avaient tous si vaillamment défendu.
La famille Nkongho et leur foi catholique
Dans les recoins les plus intimes de leur cœur, les membres de la famille Nkongho étaient inébranlablement soudés par les fils d'or des saintes écritures. Ils vénéraient le Seigneur dans l'abondance et le désir, et c'est dans les crevasses de cette foi inaltérable que rythmait leur quotidien au sein du village d'Efumlu Nselek.
Un soir, alors que les étoiles noyaient le ciel de leur éclat argenté, Pepa Mongo se tenait à côté de son père Alphonse devant leur modeste autel familial, les mains jointes en prière. Les flammes tremblantes de l'unique ciergetransformait leurs visages en ombres mouvantes, offrant à leur dévotion une dimension mystique et profonde.
"Ils dirent alors à Jérémie : Que le Seigneur, qui est un Dieu véritable et fidèle, soit notre témoin", déclama Alphonse, la voix pleine de ferveur. "Nous ferons tout ce que le Seigneur, notre Dieu, ordonne. Ah, que la volonté de Dieu soit faite! Amen."
Pepa Mongo répétait chaque mot, sa voix tremblante se perdant dans les échos du silence nocturne.
"Le Seigneur est notre protecteur et notre guide", continua Alphonse, les bras levés vers le ciel, les yeux pleins de larmes. "Notre famille est unie par la foi, et c'est grâce à cette foi que nous avons le courage de faire face aux défis qui nous attendent."
Les pensées de Pepa Mongo s'enroulaient autour des mots de son père comme des lianes. Qu'avait-il donc à craindre, lui qui baignait dans la lumière de cette foi qui inondait chaque aspect de leur existence? N'était-il pas le fils préféré du Seigneur, choisi pour une vocation divine, destiné à guider les âmes égarées vers les rivages de la rédemption?
Il chercha le regard approbateur de Thérèse dans l'obscurité de la pièce. Cachée derrière un voile de pitre éraillé, les perles salées de ses larmes scintillaient sur ses joues brunes. Ses lèvres bougeaient silencieusement, dessinant les contreforts d'une prière brûlante d'amour et de grâce.
"Ô Notre Père céleste", murmura-t-elle à voix basse, "protégez votre serviteur Pepa Mongo et donnez-lui les armes pour surmonter les tentations de ce monde corrompu. Accordez-lui la sagesse, la force et le courage pour suivre votre voie et accomplir votre volonté."
Entre les bras de Thérèse se serrait la main frêle de Nydo, dont les doigts tremblants trahissaient son malaise. Il savait que le poids de sa famille reposerait bientôt sur ses épaules, un fardeau qu'il avait accepté avec une résignation amère. Sa fraternité pour Pepa Mongo, teintée d'amour, d'admiration et d'envie, tiraillait son âme comme des griffes acérées.
"Accordez à mon frère Nydo la force nécessaire", murmura Pepa Mongo, jetant un regard inquiet à son aîné. "Qu'il soit éclairé par votre sagesse et votre amour, et qu'il mène notre famille sur la voie de la prospérité et du bonheur."
Nydo esquissa un sourire tremblant, ses yeux humides reflétant la gratitude envers son jeune frère. Cet élan d'amour filial lui insuffla une bouffée d'énergie nouvelle et redoubla sa détermination à assumer ses responsabilités. Ensemble, leur foi les porterait à travers les épreuves, leurs prières les élèveraient au-dessus des obstacles.
Et c'est ainsi, unis dans la profondeur de leur foi et la force de leur amour les uns envers les autres, qu'ils achevèrent leur prière et se réunirent autour du repas qu'avait préparé Thérèse avec soin. Dans l'ombre chaleureuse de leur case, ils sentaient le lien sacré qui les unissait tous, quel que soit le destin qui les attendait.
Les tensions avec les villages voisins et les "sables mouvants"
Le soleil avait atteint son zénith obligeant les habitants d'Efumlu Nselek à se réfugier dans l'ombre bienfaisante des arbres centenaires qui bordaient la place du marché. Les hommes assis en cercle étaient en grande discussion, débattant de questions importantes telles que le travail des champs ou les nécessités du mariage et de la filiation. Les femmes, quant à elles, papotaient gaiement en préparant des mets succulents à partager avec tous. La vie dans le village suivait son cours paisiblement, jusqu'à ce que des rumeurs inquiétantes et lointaines vinrent troubler les esprits.
On parlait de problèmes aux frontières des villages voisins, de conflits larvés provoqués par un manque d'eau et de terres cultivables, d'hommes âpres prêts à en découdre pour assurer la survie de leurs communautés. Ces bruits de guerre, d'abord diffus et incertains, prenaient peu à peu corps et menaçaient désormais l'équilibre fragile qui unissait les villages entre eux.
Un jour, alors que les villageois d'Efumlu Nselek s'attelaient à leurs travaux quotidiens, un émissaire apparu sur le seuil du village, tremblant et haletant sous la chaleur accablante. Portant des vêtements élimés et poussiéreux, il brandissait un rameau de paix avec un air suppliciant.
"Écoutez-moi, je vous prie, gens d'Efumlu Nselek!" implora l'émissaire, les yeux brillants de larmes. "Nous venons en paix, mais les temps sont durs pour tous, et il est dit que les "sables mouvants" menacent d'engloutir nos villages! Nous devons nous unir et combattre cet ennemi invisible avant qu'il ne soit trop tard!"
Il y eut des murmures de surprise et d'indignation parmi les villageois, certains regardant l'émissaire avec suspicion, d'autres avec compassion.
"Oui, nous comprenons tes paroles, frère", répondit Alphonse Nkongho, le catéchiste du village, un homme aux traits marqués par l'expérience et la sagesse. "Mais qu'entends-tu par "sables mouvants" ?"
L'émissaire secoua la tête, les yeux remplis de chagrin. "Je ne peux pas en dire plus... Ce que je sais, c'est que notre existence est menacée... et que disparaître est un sort bien pire que la guerre elle-même."
Les hommes présents hochèrent la tête avec gravité, comprenant que les enjeux dépassaient leurs querelles habituelles.
"Je propose un pacte de fraternité entre nos villages", suggéra Thérèse Nkongho, mère de Pepa Mongo et femme au grand cœur. "Unissons-nous, partageons ce que nous avons, et combattons ensemble les "sables mouvants" avant qu'ils ne nous emportent tous."
Malgré les murmures d'approbation qui montaient parmi l'assemblée, certains villageois restaient méfiants et craintifs, craignant que la main tendue ne cache une ruse perfide. Mais leurs voix disparurent dans le vent qui soufflait déjà les premiers signes avant-coureurs des "sables mouvants"...
Pepa Mongo, témoin silencieux de ces tumultes, sentait l'inquiétude grandir en lui. Cet ennemi invisible, dont personne ne semblait savoir dire de précises, représentait-il une menace bien réelle pour son village et sa famille ? Fallait-il se méfier, comme certains le suggéraient, ou tendre la main en signe de fraternité et de solidarité ? Les questions qui tourbillonnaient dans son esprit l'empêchaient de dormir, et pourtant, quelque part en lui, il sentait qu'un grand défi l'attendait - un défi qu'il devait affronter avec l'aide de sa famille et de sa foi indéfectible.
Le vent du destin, chargé de rumeurs et de mystères, s'était levé sur Efumlu Nselek et emportait avec lui les rêves et les espoirs d'un village entier. Dans cette tourmente, et face aux "sables mouvants" qui menaçaient de les engloutir, Pepa Mongo et les siens devraient puiser dans la force de leur foi, dans leur amour des uns pour les autres et dans le respect des traditions pour triompher des ombres grandissantes et rétablir l'harmonie dans leurs vies.
La famille Mongo, la foi et les ambitions de Pepa Mongo
Alors que l'aube teintait le ciel de ses rêves vermeils, Pepa Mongo contemplait le paysage de son enfance avec un serrement de cœur. Le petit village d'Efumlu Nselek, niché au creux des collines verdoyantes du sud du Cameroun, était un havre de quiétude où l'on apprenait à vivre au rythme de la nature et des saisons. La vie ici n'était marquée par l'urgence ni la futilité, mais par le travail et l'amour d'une communauté unie par les liens sacrosaints de la foi.
De ce havre enchanteur, Pepa Mongo avait su tirer les forces qui l'avaient guidé tout au long de ces années, les nourrissant au creuset de l'amour de sa famille et de l'enseignement indélébile de ses parents, Alphonse et Thérèse.
Oh, combien il aimait sa mère ! Elle était une femme d'une grande sagesse, sachant émerveiller petits et grands avec ses récits teintés de la richesse des légendes locales. Les veillées passées auprès d'elle demeuraient gravées au plus profond de son âme comme autant de pierres précieuses. "Pepa", pour elle, c'était cet enfant tout sourire qui suivait ses pas, avide de ses mots empreints d'amour autant que de rigueur.
Son père, Alphonse, était tout à la fois le protecteur de leur famille et le pilier spirituel du village. Catéchiste et menuisier, il s'était toujours dévoué corps et âme à la communauté d'Efumlu Nselek. Pourtant, derrière la figure d'autorité qu'il incarnait, il savait se montrer tendre et attentionné envers ses fils, les enveloppant d'un amour exigeant et bienveillant.
C'est en s'imprégnant de cette foi ardente que Pepa Mongo avait ressenti un jour l'appel du Seigneur, cette petite voix au fond de son cœur qui lui soufflait qu'il devait mettre sa vie au service de Dieu et de ses frères. Les cheminements tortueux de la vie l'avaient alors conduit à la rencontre des Salésiens de Don Bosco – de ces moments passés avec eux avaient émergé une vocation qui n'avait cessé de se renforcer au fil des années.
"Je veux devenir prêtre, maman", avait-il un jour murmuré à l'oreille de Thérèse, le regard brillant d'espoir, craignant à la fois que ses mots ne sonnassent comme un arrachement et une promesse. Thérèse l'avait simplement serré dans ses bras, baignant les boucles ébènes de son fils de ses larmes discrètes. "Mon fils, si c'est la volonté de Dieu, alors je suis fière de toi, et je prie pour que tu deviennes le serviteur dont notre Seigneur a besoin."
Ce jour-là, quelque chose avait changé entre eux. Pepa Mongo avait senti le poids des responsabilités s'alourdir sur ses épaules, tandis qu'une lueur de fierté et d'inquiétude voilait le visage de sa mère.
Son frère aîné, Nydo, observait ce changement avec un mélange d'admiration et de regrets silencieux. Profondément attaché à Pepa, il comprenait que son frère marchait désormais sur un chemin bien différent du sien. Les deux frères partageaient certes leur amour familial et leur foi, mais là où Pepa choisissait la vocation sacerdotale, Nydo devait porter sur ses épaules le poids des responsabilités familiales et assurer la prospérité de la maisonnée.
"Je serai là pour toi", avait simplement murmuré Nydo au creux de l'oreille de Pepa le jour de son départ pour le Petit séminaire Jean XXIII d'Ebolowa. Dans ses yeux noirs se reflétait la promesse d'un soutien sans faille, un pacte fraternel qui traverserait les distances et les épreuves.
Pepa Mongo avait alors serré la main de son frère, l'amour et la gratitude illuminant son regard, se promettant de toujours honorer la foi qui les unissait, quel que soit le chemin que le Seigneur tracerait devant eux.
C'était ainsi que le jeune homme s'était lancé, plein d'espoir et de détermination, sur la voie qui le mènerait vers le service de Dieu et de ses frères. Au gré des rencontres et des apprentissages, il apprenait les subtilités de la vocation sacerdotale, les enseignements spirituels et théologiques qui ouvraient son esprit et son cœur à des réalités bien différentes de celles de son village natal.
Mais le souvenir d'Efumlu Nselek, de sa famille et de leur foi, ne cessait de l'inspirer et de lui offrir l'énergie nécessaire pour poursuivre sa quête du divin.
Leurs regards échangés ce matin-là, mélange de fierté et d'inquiétude, resteraient à jamais gravés dans la mémoire de Pepa Mongo, comme la promesse d'un amour éternel qui le soutiendrait au-delà des distances et des épreuves, par-delà les montagnes et les océans qui séparaient désormais son cœur de celui de sa chère famille.
Présentation de la famille Mongo
Alphonse Nkongho, debout sur le seuil de sa demeure aux murs de terre cuite et aux tuiles de palmier, contemplait les premières lueurs de l'aube avec un sentiment de sérénité qui imprégnait toute la maisonnée. Il était un homme simple, au visage buriné par les années et les rigueurs du travail, mais dont l'esprit rayonnait d'une foi indomptable. En tant que catéchiste et menuisier, son existence se partageait entre le service de Dieu et la communauté, et les soins portés à sa famille aimée : Thérèse, son épouse, et leurs fils, Pepa Mongo et Nydo.
Thérèse Nkongho, pour sa part, veillait déjà sur sa maisonnée, en silence, ses mains noueuses et tendres préparant les repas du jour, telle une offrande aux esprits de la Terre. C'était une femme à la fois douce et forte, dont la beauté se révélait dans l'éclat de son regard, miroir de la générosité de son âme. Auprès d'elle, dans cette danse quotidienne entre les flammes du feu de bois et les odeurs de cuisine, grandissaient Pepa Mongo et Nydo, nourris par la chaleur de l'amour maternel et les enseignements de la foi catholique qui les enveloppaient comme une étoffe protectrice.
Pepa Mongo, le cadet, se tenait à l'écart, les yeux fixés sur le paysage verdoyant qui s'étendait devant lui. En cet instant, comme dans un rêve éveillé, il ressentit le poids du destin qui pesait sur lui, cette force inexplicable qui l'appelait à servir Dieu et l'Eglise de manière bien plus profonde qu'il n'aurait osé l'imaginer. Ses yeux cherchaient notamment le clocher de la petite église du village, comme pour trouver un signe divin qui confirmerait cet appel qui résonnait en lui depuis quelque temps déjà.
Nydo, l'aîné, observait son frère avec une pointe d'inquiétude, devinant sans peine les aspirations qui tourmentaient le jeune garçon. Lui aussi avait été marqué par la foi ardente de leurs parents et le dévouement inébranlable de leur père, mais son avenir se dessinait davantage dans les sillons de la terre nourricière et l'art de la menuiserie. Toutefois, il saisissait l'enjeu de cette confrontation intérieure qui agitait Pepa Mongo, car il savait que son engagement dans la voie du sacerdoce aurait des répercussions sur toute la famille.
Un soir, alors que les ombres s'étiraient sur la petite maison, Alphonse Nkongho prit la parole, son regard plongé avec gravité dans celui de ses fils : "Mes enfants, nous devons parler... Vous êtes les héritiers de notre foi et de nos valeurs, et Dieu seul sait combien cela demande de courage et de détermination. J'ai vu en vous les prémices d'un engagement qui peut transformer ce monde, et faire de vous des guides pour vos frères en Christ. Pepa Mongo, je sais que tu ressens l'appel du Seigneur au plus profond de toi. A toi de décider si tu veux suivre ce chemin, et quelles épreuves tu es prêt à surmonter pour y parvenir."
Les mots d'Alphonse Nkongho résonnèrent comme un écho profond dans les cœurs des deux frères, mais ce fut Pepa Mongo qui s'exprima en premier, la voix vibrante d'émotion : "Père, je veux devenir prêtre. Je veux répondre à l'appel de Dieu et servir nos frères et sœurs. Je ne sais pas encore comment, ni où, mais je suis prêt à suivre ce chemin, quelle que soit la volonté de Dieu pour moi."
Alors, dans le silence de cette soirée, se noua le pacte silencieux entre les deux frères : Pepa Mongo, guidé par sa foi et sa vocation à devenir prêtre, et Nydo, qui porterait sur ses épaules les responsabilités familiales et soutiendrait son frère dans ce chemin semé d'incertitudes. Et dans l'étreinte fraternelle, se scella l'engagement solennel de la famille Mongo face aux épreuves et aux défis que la vie leur réserverait.
L'éducation religieuse et l'influence des parents dans la vie de Pepa Mongo
L'église d'Efumlu Nselek bruissait de la ferveur des prières et des cantiques, comme si la voix de Dieu lui-même emplissait les lieux, portée par les âmes ferventes des habitants. Les murs de terre cuite et le toit de chaume semblaient vibrer au rythme des incantations, tandis que les vitraux colorés projetaient leurs faisceaux mordorés sur les visages émerveillés de la foule recueillie.
Au cœur de cette assemblée, la famille Nkongho se tenait en rang, telle une colonne vertébrale qui soutenait et élevait la foi des voisins et amis. Alphonse, les yeux fermés et les mains jointes, plongé dans une ferveur intense, semblait transmettre par ses lèvres murmurantes les mots mêmes de Dieu. À ses côtés, Thérèse murmurait tendrement les prières, comme autant de perles d'un chapelet invisible qu'elle égrenait entre ses doigts déformés par le travail. Nydo, l'aîné, se tenait droit et fier, ses yeux écarquillés contemplant l'autel et le prêtre qui officiait la messe, comme pour y déceler les mystères de la foi chrétienne.
Et puis, il y avait Pepa Mongo, le cadet, qui observait ce tumulte pieux avec un sérieux et une attention qui dépassaient de loin son jeune âge. Ses boucles ébènes encadraient un visage illuminé par une ardente ferveur, alors que ses lèvres remuaient silencieusement, psalmodiant les paroles sacrées avec une conviction inébranlable.
Alphonse, frissonnant intérieurement devant cette scène inspirante, esquissa un sourire discret, comme pour remercier intérieurement le Seigneur de lui avoir donné cette famille aimante et dévouée. Pourtant, à cet instant, nul ne pouvait mesurer l'influence que l'éducation religieuse prodiguée par les parents Nkongho aurait sur le jeune Pepa Mongo, et la manière dont elle le conduirait un jour à répondre à l'appel du sacerdoce.
Après la messe, la famille se réunit pour partager un modeste repas, agrémenté des légumes et des tubercules auxquels participent leurs mains calleuses et talentueuses qu'ils cultivent eux-mêmes. C’est alors qu’Alphonse débute un récit relatant les exploits de saint François d'Assise, son saint favori – et celui de sa famille – qu'il admire pour son humilité et son amour pour les plus démunis.
Le jeune Pepa, les yeux brillants d’admiration et de curiosité, écoutait avec une attention captivée, se représentant dans son esprit l'image d'un moine italien à la robe de bure et au doux sourire, tendant les bras vers des oiseaux en plein vol et des animaux apeurés, appelés par l'amour infini qui rayonnait de sa personne.
-Mon fils, l'interrompit Alphonse, l'éducation est à la base de tout. Une âme élevée dans la crainte de Dieu et la connaissance de Sa parole est comme un arbre fertile, qui porte des fruits en abondance pour nourrir ceux qui en ont besoin. La foi, la prière et les bonnes œuvres forment les racines qui soutiennent et élèvent cet arbre, tandis que le tronc, solide et droit, représente l'amour inébranlable et inconditionnel qui unit la famille.
Ému, le jeune garçon acquiesça doucement, les yeux baissés comme pour imprimer dans sa mémoire ces paroles de sagesse, puis releva la tête vers son père avec une détermination farouche:
- Père, je veux devenir un arbre fertile à l'image de saint François, pour étancher la soif de ceux qui cherchent la paix et la consolation.
Alphonse, les larmes aux yeux, déposa une main tremblante sur la tête de son fils, et murmura une prière silencieuse, comme un pacte sacré noué entre les générations. Thérèse les observait, émue, les lèvres frémissantes d'un sourire qui ne trahissait en rien les craintes et les défis qui nichaient au fond de son cœur de mère.
Les ambitions et rêves de Pepa Mongo dans son enfance
Les jours passaient lentement dans le petit village d'Efumlu Nselek, rythmés par les chants des oiseaux qui accompagnaient chacune des corvées quotidiennes du jeune Pepa Mongo. Nul ne pouvait alors se douter des rêves ambitieux qui agitaient ce garçon apparemment sans prétentions, un reflet pudique qui dansait dans le regard de son père, Alphonse Nkongho. Mais au fond du cœur de Pepa Mongo, se dissimulait un tourbillon d'aspirations qui lui faisait lever les yeux vers le ciel étoilé, comme si les étoiles elles-mêmes étaient autant de promesses d'un avenir grandiose.
Ce soir-là, tandis que le crépuscule étirait ses ombres bleutées sur les toits de chaume et les collines alentour, le vent vint caresser les joues de Pepa Mongo, comme pour lui chuchoter les secrets oubliés de la vie et de l'au-delà. Son esprit semblait flotter au-dessus de ces humbles habitations et de ces terres que ses ancêtres avaient tant chéries, nourries et protégées, comme pour rejoindre ces espaces sacrés où se mêlent les sueurs, les prières et les rires de ceux qui espèrent et qui s'abandonnent à la foi.
"Mon fils, viens donc t'asseoir à côté de moi, murmura Alphonse Nkongho en s'installant sur le tronc d'arbre éborgné qui servait de banc sous l'arbre à palabres."
Pepa Mongo s'assit auprès de son père, sentant les fibres rugueuses du bois griffer doucement ses cuisses. Il était incroyablement ému, tout à coup conscient de l'appel qui lui parvenait, celui de suivre une voie où la foi dicterait sa destinée.
Son père le regarda longuement, comme pour scruter les douleurs qui noircissaient l'âme de son fils et former les mots justes qui apaiseraient ses maux. "As-tu déjà songé, mon fils, à ce que tu veux faire de ta vie ?" demanda-t-il d'une voix posée et apaisante.
Pepa Mongo laissa un instant planer le silence, cherchant dans cet abîme de réflexions les mots qui résumeraient au mieux ses espoirs et ses rêves. Finalement, il répondit, sa voix teintée d'une hésitation palpable : "Je souhaite devenir un homme de bien, père. Un homme qui puisse aider les autres, les guider vers la lumière de Dieu, et contribuer à rendre notre monde meilleur, plus juste et plus aimant."
Alphonse Nkongho sourit doucement, comme approbateur de cette noble aspiration, avant de poursuivre : "Ton désir est louable, mon fils, et je suis heureux que les enseignements que ta mère et moi nous t'avons transmis aient éclairé ton chemin de la sorte. Mais n'oublie jamais que les chemins de Dieu sont impénétrables, et que la foi est une épreuve de chaque instant qui ne cesse de nous façonner, nous éprouver et nous inviter à goûter humblement à la vie éternelle."
Les yeux de Pepa Mongo brillaient de gratitude et d'admiration pour la sagesse de son père, comme une braise qui se ravive sous les caresses du vent. Émouvant spectacle que celui de cette communion entre le père et le fils, unis par l'amour incommensurable qui les liait et par une foi inébranlable en un avenir meilleur.
Une brise légère fit alors frissonner les feuilles des arbres alentour, une plainte mélodieuse qui semblait jaillir du cœur même de la Terre. Les deux hommes, silencieux, écoutaient comme envoûtés la symphonie de la nuit naissante, un écho éternel qui s'étirait jusqu'aux confins de l'univers, porteur d'un message silencieux et pourtant si riche en promesses.
Dans cette intimité sacrée, l'humanité touchait enfin à l'infini...
La relation entre Pepa Mongo et son frère Nydo
Les frères Nkongho avaient toujours partagé une complicité tacite, aussi puissante que les lianes qui entrelacent les branches des arbres de leur village natal. Au fil des années, les jeux insouciants de l'enfance laissaient place à des conversations animées par la vie adulte, leurs rires cristallins se mêlant pour former un choeur harmonieux, porté par les échos de leur attachement fraternel.
La relation entre Pepa et Nydo n'était pas sans tensions ni rivalités - bien au contraire. En grandissant, ils étaient devenus conscients de leurs différences, et la jalousie parfois s'était installée, telle une ombre vacillante qui s'immisçait entre eux. Pepa, le cadet discret et appliqué, avait attiré l'attention des Sœurs Canadiennes, qui voyaient en lui un potentiel exceptionnel, flammèche qu'ils nourrissaient patiemment pour la voir s'épanouir.
Nydo, quant à lui, avait toujours été l'aîné solide et protecteur, assumant avec stoïcisme les responsabilités de la famille Nkongho et vivant au rythme effréné des travaux agricoles et de l'apprentissage du métier de menuisier auprès de son père, Alphonse. Mais il admirait aussi en secret les prouesses intellectuelles et la curiosité insatiable de son jeune frère, dont la destinée l'éloignait peu à peu des rivages familiers de leur enfance partagée.
Un soir étouffant de chaleur et d'angoisse, alors que le bourg d'Efumlu Nselek sombrait dans les embruns d'une pluie diluvienne, les deux frères se retrouvèrent assis côte à côte sur le seuil de leur humble demeure, les yeux rivés vers l'horizon sombre qui s'étirait devant eux.
Le silence planait sur les environs, comme si la nature elle-même retenait son souffle en attendant que les mots des frères ne viennent briser le voile de la nuit qui les enveloppait. Ce fut finalement Nydo qui prit la parole, d'une voix éraillée mais aimante:
- Mon frère... Je suis fier de toi et de ce que tu accomplis, tu sais. Mais je ne peux m'empêcher de penser à ces années où nous courions ensemble dans les rues d'Efumlu Nselek, insouciants et libres comme le vent. Comment en sommes-nous arrivés là, dis-moi ?
Pepa, dont le visage était illuminé par une mosaïque de larmes et de sourires, posa une main compatissante sur l'épaule robuste de son frère, cherchant dans les tourbillons de ses émotions les mots qui apaiseraient deux cœurs tourmentés par les vents du destin.
- Mon frère, commença-t-il avec une douceur infinie, nous ne sommes point maîtres de nos vies ni de nos chemins, mais nous avons la liberté de choisir le navire qui portera nos rêves et nos aspirations. Nous avons grandi, certes, mais je crois que la distance qui nous sépare désormais n'est qu'illusion, car notre amour fraternel est bien plus fort que les tempêtes qui nous bousculent.
Les larmes de Nydo coulaient maintenant à flots sur ses joues creusées par les épreuves du temps, tandis que les paroles rassurantes de son frère cadet l'emplissaient d'une émotion indicible. Ce fut alors que Pepa se risqua à aborder l'ultime secret qui les habitait depuis si longtemps:
- Mon frère, je sais que tu aurais aimé suivre la même voie que moi, celle de l'éducation et du savoir. Mais n'oublie jamais que notre Père du Ciel a donné à chacun d'entre nous des talents et des dons qui sont uniques, et c'est en les mettant en commun que nous renforcerons notre famille et bâtirons un avenir meilleur, ensemble.
Nydo leva les yeux, cherchant dans les étoiles un signe de l'au-delà qui saurait exprimer la gratitude et l'amour qui l'envahissaient à cet instant. Puis, il murmura, sa voix sombre adoucie par la sincérité de ses sentiments:
- Merci, mon frère. Merci d'être ce que tu es, et de ne jamais laisser les vicissitudes de la vie entacher l'éclat de notre amour fraternel. Je suis fier de toi, et je veux te le dire, car même si nos chemins doivent se séparer un jour, jamais je n'oublierai ce que nous avons partagé, ici, à Efumlu Nselek.
Et tandis que la pluie cessait enfin de tomber, laissant place à une nouvelle nuit étoilée, les deux frères scellaient, dans un étreinte éperdue, le pacte éternel qui serait désormais la force inébranlable qui les unirait à jamais.
La découverte de la vocation sacerdotale par Pepa Mongo
Le soleil timide de l'aube venait à peine de percer le voile de brume qui flottait sur Efumlu Nselek, lorsque Pepa Mongo se glissa hors de sa case, emmitouflé dans sa cape râpée et le cœur battant d'une anticipation fébrile. Il se dirigea d'un pas décidé vers la chapelle du village, où il savait que son père catéchiste préparerait déjà les prefiques pour la messe matinale.
Alors que les premiers chants d'oiseaux s'élevaient dans l'air frisquet et humide, et que les femmes du village s'affairaient déjà autour des marmites pour préparer les repas du jour, Pepa Mongo se faufilait entre les ombres, chaque pas égrenant les secondes qui le séparaient de cette rencontre qui allait marquer sa vie à tout jamais.
En arrivant devant la chapelle, le jeune homme marqua une hésitation, balayant du regard la façade éclairée par la lueur dorée d'une torche vacillante. Un souffle silencieux parcourut alors sa colonne vertébrale, le faisant frissonner jusqu'au tréfonds de son âme, comme une caresse divine qui venait bénir sa quête de vérité et de sacrifice.
D'un pas hésitant, il pénétra dans l'enceinte sacrée, où les murs de terre battue semblaient retenir le soupir d'une foi ancestrale et inébranlable. Là, dans la pénombre sacrée, son père Alphonse Nkongho était agenouillé devant l'autel, en une procession silencieuse, offrant à Dieu ses prières matinales et les espoirs que portait son cœur.
Pepa Mongo s'approcha lentement, attentif au moindre craquement qui aurait pu trahir sa présence et troubler les pensées de son père. Lorsqu'il fut tout près, il se laissa tomber à ses côtés, tout son être vibrant d'une émotion intense, mêlant respect, crainte et admiration pour cet homme qui avait tant donné pour sa foi, sa famille et son village.
Le froissement léger de la cape de Pepa Mongo parvint aux oreilles d'Alphonse Nkongho, qui ouvrit aussitôt les yeux et tourna la tête vers son fils, surpris par sa présence inattendue. Un instant, les deux hommes se scrutèrent mutuellement, leurs regards s'effleurant comme deux flammes qui s'embrasent dans la nuit.
- Mon fils, que fais-tu donc ici, à cette heure si matinale ? demanda enfin Alphonse Nkongho, sa voix douce et grave résonnant en un murmure qui emplissait la chapelle d'une sérénité surnaturelle. N'as-tu donc pas besoin de repos avant d'affronter le jour qui vient ?
Pepa Mongo baissa les yeux, heureux et troublé par cette question qui, bien qu'empreinte d'amour et de compassion, creusait encore plus profondément le malaise en lui. Ses lèvres tremblèrent un instant, puis s'ouvrirent pour laisser échapper son fardeau, tel un soupir qui brise le silence d'un cœur éperdu :
- Mon père, je suis venu car je ne peux plus taire ce qui me ronge depuis si longtemps. J'ai prié, cherché des réponses, écouté les murmures du vent et la symphonie des étoiles... Et je sais à présent que Dieu m'appelle à marcher sur les pas de notre Seigneur Jésus-Christ, pour devenir prêtre à son service.
Un silence pesant suivit ces mots, tandis qu'Alphonse Nkongho laissait lentement pénétrer en lui cette révélation étonnante et inattendue. Ses yeux se perdirent un instant dans le vide, comme s'il cherchait dans les replis du temps et des cieux l'écho lointain de cette vocation, déjà gravée dans le destin de son bien-aimé fils.
Finalement, la main d'Alphonse Nkongho se posa doucement sur l'épaule de Pepa Mongo, la pression chaleureuse de son amour pour lui suffisant à apaiser les tourments qui étreignaient le cœur du jeune homme. Et tandis que les lueurs de l'aube glissaient entre les fentes des volets, ces deux hommes, unis par les liens du sang et de la foi, prièrent ensemble, invoquant l'aide et la bénédiction du Très-Haut pour les guider sur le chemin sinueux de la vie et du sacrifice, vers l'éternité qui les attendait.
Un rayon de lumière vint alors traverser l'obscurité de la chapelle, caressant les joues larmoyantes de Pepa Mongo et illuminant la scène comme un présage de la grâce divine qui allait transfigurer leur vie à jamais.
Les défis et responsabilités de Nydo dans la famille
Le silence s'était abattu sur le village d'Efumlu Nselek, accentuant d'autant plus la noirceur de la nuit. Nydo Nkongho regagnait la case familiale d'un pas lent et lourd, sa conscience tourmentée lui faisant ressentir chaque impact de ses pieds sur le sol comme un coup de fouet dans ses entrailles. Il venait de chez Onana, l'oncle de sa mère, un vieil homme aux mains calleuses qui étaient le fruit d'innombrables heures de labeur dans les champs. Onana était celui qui l'avait, par défaut, formé à l'agriculture et à la vie de paysan depuis que la santé de papa Alphonse ne lui permettait plus de travailler la terre comme avant. Nydo avait appris vite mais sans enthousiasme, sachant que tôt ou tard les responsabilités de la famille seraient siennes.
En poussant la porte de la case, il trouva sa mère Thérèse assise sur le lit, son regard perdu dans le néant d'un passé révolu. Elle se tourna vers lui avec un sourire triste et, sans un mot, tendit une main invitante. Nydo s'avança et s'agenouilla devant elle, posant sa tête brûlante sur ses genoux. Thérèse caressa les cheveux crépus de son fils aîné avec une tendresse infinie, berçant les souvenirs et les chagrins qui l'animaient.
"Mon fils, je sais que la vie est dure et que les responsabilités que tu dois assumer sont lourdes à porter," murmura-t-elle d'une voix douce et enrouée. "Mais je t'en prie, n'abandonne pas. Nous avons besoin de toi pour que cette famille continue à avancer malgré les épreuves qui se dressent sur notre route."
Nydo ferma les yeux, tentant de retenir les larmes qui menaçaient de submerger son visage. Il savait que sa mère avait raison, mais comment trouver la force de continuer lorsqu'au fond de lui, une part rêvait encore de liberté et d'évasion, loin des contraintes et des sacrifices qu'ils devaient chaque jour endurer?
Dans un sursaut, il se remit debout et regarda sa mère avec une détermination nouvelle, mêlée d'une tristesse qui semblait être devenue une partie intégrante de lui.
"Je te le promets, maman," déclara-t-il avec tant de force et de courage que Thérèse sentit son cœur se serrer. "Jamais je n'abandonnerai ni toi, ni notre famille. Je ferai tout pour que les travaux des champs soient réussis, pour que papa Alphonse et Pepa Mongo soient fiers de moi et pour que nous puissions vivre en paix, même si cela signifie renoncer à mes propres rêves et désirs."
Le visage de Thérèse s'illumina d'un sourire reconnaissant et fier, ses yeux brillant d'une lueur que Nydo ne lui avait pas vue depuis bien longtemps. Elle tendit les bras et l'étreignit avec force, comme si elle voulait lui insuffler toute l'énergie et l'amour dont il aurait besoin pour affronter les défis qui l'attendaient. Et tandis que la nuit enveloppait le village d'Efumlu Nselek dans son manteau étoilé, Nydo se promit que, coûte que coûte, il serait le soutien et le pilier de sa famille, malgré les souffrances et les épreuves qui allaient marquer leur chemin.
Mais il ne pouvait s'empêcher de penser à son frère, Pepa Mongo, qui poursuivait ses études au Petit séminaire Jean XXIII et au Collège Bonneau, nourrissant un rêve de devenir prêtre salésien. Les questions et les doutes tourmentaient Nydo, le conduisant à remettre en question sa propre fonction et sa responsabilité dans cette famille si aimante et solidaire.
Les premiers pas de Pepa Mongo dans sa quête spirituelle
Il était encore loin, le jour où la lueur du soleil chasserait les ténèbres, ouvrant la porte à un monde dont les couleurs et les contours ne demandaient qu'à être révélés à ceux qui avaient la foi d'y croire. Debout sur le seuil de la chapelle, Pepa Mongo hésitait à pénétrer dans l'obscurité silencieuse qui y régnait, une appréhension inexplicable assaillant son cœur agité.
C'est le bruit d'un animal nocturne chassant dans le lointain qui le décida à franchir le pas. Il se glissa à l'intérieur, ses pieds nus épousant les aspérités du sol de terre battue et rendant un simple murmure, comme de crainte de troubler les songes de la Vierge Marie qui gardait l'autel de sa douce présence.
Dans la pénombre, l'odeur de l'encens et des cierges éteints flottait encore, mêlée à l'humidité qui imprégnait les murs de l'édifice, en un parfum aussi envoûtant que mystérieux. Pepa Mongo avança lentement, les yeux plissés pour percer les ténèbres, cherchant la présence du divin qui devait, à coup sûr, se tapir dans un recoin de cette demeure sacrée.
Le silence régnant dans la chapelle était troublant, comme si l'air même retenait son souffle, attendant avec une impatience fébrile que les prières du jeune homme touchent enfin les lèvres du Seigneur. Pepa Mongo sentit monter en lui une émotion indéfinissable qui compressait sa poitrine et faisait battre son cœur à un rythme effréné, comme si, en cet instant, Dieu avait décidé de lui insuffler une partie de Sa toute-puissance.
D'un pas hésitant, il se dirigea vers l'autel de bois sculpté où trônait la statue de la Vierge à l'Enfant, symbole d'amour, de protection et de bonté ultimes. Dans la pénombre, elle semblait briller d'une lumière intérieure, ses traits finement ciselés laissant apparaître une douceur et une compassion incommensurables.
Pepa Mongo s'agenouilla devant elle, laissant les larmes qui inondaient son visage couler sans entrave, emportant avec elles le poids écrasant des doutes et des peurs qui l'avaient conduit jusqu'ici. Tendrement, il posa la main sur le pied de la statue, comme s'il voulait établir un lien plus intime avec cette mère divine qui, depuis si longtemps, avait veillé sur lui et sa famille. Il sut, à cet instant, que sa vie était sur le point de changer, et qu'il avait une mission à accomplir pour honorer l'amour et la foi qu'elle leur avait inculqués.
- Ô Mère aimante, intercédez en ma faveur auprès de votre Fils, que je puisse cheminer sur la voie qu'Il a tracée pour moi, murmura-t-il d'une voix éraillée par l'émotion et la supplication. Je vous supplie de me donner la force d'affronter les défis qui m'attendent et de m'élever vers la sainteté que vous incarnez si parfaitement.
Il renifla et inspira profondément, s'efforçant de calmer le tumulte de son âme qui, malgré les larmes répandues sur le sol de la chapelle, continuait de se débattre en une tempête où se mêlaient espoir et désespoir, certitude et incertitude.
Dans le silence qui s'ensuivit, Pepa Mongo crut percevoir un souffle, aussi délicat qu'une caresse d'aile d'ange, qui venait envelopper son être tout entier, le réchauffant et l'apaisant comme une étreinte maternelle. Et tandis que les ténèbres reculaient devant les premières lueurs de l'aube, il sut, au plus profond de lui, que le chemin qui l'attendait serait celui qui mènerait à la vérité et à la rédemption, en se consacrant au service de Dieu et de ceux qui en avaient besoin.
À genoux sur le sol de la chapelle, les larmes séchées sur ses joues et l'espoir renaissant dans son cœur, Pepa Mongo fit le serment de vivre selon la volonté divine et d'embrasser la vocation sacerdotale qui s'offrait à lui, animé par la foi inaltérable et le dévouement qui forgent les saints et les héros de l'histoire humaine.
Les années d'études au Petit séminaire Jean XXIII et au Collège Bonneau
L'écho des rires et des échanges animés montait dans les airs, alors que les oiseaux nichés dans les arbres alentour offraient leur concert quotidien, emplissant l'atmosphère de cette harmonie si caractéristique des matinées ensoleillées à Ebolowa. Les étudiants du Petit séminaire Jean XXIII et du Collège Bonneau se pressaient à l'entrée de la cour de récréation, où les parfums alléchants des beignets frits et du pain chaud se mêlaient à l'arôme du café fraîchement moulu, dessinant un tableau vivant et coloré de l'Afrique dans toute sa splendeur et sa générosité.
Pepa Mongo était là, debout sous la tonnelle ombragée où il s'était réfugié pour échapper aux rayons brûlants du soleil, une assiette de beignets dans une main et un verre de café dans l'autre. Il observait la scène avec une fascination mêlée de nostalgie, conscient que les années passées en ces lieux avaient forgé en lui l'homme d'aujourd'hui, ainsi que le prêtre qu'il aspirait à devenir. Ses yeux glissaient d'une silhouette à l'autre, esquissant un sourire amusé en reconnaissant les traits de ses anciens camarades de classe, compagnons de joies et de peines dans cet univers clos où la foi, la raison et la camaraderie étaient les maîtresses de sagesse et d'éducation.
"Toujours perdu dans tes pensées, Pepa Mongo?" La voix espiègle et familière de Ful, son ami d'enfance et compagnon de route dans un parcours aussi sinueux qu'incertain, le sortit de sa rêverie. Il se tourna vers lui avec un sourire reconnaissant et tendit la main pour saisir celle de son ami dans une poignée fraternelle. Ils échangèrent un regard complice et se mirent à rire, comme si les années qui les séparaient de leur dernière rencontre s'étaient évaporées en un instant, laissant place à une amitié qui avait survécu aux épreuves du temps et des destinées divergentes.
"Tu te souviens de cette fois où nous avions décidé de sécher la demi-heure d'étude du soir pour aller voir nos amies du collège d'à côté?" se remémora Ful en riant. "Quelle débandade cela avait été, et comme nous avions été punis sévèrement!"
Pepa Mongo hocha la tête avec un sourire nostalgique. "Oui, je me souviens... Mais malgré les remontrances et les sanctions, ce sont des moments qui restent gravés dans nos mémoires. Les années passées ici ont été déterminantes pour notre évolution et notre avenir, tu ne crois pas?"
Ful acquiesça lentement, songeur. "C'est vrai... Nous avons affronté tant de défis académiques, spirituels et personnels ensemble. Et je suis profondément reconnaissant du soutien et de la confiance que tu m'as témoignés en ces jours. Mais dis-moi, Pepa Mongo... Au fond de toi, as-tu parfois douté de ta vocation, de ton désir de devenir prêtre?"
Le jeune homme baissa les yeux, laissant apparaître sur son visage les tourments et les interrogations qui l'avaient menacé tout au long de son parcours. "Oui, bien sûr... Il y a eu des moments de doute, de peur, surtout face aux tentations qui s'offraient à nous... Il m'est arrivé de me demander si cela en valait vraiment la peine... Mais, tu sais, Ful, à chaque fois que ces pensées venaient m'assaillir, je me souvenais de ces mots de notre regretté professeur d'éducation religieuse, le Père Jean-Baptiste Lomé : 'La vraie foi ne consiste pas à être sans doute, mais à combattre le doute, encore et encore. Car c'est dans le combat que la lumière révèle sa véritable nature, et que l'obscurité se rétracte en son sein.' Ces mots sont devenus pour moi un phare, un repère dans la tempête des incertitudes et des épreuves."
Pendant un instant, les deux amis se turent, contemplant le soleil qui s'inclinait lentement vers l'horizon, comme pour offrir un dernier hommage à cette terre qui les avait vu grandir et s'épanouir. Leurs mains se resserrèrent l'une contre l'autre, témoignant en silence de la force de l'amitié et de la confiance qui les unissait, malgré les années et les distances qui les séparaient.
Enfin, Pepa Mongo leva la tête et posa son regard pétillant de malice sur Ful. "Mais ce qui m'a donné la force de poursuivre, mon ami, ce sont les souvenirs de nos escapades, de nos fous rires partagés, de nos chagrins consolés sous les étoiles d'Ebolowa... Car sans eux, sans toi, je ne serais pas l'homme que je suis aujourd'hui. Et pour cela, je te suis infiniment reconnaissant."
Ful poussa un soupir teinté d'émotion, puis éclata de rire en attirant Pépa Mongo dans une étreinte amicale. "Allez, assez de nostalgie pour aujourd'hui! Allons retrouver nos amis des années passées et célébrons ensemble cette amitié qui a résisté à l'épreuve du temps et des épreuves !"
Et tandis que les ombres de la soirée s'étiraient sur le Petit séminaire Jean XXIII et le Collège Bonneau, Pépa Mongo et Ful, les bras entrelacés, se lancèrent dans un tourbillon de joies et de retrouvailles, portés par les vents du souvenir, de la gratitude et d'un amour incommensurable pour cette terre d'Afrique qui les avait vu naître, grandir et trouver leur destinée.
L'arrivée au Petit séminaire Jean XXIII et au Collège Bonneau: L'adaptation de Pepa Mongo à la vie étudiante et la découverte de nouvelles amitiés et défis.
Le soleil brillait de tous ses feux ce matin-là, inondant le chemin qui serpentait entre les hautes herbes et les arbres majestueux bordant le parcours menant à Ebolowa, ce lieu qui allait devenir le nouveau foyer de Pepa Mongo pour les années à venir. Les nuages blancs dans le ciel semblaient scintiller, tels des diamants dans une mer d'azur, tandis que les oiseaux chantaient leur mélodie quotidienne, créant une harmonie presque céleste. C'était un jour nouveau, une promesse d'un avenir où tout était possible, où les rêves pouvaient être réalisés et les défis surmontés.
Le Petit séminaire Jean XXIII et le Collège Bonneau s'élevaient devant lui, tels des sentinelles veillant sur les portes d'un univers inconnu et mystérieux. Pepa Mongo ressentit un frisson d'anticipation et d'appréhension parcourir son échine, alors qu'il franchissait enfin le seuil de ce monde qui l'attendait depuis si longtemps. Tandis qu'il levait les yeux vers la façade imposante du bâtiment principal, son regard fut attiré par une inscription gravée sur le mur:
« Que celui qui entre ici abandonne toute crainte et que son cœur se remplisse d'amour, de foi et d'espérance. »
Ce fut avec ces mots gravés en lettres d'or qu'il fit un pas en avant, laissant derrière lui son ancienne vie et s'avançant avec détermination dans le dédale des couloirs, où se pressaient déjà des dizaines de jeunes aspirants prêtres et étudiants, venus de tout le pays pour trouver leur propre lumière, leur propre vérité.
Les premiers jours au Petit séminaire et au Collège Bonneau furent un tourbillon d'émotions et de découvertes pour Pepa Mongo. Les visages, les voix, les rires et les pleurs se mêlaient en un kaléidoscope de sentiments, dessinant un paradis où vivaient et vibraient les âmes de centaines d'étudiants, tous animés par la même soif de savoir et d'épanouissement spirituel.
Pepa Mongo apprit vite à s'adapter à cette vie nouvelle, faite de prières et de méditation, de travail et d'étude, mais aussi d'amitiés et de partage, de complicité et de confidences. Il se lia avec certains de ses camarades de classe, tels que Ful, le jeune homme joyeux et taquin originaire de la région du Littoral, ou encore Anatole, le taciturne solitaire venu des montagnes de l'Ouest, partageant avec eux sa dévotion pour la foi catholique et son engagement envers le Seigneur.
- Alors, comment ça se passe pour toi, ici ? demanda Ful un jour, alors qu'ils étaient assis sur un banc du parc bordant la chapelle, les yeux perdus dans le lointain.
Pepa Mongo ne put s'empêcher de sourire, un sourire empreint de gratitude et de bonheur, qui illumina son visage et témoignait de la paix qui commençait à s'installer en lui.
- Ça va, je m'adapte, je découvre, répondit-il en se tournant vers son ami. Chaque jour est un défi, mais aussi une aubaine, une chance de grandir et de m'épanouir ici, parmi vous.
Ful hocha la tête avec un sourire entendu, puis osa une confidence :
- Tu sais, j'étais un peu perdu, avant de venir ici... Mais depuis que je t'ai rencontré, Pepa Mongo, j'ai trouvé un repère, une direction, quelque chose qui me pousse à me dépasser, à aller au-delà de mes limites et de mes peurs...
Pepa Mongo sentit un nœud se former dans sa gorge, touché par la sincérité et la vulnérabilité de son ami. Il se contenta de lui offrir un sourire compatissant et une tape amicale sur l'épaule, avant de se lever pour se diriger vers la chapelle, où il avait pris l'habitude de s'agenouiller et de prier en silence, cherchant refuge et force dans la présence sereine de la Vierge Marie.
Les défis ne manquaient pas, c'était certain. Les exigences académiques étaient élevées, et Pepa Mongo devait se démener pour maîtriser les matières qui lui étaient proposées, dans un effort constant pour demeurer au sommet de sa classe. La discipline et la rigueur de la vie au séminaire l'obligeaient à renoncer à certaines des libertés auxquelles il avait été habitué dans son village natal, apprenant jour après jour à lutter contre ses propres faiblesses et à se soumettre au joug de l'obéissance et du dépouillement. Mais à travers les épreuves et les sacrifices, il trouvait également la joie et l'épanouissement, car chaque victoire remportée, chaque pas accompli sur le chemin de la sainteté et du savoir, lui donnait l'impression de se rapprocher de cette vérité ultime qu'il avait tant désirée et recherchée depuis si longtemps.
Et, au fur et à mesure que les mois se muaient en années, que les saisons passaient, apportant avec elles leur lot de bonheurs et de chagrins, Pepa Mongo continua de marcher sur cette voie qu'il avait choisie, menant à la fois à la gloire et à la croix, à la lumière et à l'obscurité, à l'amour et au sacrifice. Mais une chose était certaine : il n'abandonnerait jamais, car il savait désormais que Dieu était à ses côtés, le guidant et le soutenant, tandis qu'il avançait avec courage et détermination dans le labyrinthe de la vie, vers cette vocation qui l'appelait et lui tendait les bras, l'invitant à devenir prêtre et serviteur de Dieu et des hommes.
Les défis académiques et spirituels: Les efforts de Pepa Mongo pour maintenir un excellent rendement scolaire et approfondir sa foi catholique.
Les rayons du soleil avaient depuis longtemps laissé place aux ombres qui s'étiraient maintenant à travers le campus du Collège Bonneau, nappant d'obscurité les allées et les bâtiments où se pressaient chaque jour des centaines d'élèves, épuisés et galvanisés par leurs incessantes recherches de savoir et d'épanouissement spirituel. Pepa Mongo était lui aussi plongé dans cette quête insatiable, jonglant entre les exigences de sa vie étudiante et celles de sa foi, tiraillé par les doutes et les aspirations qui agitaient en secret son cœur passionné et tourmenté.
Comme chaque soir, Pepa Mongo s'était retiré dans la chapelle, profitant de la quiétude de l'endroit et du réconfort qu'il trouvait dans la présence réelle et invisible du Saint-Sacrement. Là, au sein de cet écrin de pierre et de silence, il venait déposer ses peurs et ses incertitudes, se confiant avec un mélange d'humilité et d'abandon aux mystères de la foi, aux vérités éternelles qui étaient devenues pour lui autant de repères dans la tempête de l'adolescence et de l'apprentissage.
Ce soin apporté par Pepa Mongo à sa vie intérieure trouvait aussi un écho dans sa vie scolaire, où il se donnait sans compter pour demeurer toujours au sommet de la classe et continuer de mériter l'estime et la confiance de ses professeurs. Aussi, lorsqu'un jour il reçut les résultats de ses examens de mi-parcours et découvrit avec consternation que sa moyenne avait chuté de façon vertigineuse, un véritable coup de massue s'abattit sur lui, laissant derrière elle une marée de larmes et de remords.
"Que vais-je faire ?" sanglota Pepa Mongo, la voix éraillée par l'émotion et les heures passées à prier dans l'obscurité de la chapelle. "Comment pourrais-je affronter mes parents, mes amis, tous ceux qui ont placé en moi leurs espoirs et leurs prières ? Surtout, comment pourrai-je continuer à marcher sur la voie du Seigneur, si je ne suis pas capable de surmonter les épreuves de la vie et de l'éducation ?"
Pépa Mongo sentit une main se poser sur son épaule, aussi légère qu'une plume et pourtant empreinte d'une force et d'une chaleur qui lui redonnèrent instantanément courage et espérance. Levant les yeux, il découvrit avec un mélange de surprise et de gratitude le regard bienveillant de Ful, son ami et camarade de classe, qui était venu le rejoindre dans la pénombre de la chapelle.
"Ne t'inquiète pas, Pepa Mongo", murmura-t-il doucement, sa voix empruntant les accents rassurants et protecteurs quavaient autrefois ceux de ses parents, lorsqu'ils le berçaient dans leurs bras après une journée de labeur et de jeu. "Tu sais, comme moi, que ce ne sont pas les notes qui définissent un homme ni sa vocation. Ce qui compte, c'est ce que tu es en toi-même, ce que tu portes dans ton cœur et ce que tu es prêt à donner aux autres."
Pepa Mongo baissa la tête, honteux et étourdi par les paroles réconfortantes de son ami. "Mais comment puis-je prétendre être digne de la vocation sacerdotale si je ne suis pas capable de réussir dans mes études ?" demanda-t-il, la voix tremblante d'émotion et d'incertitude.
Ful esquissa un sourire, puis s'agenouilla aux côtés de Pepa Mongo, posant une main réconfortante sur son avant-bras. "Tu vois, mon ami, ce que je vais te dire est quelque chose que j'ai appris au cours des années que j'ai passées ici, au séminaire et au collège : ce n'est pas l'excellence académique qui fait de toi un bon prêtre ou un bon serviteur de Dieu. C'est l'amour, la compassion, la générosité, la dévotion et la confiance en notre Seigneur qui te définissent et façonnent ton parcours."
"Et comment pourrais-je cultiver ces qualités si je suis accablé par le fardeau de l'échec et du déshonneur ?" rétorqua Pepa Mongo, sa voix s'élevant dans un crescendo de désespoir et d'incrédulité.
Ful le regarda longuement dans les yeux, puis déclara avec une douce assurance : "En te battant, Pepa Mongo. En te battant pour donner le meilleur de toi-même et transformer chaque échec et chaque épreuve en une occasion de grandir et de servir Dieu et les autres. Car c'est dans le combat, et non dans la fuite, que tu trouveras la vérité et la liberté que tu cherches tant."
Et tandis que Pepa Mongo écoutait, les yeux humides et le cœur gonflé d'amour et de gratitude, il comprit enfin que la clé de sa réussite et de sa vocation se trouvait non pas dans les notes ou les diplômes, mais dans la force qui jaillissait de son âme et qui, telle une flamme ardente et inextinguible, éclairait le chemin tortueux qui menait à la vérité et à la sainteté.
Les obstacles et les tentations adolescentes: Les différentes tentations auxquelles est confronté Pepa Mongo et la manière dont il les surmonte en restant fidèle à ses convictions.
L'aube s'épanouissait au-dessus du village d'Efumlu Nselek, répandant ses teintes rosées et orangées sur les toits de chaume et les champs de manioc, où les oiseaux du matin gazouillaient avec une gaieté contagieuse. Dans la modestie de sa chambre du Collège Bonneau, Pepa Mongo ouvrit les yeux, s'éveillant à la nouvelle journée avec un sentiment de gratitude mêlé d'appréhension : gratitude pour les bénédictions que Dieu lui accordait chaque matin, apportant la lumière et la vie dans son existence, et ap-préhension face aux défis et aux tentations qu'il savait surgir à chaque pas sur le chemin escarpé et sinueux de l'adolescence.
Car si la vie au collège et au séminaire avait ses moments de joie et de réconfort, ces oasis de grâce où l'âme trouvait refuge et répit dans la prière et l'amitié, elle avait aussi ses écueils et ses abysses, ces gouffres ténébreux où se tapissaient les ombres du doute et du péché, tendant à l'improviste leurs mains griffues et avides pour arracher le jeune homme à la lumière et à la paix de sa vocation.
Parmi ces tentations, celle de la chair était sans nul doute la plus perni-cieuse et la plus persistante, car elle prenait ses racines dans les profondeurs mêmes de la nature humaine, dans ces instincts primaires et irrépressibles qui tenaillaient le cœur et les sens de chaque être vivant, l'incitant à se soumettre aux lois impérieuses de la reproduction et du désir. Et bien que sa foi et sa détermination fussent solides comme le roc, Pepa Mongo ne pouvait nier qu'il avait connu, plus d'une fois, la tentation de céder à ces pulsions charnelles, de succomber à l'attrait enivrant et dévorant de l'amour physique et passionné.
Mais il y avait un autre péril, peut-être plus subtil et sournois encore, qui guettait le jeune Pepa Mongo dans les dédales de la vie étudiante et chrétienne : celui de l'orgueil et de la vanité, qui s'insinuait peu à peu dans les moindres recoins de son esprit, flattant sa soif de succès et de reconnaissance, attisant les feux de sa convoitise et de son ambition. Car si sa piété et sa candeur étaient sincères et profondes, Pepa Mongo ne pouvait nier qu'il aspirait aussi, en secret, à briller et à se démarquer, à remporter les honneurs et les mérites qui devaient couronner l'acharnement de ses études et de sa dévotion.
Un jour, en effet, alors qu'il venait d'être désigné comme le meilleur élève de sa classe lors d'une cérémonie solennelle en présence des autorités scolaires et religieuses, Pepa Mongo avait surpris en son cœur un murmure flatteur et impérieux, lui murmurant que cette victoire était le fruit non pas de la grâce divine, mais de son propre génie et de ses talents, et qu'il avait le droit et même le devoir de s'en enorgueillir, de savourer pleinement les fruits de cette gloire chèrement acquise.
Alors, tandis qu'il se préparait à affronter les épreuves et les tentations d'un nouveau jour, Pepa Mongo se recueillit un instant, fermant les yeux et tendant les mains vers le ciel dans un geste de supplique et d'abandon. "Seigneur," murmura-t-il, la voix tremblante d'émotion et d'humilité, "je sais que je suis faible et pécheur, que je suis exposé à chaque instant aux attaques du démon et de la chair. Mais je sais aussi que Tu es avec moi, que Ton amour et Ta grâce me soutiennent et me protègent, me donnant la force et le courage de résister aux tentations et de demeurer fidèle à la vocation que Tu m'as choisie. Je Te confie donc mes espoirs et mes craintes, mes épreuves et mes victoires; et je Te prie de me guider et de me fortifier sur le chemin de la sainteté et de l'amour. Ainsi soit-il."
Dans le silence qui s'ensuivit, où les bruits du collège et du village semblaient avoir été suspendus, comme pour permettre à cette prière fervente de s'élever jusqu'au trône du Tout-Puissant, Pepa Mongo sentit une chaleur intense et bienfaisante envahir son corps et son âme, chassant les ombres et les doutes qui les habitaient et les enveloppant d'un voile de lumière et de paix. Et il sut alors, avec une certitude inébranlable et un espoir renouvelé, que quelles que soient les embûches et les épreuves qui se dressent sur son chemin, il trouverait toujours, en Dieu et en sa foi inébranlable, la force et le refuge nécessaires pour affronter les tentations et les obstacles qui jalonnent la vie d'un adolescent africain en quête de vérité et de sainteté.
La reconnaissance des Sœurs Canadiennes et le soutien des bienfaiteurs: L'impact des encouragements et de l'aide financière reçus par Pepa Mongo sur son parcours.
Le soleil se couchait sur le collège Bonneau tandis que les oiseaux célébraient la fin d'un jour d'études avec leurs chants joyeux et mélodieux. Dans sa chambre austère mais confortable, Pepa Mongo était plongé dans ses livres, ses cahiers et ses notes, ses doigts parcourant les pages tandis que son esprit jonglait entre l'arithmétique, la grammaire et la théologie. La veille, il avait reçu ses résultats du trimestre et, malgré son excellent rendement scolaire, il ne pouvait s'empêcher de se sentir étreint par un tourbillon de doutes, de pressions et de craintes intérieures.
C'est dans cet état d'esprit sombre et tourmenté qu'il fut surpris par un coup à la porte, suivi de l'entrée discrète d'une des sœurs enseignantes, Sœur Marie-Clémence. Elle affichait une mine douce et rayonnante, contrastant avec la gravité qui pesait sur les traits de Pepa Mongo.
"Bonsoir, mon cher Pepa Mongo", dit-elle avec une voix empreinte d'une tendresse maternelle et enveloppante. "Je voulais vous féliciter pour vos excellents résultats et vous exprimer toute notre admiration pour votre dévouement et votre persévérance. Vous êtes vraiment un exemple pour vos camarades et pour nous, qui avons le privilège de vous accompagner dans votre quête du savoir et de la vérité."
Pepa Mongo, interloqué, leva les yeux de son livre et essaya de sourire. "Merci, Sœur Marie-Clémence, dit-il en essayant, sans succès, de chasser les ombres de son front. Mais, vous savez, il est parfois si difficile de trouver la force et la motivation nécessaire pour avancer sur cette voie ardue et semée d'embûches. J'ai souvent l'impression d'être seul face à mes doutes, mes angoisses et mon esprit qui vacille sous le poids du savoir et de l'incompréhension."
Sœur Marie-Clémence, touchée par la détresse du jeune homme, s'assit à ses côtés et prit ses mains dans les siennes. "Mon cher Pepa, il ne vous appartient pas de porter seuls le poids du monde sur vos épaules. Dieu vous a accordé des dons et des talents pour que vous puissiez les mettre au service des autres, et non pour que vous vous enlisiez dans les affres du doute et de l'épuisement."
Dans son regard, maintenant humide, Pepa Mongo vit se refléter un amour qui ne ressemblait à rien qu'il eût vu auparavant. Il s'agissait de l'amour d'une mère qui se sacrifierait sans hésiter pour ses enfants, mais aussi de celle d'une femme de Dieu qui aspirait à offrir chacun des sacrifices qui lui étaient demandés. Il se demanda, sans vraiment oser y croire, si c'était à cet amour-là que ses parents se référaient lorsqu'ils répétaient à qui voulait les écouter qu'ils étaient fiers de lui.
Tandis que Sœur Marie-Clémence se levait pour partir, elle se retourna soudain et dit, avec une voix empreinte de gravité et d'émotion : "Pepa Mongo, je dois vous dire encore une chose... Alors que nous parlions de vous et de votre situation parmi nous, les sœurs Canadiennes et moi, nous avons décidé de vous apporter notre soutien de manière plus concrète. Nous avons contacté une famille de bienfaiteurs au Canada qui serait prête à financer vos études jusqu'à la fin du secondaire."
Pepa Mongo resta abasourdi, incapable de prononcer la moindre parole, tandis que son cœur bondissait dans sa poitrine et que son esprit embrumé émergeait soudain de la brume des incertitudes. Un chemin s'ouvrait devant lui, un chemin qu'il devait emprunter avec courage et détermination pour honorer l'amour et la confiance de ceux qui l'avaient soutenu jusqu'alors.
"Ne gaspillez pas cette chance, Pepa Mongo", murmura Sœur Marie-Clémence en se retirant de la pièce, laissant le jeune homme seul face à ses pensées et à cette nouvelle bénédiction. Et tandis qu'il se relevait, un élan de gratitude et d'énergie le portant vers les cieux, il sut, avec une certitude inébranlable, que la Providence divine avait décidé de lui tendre la main pour l'aider à surmonter les obstacles et les tentations qui jalonnaient son chemin.
L'évolution de la vocation de Pepa Mongo: Comment la vie quotidienne au séminaire et au collège influe sur la compréhension et le désir de Pepa Mongo de devenir prêtre chez les Salésiens.
La vie quotidienne au séminaire et au collège, bien que souvent remplie de joie et d'accomplissement pour Pepa Mongo, était parsemée d'épreuves et de déceptions qui l'ont peu à peu éloigné de la voie de la vocation sacerdotale. Semaine après semaine, il devenait de plus en plus conscient du fossé béant qui le séparait de ses camarades et de l'image idéalisée qu'il avait de lui-même en tant que futur prêtre. Les doutes et les incertitudes qui s'accumulaient dans son esprit, tels des nuages menaçants annonçant une tempête imminente, l'empêchaient de savourer pleinement les succès et les grâces qui jalonnaient son parcours.
C'est dans ce contexte tumultueux et incertain que Pepa Mongo renoua avec un vieil ami de son village d'enfance, Basile, qui avait lui aussi choisi le chemin de la foi et de la vocation. Lors d'une courte visite de Basile au séminaire, les deux amis se retrouvèrent dans la chapelle, lieu propice aux confidences et au partage de leurs inquiétudes les plus profondes.
"Mon cher Basile", commença Pepa Mongo, la voix tremblante d'émotion, "je dois t'avouer que je suis perdu et troublé dans mon âme. Malgré tous mes efforts et mes prières, je ne parviens pas à trouver la paix et la certitude dont j'ai besoin pour avancer sur le chemin de la vocation."
Basile l'écouta avec attention, son regard empreint d'affection et de sollicitude. "Mon frère", lui répondit-il en posant la main sur son épaule, "tu n'es pas seul à éprouver des doutes et des craintes sur la voie de la sainteté et de la mission. Cela fait partie de notre condition humaine, pécheuse et fragile, et il est normal que nous soyons assaillis par ces questions qui nous ramènent à notre essence. Mais il ne faut pas se laisser consumer par ces tourments, ni se détourner de la grâce qui nous est offerte."
Au fil de leurs échanges, Pepa Mongo comprit peu à peu que les épreuves et les difficultés qu'il rencontrait n'étaient pas une fatalité, une condamnation sans appel à l'échec et à la perdition, mais plutôt des enseignements précieux et des occasions de grandir et de se rapprocher de Dieu et de la vérité. Les paroles de Basile, simples et sincères, avaient en quelque sorte percé les ténèbres de son désarroi et laissé entrevoir une lumière salvatrice et réconfortante.
Fort de cette prise de conscience et de cette amitié renouvelée, Pepa Mongo se lança avec une ardeur et une détermination renouvelées dans l'étude des textes sacrés et des enseignements de la foi catholique, cherchant dans la parole de Dieu et dans la sagesse des saints et des docteurs de l'Église les réponses et les éclaircissements qui lui manquaient pour avancer sereinement sur la voie de la vocation. Mais plus encore que le savoir et les compétences qu'il acquérait au fil des années, c'était la bienveillance, l'écoute et l'accompagnement de ses formateurs et des autres séminaristes qui lui ouvrirent les portes d'une compréhension et d'une adhésion nouvelles à l'amour incommensurable de Dieu et à son projet de salut.
Ce fut comme un éveil soudain et inattendu, une métamorphose intérieure qui bouleversa les repères et les certitudes de Pepa Mongo. Les doutes et les incertitudes qui l'avaient assailli et ébranlé jusqu'à présent cédaient peu à peu la place à une conviction profonde et inébranlable que Dieu l'appelait, dans sa miséricorde et sa sagesse, à devenir prêtre et à se consacrer corps et âme à son service et à celui de son prochain. Les obstacles et les difficultés qui jalonnaient sa route lui apparaissaient à présent comme autant de défis à surmonter et de leçons à apprendre, autant d'occasions de puiser dans les ressources inépuisables de la grâce divine et de l'amour fraternel.
Ainsi, soutenu par cette conviction nouvelle et cet élan de foi, Pepa Mongo poursuivit avec ardeur et persévérance son cheminement spirituel dans le séminaire et au collège, conscient à présent qu'il n'était ni seul ni abandonné dans les épreuves et les détours de la vie, mais accompagné, guidé et soutenu par la providence et l'amour d'un Dieu qui ne cesse de se révéler à travers les visages et les gestes de ses frères et sœurs en humanité. Et c'est dans cette confiance et dans cet amour qu'il trouva enfin la paix et la force nécessaire pour affronter les challenges et les épreuves qui se dressaient sur la route de son devenir prêtre chez les Salésiens de Don Bosco.
Les tentations et les défis d'un adolescent africain
C'est sous le couvert de cette nuit étoilée, qui enveloppait d'une aura de mystère et d'infini le petit village d'Efumlu Nselek, que Pepa Mongo monta sur le toit de sa case et laissa libre cours à ses pensées. Les étoiles, ces points lumineux qui scintillaient dans l'immensité du ciel africain, semblaient lui parler d'espérance et de destinée, mais aussi lui rappeler les nombreux défis et tentations auxquels il était confronté en tant qu'adolescent tiraillé entre les exigences de son éducation catholique et celles de la vie moderne et mondialisée.
Pepa Mongo portait en lui la responsabilité et le fardeau de ses ambitions, dans un monde où la survie et la réussite étaient trop souvent conditionnées par des contingences matérielles et sociales. Autour de lui, nombre de ses camarades et amis succombaient aux sirènes de la facilité et de la décadence, s'abandonnant à des comportements répréhensibles et destructeurs. Lui-même avait été tenté, à maintes reprises, de suivre ces chemins tortueux qui le détourneraient de son but ultime : la prêtrise.
Les amours adolescentes, ces passions fugitives et enivrantes, étaient autant de pièges qui l'attiraient et le menaçaient. Ces jeunes filles aux formes généreuses et aux regards envoûtants qui le harcelaient de leurs avances, leurs sourires et leurs caresses, voulaient le dévier de sa voie, le plongeant dans un abîme de culpabilité et de remords. La découverte de la sexualité, cette force brute et irrésistible qui émergait en lui comme un volcan en éruption, était une épreuve redoutable pour Pepa Mongo, qui mettait sans cesse sa foi et sa vertu à rude épreuve.
Les problèmes sociaux et les tensions entre les villages voisins d'Efumlu Nselek constituaient également un défi majeur pour Pepa Mongo et les autres adolescents de la région. La pauvreté, la violence et les inégalités les frappaient de plein fouet, les forçant à se révolter contre l'injustice et à prendre parti dans les conflits qui opposaient les clans, les familles et les chefs de village. Les "sables mouvants" qui menaçaient de les engloutir avaient des visages bien concrets et familiers : celui de l'amour propre et des préjugés, de la soif de pouvoir et de vengeance, de l'ignorance et de la superstition.
Les défis académiques, enfin, pesaient lourdement sur les épaules de Pepa Mongo, dont l'avenir et celui de sa famille dépendaient aujourd'hui de sa réussite au collège et au séminaire. Cette course effrénée au savoir et à la performance, cette quête insatiable de diplômes et de reconnaissance, était une épreuve d'autant plus redoutable que Pepa Mongo avait la certitude qu'il était redevable vis-à-vis de ses bienfaiteurs et de ses parents pour leur amour, leur sacrifice et leur générosité.
Le regard perdu dans l'infini du ciel étoilé, Pepa Mongo se demanda combien de temps encore il pourrait résister à ces tentations et surmonter ces défis sans fléchir, sans faillir à son engagement et à sa promesse d'honorer et de servir Dieu et ses frères en humanité. Les larmes qui coulaient sur ses joues, creusant des sillons de chagrin et d'amertume sur son visage d'enfant, étaient autant de signes de sa détresse et de son combat acharné pour ne pas être englouti par les tourments et les ténèbres qui l'entouraient.
Au loin, au-delà des collines et des vallées qui constituaient son univers familier et rassurant, Pepa Mongo percevait les lueurs et les échos d'un monde nouveau, une promesse d'avenir et de bonheur qui l'appelaient et lui tendaient les bras. Mais pour atteindre ce paradis terrestre, où la grâce divine et l'amour fraternel triompheraient des misères et des illusions, il devait d'abord se frayer un chemin à travers les embûches et les équivoques qui jalonnaient sa route.
C'est armé de cette conviction et de cette espérance que Pepa Mongo redescendit de son perchoir nocturne et affronta, le lendemain, les défis qui l'attendaient au collège et au séminaire. La prière et la méditation, l'étude et la communion avec ses frères, l'écoute et le partage des souffrances et des joies qui rythmaient la vie quotidienne, étaient autant de soutiens et de garde-fous pour l'aider à surmonter les tentations et les épreuves qui se dressaient sur son chemin, telles des ombres menaçantes et dévoratrices.
La pression des pairs et l'influence des autres adolescents
Au cœur des défis et des tentations auxquels Pepa Mongo devait faire face, la pression des pairs et l'influence des autres adolescents jouaient un rôle prépondérant. Au collège Bonneau, au milieu de ses camarades venus de toutes les régions du pays, chacun avec sa propre histoire, ses rêves, ses aspirations, et aussi avec ses vices, il était souvent difficile pour Pepa Mongo de se maintenir sur la bonne voie et de résister aux sirènes de la décadence et de la perdition qui rôdaient constamment autour de lui.
Il arrivait souvent que les conversations lors des pauses entre les cours et les repas prennent des tournures que le jeune garçon trouvait malsaines et déroutantes. Les blagues, les anecdotes, les confidences, était pour la plupart teintées de références à des activités, des plaisirs et des exploits répréhensibles et condamnables.
Un jour, alors que Pepa Mongo discutait avec quelques-uns de ses camarades de classe, l'un d'entre eux, Dikome, se mit à raconter en détail la soirée qu'il avait passée la veille avec une jeune fille du village voisin. Ses descriptions crues et explicites, ses exclamations et ses rires gras et provocateurs mettaient Pepa Mongo mal à l'aise, tout en éveillant en lui une curiosité malsaine, une sorte d'attraction répulsive qui faisait vaciller ses résolutions et ses principes.
- Alors Dikome, tu l'as vraiment fait avec elle ? demanda un autre garçon, les yeux brillants d'envie et d'admiration.
- Bien sûr, man, et je te jure qu'elle était douce comme du miel et chaude comme un four. J'aurais pu passer toute la nuit avec elle si je n'avais pas eu peur de me faire prendre. C'était vraiment le paradis sur terre, une expérience que je te souhaite à toi et à tous nos potes.
Pepa Mongo se sentit pris au piège de la conversation, tiraillé entre la colère et la révolte face à la vanité et l'obscénité de Dikome, et la fascination trouble, voire vicieuse, qui le poussait à vouloir en savoir plus, à vouloir partager, ne serait-ce qu'un instant, les frissons et les sensations interdites dont son ami se vantait.
C'est alors qu'Ambroise, un autre camarade, posa une question qui fit l'effet d'une décharge électrique sur le cœur et l'âme de Pepa Mongo :
- Et toi, Petit Papa, est-ce que tu as déjà couché avec une fille ? Est-ce que tu sais ce que ça fait de goûter à la chair et au désir, ou est-ce que tu es encore un petit saint qui se réfugie derrière les jupes de la Vierge Marie ?
Les regards moqueurs et inquisiteurs de ses camarades le transpercèrent et le clouèrent sur place, le laissant sans voix et sans défense face à cette question indiscrète et provocatrice. Un silence pesant, lourd de sous-entendus et de jugements, s'imposa alors dans le groupe d'amis, chacun attendant avec impatience et fébrilité la réaction du jeune garçon.
Pepa Mongo baissa la tête et se passa la main sur le front, comme pour chasser les mauvaises pensées qui l'assaillaient et se donner le courage d'affronter le défi qui se dressait devant lui. Les mots qui lui venait à l'esprit étaient mêlés de colère et d'indignation, de peur et de détermination, mais il savait qu'il ne pouvait se dérober et laisser cet affront impuni, au risque de ternir à jamais son honneur et sa réputation.
- Non, je n'ai jamais couché avec une fille, et je ne compte pas le faire avant d'être marié, ou d'être certain que c'est la volonté de Dieu. Ce n'est pas une question de sainteté ou de lâcheté, mais de respect et de responsabilité envers moi-même et envers les autres.
Les ricanements et les quolibets fusèrent aussitôt, tel un essaim de guêpes venimeuses qui cherchaient à piquer et à blesser le jeune garçon, mais celui-ci, le visage fermé et le regard déterminé, ne se laissa pas abattre et désarçonner.
- Tu as le droit de penser ce que tu veux et de vivre comme bon te semble, continua-t-il, mais je te demande de respecter mon choix et de ne pas te moquer de mes convictions. Je ne dis pas ça pour te juger ou te condamner, mais pour défendre ma liberté de conscience et ma dignité.
Le silence retomba sur la tablée, comme un voile de pudeur et de réflexion qui enveloppait et tempérait les esprits échauffés et les passions débridées. Pepa Mongo avait relevé le défi, il avait tenu bon face à la pression et s'était affirmé, non sans hésitation et souffrance, mais avec une sincérité et une authenticité qui forçaient le respect et l'estime. Il ne savait pas encore quels seraient les conséquences et les retombées de cet acte de bravoure et de fidélité à lui-même, mais il était convaincu d'avoir fait, ici et maintenant, ce qu'il fallait pour préserver son intégrité et son avenir.
Les tentations amoureuses et la découverte de la sexualité
C'était à cette période de l'année où le vent soufflait doucement et que les nuages s'amoncelaient lentement à l'horizon. Le ciel, d'un bleu profond et serein, se couvrait peu à peu de prémisses d'orages qui menaçaient d'éclater à tout moment. Dans la moiteur de l'air et la chaleur étouffante de l'été, les cœurs et les corps échauffés étaient eux aussi à l'image de cette nature vibrante et bourdonnante de vie.
Pepa Mongo avait toujours été entouré de femmes, à commencer par sa mère, Thérèse, dont la présence rassurante et protectrice l'avait accompagné dans son enfance, tant dans la contemplation des mystères de la foi catholique que dans la découverte des joies et des épreuves de la vie quotidienne. Les amies de sa mère, les voisines, les cousines, les filles du village, elles étaient toutes autant d'étoiles brillantes et inaccessibles qui peuplaient son univers et son imaginaire, sans jamais se laisser approcher ni toucher.
Mais depuis son entrée au collège Bonneau, Pepa Mongo avait dû faire face à une autre réalité, bien plus troublante et ambivalente, celle de la mixité et de la promiscuité, dans les classes, les ateliers, les cantines et les dortoirs. Les jeunes filles, avec leurs sourires enjôleurs, leurs rires cristallins, leurs gestes gracieux et leurs parures colorées, semblaient tour à tour l'attirer et le repousser, le fasciner et l'effrayer, le séduire et le repousser.
Parmi elles, c'était Léontine qui faisait naître en lui les émotions les plus contradictoires et les pulsions les plus inavouables. Léontine était une jeune fille de sa classe, une camarade d'études et de jeux, dont il avait fait la connaissance dès son arrivée au collège. Ses yeux pétillants de malice et d'intelligence, ses lèvres gourmandes et sensuelles, sa peau d'ébène lisse et veloutée, exerçaient sur lui une attirance irrépressible, une sorte de magnétisme animal et spirituel qui le déstabilisait et le bouleversait.
Pepa Mongo était encore trop jeune et inexpérimenté pour comprendre et analyser les étranges métamorphoses qui s'opéraient en lui, mais il ressentait au plus profond de son être, dans ses entrailles et ses songes, les effluves sulfureux et enivrants de la tentation, la flamme insidieuse et dévorante du désir. Il était déchiré entre son aspiration à la pureté et la sainteté, qu'il croyait nécessaire et incontournable pour accéder à la grâce divine et à la communion fraternelle, et cette soif inextinguible de plaisir et de bonheur qui menaçait de l'engloutir et de l'entraîner dans les abîmes du péché et de la perdition.
C'est dans l'un de ces instants de faiblesse et de trouble que Pepa Mongo se retrouva un jour, à l'insu de tous, en tête-à-tête avec Léontine, dans un recoin sombre et isolé du collège. Ils étaient là, à se regarder dans les yeux, sans dire un mot, sans oser un geste, comme deux moineaux effarouchés et hésitants qui se jaugent et se guettent, prêts à s'envoler vers les confins du ciel ou à se réfugier dans le nid douillet de l'amour et de la tendresse.
Léontine fit alors un pas vers Pepa Mongo, puis un second, jusqu'à se retrouver à seulement quelques centimètres de son visage, de ses lèvres, de son souffle. Le jeune garçon, tétanisé et ébloui par cette proximité envoûtante et déconcertante, ne put s'empêcher de trembler et de rougir, comme si toutes les fibres de son corps et de son âme étaient parcourues par les courants électriques et les vibrations d'une guitare amoureuse.
- Pepa Mongo, dit Léontine d'une voix douce et suave qui fit frissonner le jeune homme jusque dans ses os, je te sens troublé et perdu. Que se passe-t-il en toi, que ressens-tu ? Ne peux-tu pas me parler, me confier tes secrets, tes peurs, tes espoirs ?
Pepa Mongo balbutia alors quelques mots inaudibles et confus, tout en détournant les yeux et en essuyant la sueur qui perlait sur son front.
- Léontine, tu es une... tu es très... je ne sais pas comment te dire...
Léontine, avec un sourire indulgent et compatissant, posa alors sa main sur celle de Pepa Mongo, comme pour le rassurer et l'apaiser, et murmura à son oreille :
- Tout est normal, tu sais. Nous sommes tous des êtres de chair et de sang, faits pour aimer et être aimés, pour partager et s'unir, pour grandir et apprendre ensemble. Il ne faut pas avoir peur de ses émotions et de ses désirs, mais les écouter et les respecter, les explorer et les canaliser, avec humilité et délicatesse.
Ces paroles, empreintes de sagesse et de compassion, eurent l'effet d'un baume réconfortant et apaisant sur le cœur de Pepa Mongo, qui sentit alors ses peurs et ses angoisses s'envoler doucement, comme les nuages chassés par un vent léger et purificateur. Il regarda à nouveau Léontine dans les yeux, avec un sourire timide et reconnaissant, et lui dit, d'une voix ferme et sincère :
- Merci, Léontine, merci pour ta compréhension et ton soutien. Je sais que je dois encore apprendre et grandir, faire face à mes contradictions et à mes tentations, mais je suis prêt à accepter ce défi et à le relever, avec l'aide de Dieu et des personnes qui m'entourent.
Léontine acquiesça en silence, puis se pencha légèrement vers Pepa Mongo pour lui déposer un baiser chaste et tendre sur la joue, avant de s'éloigner en emportant avec elle le secret de leur intimité et de leur connivence, un souffle de vent et de sable qui s'évanouissait dans les méandres et les recoins du collège Bonneau.
La confrontation aux problèmes sociaux du village et aux tensions avec les villages voisins
La vie à Efumlu Nselek était paisible et rythmée par les travaux quotidiens, les fêtes religieuses et les veillées nocturnes autour du feu, où les anciens racontaient les mythes et les légendes qui façonnaient l'identité et la culture du village. Cependant, derrière ce tableau idyllique se cachait une réalité plus complexe et moins harmonieuse, celle de la lutte pour les ressources naturelles et l'affirmation de la supériorité des clans et des familles. Le village voisin, Mpapou, était en effet en conflit latent avec Efumlu Nselek depuis des générations, alternant entre des périodes de calme apparent et des éruptions de violence et de représailles.
Ce jour-là, après avoir repassé avec les autres élèves leur leçon de catéchisme près de l'église et récité leurs prières du soir, Pepa Mongo était rentré chez lui avec sa mère Thérèse, emportant dans sa besace les manuels d'enseignement et les instruments de musique pour la chorale du dimanche. Alphonse, son père, était alors occupé à terminer la réparation d'une chaise brisée, tout en surveillant d'un œil vigilant la marmite de riz et de légumes qui mijotait sur le feu. Nydo, le frère aîné de Pepa Mongo, était quant à lui absent, ayant préféré aller à la pêche avec ses amis, espérant ainsi ramener quelques poissons pour enrichir le repas familial et satisfaire leur appétit vorace.
C'est alors qu'à la lueur vacillante et chaleureuse des torches et des bougies qui éclairaient les murs de leur modeste demeure, une ombre sombre et menaçante fit irruption, brisant la quiétude et la sécurité de cet instant familial et paisible.
- Pepa Mongo ! hurla l'ombre d'une voix gutturale et effrayante, saches que tu seras responsable de la guerre et du sang qui va couler entre nos deux villages ! Car tu as osé séduire et ensorceler la fille du chef de Mpapou, la belle Ojua, l'étoile brillante et convoitée qui éclaire et guide ses pas et ses rêves !
Pepa Mongo, terrifié et bouleversé par cette soudaine intrusion et cette accusation mensongère et délirante, recula instinctivement, cherchant refuge dans les bras de sa mère Thérèse. Alphonse, lui, se leva avec lenteur et posa délicatement la chaise qu'il était en train de réparer sur le sol, puis repris, d'une voix ferme et déterminée :
- Qui es-tu, étranger, pour oser pénétrer chez nous et perturber notre foyer ? Et pour quelles raisons tu accuses notre fils d'un crime qu'il n'a pas commis et que nous n'avons pas enseigné ? Nous sommes des gens de paix et d'amour, et nous nous efforçons chaque jour de suivre les commandements de Dieu et les lois du village, dans le respect et l'entraide mutuelle.
L'ombre s'approcha alors de la lumière et dévoila peu à peu ses traits et son identité : il s'agissait d'un guerrier du village de Mpapou, connu pour sa férocité et sa brutalité au combat, ainsi que pour sa jalousie envers les habitants d'Efumlu Nselek. Le guerrier, sans se démonter, cracha avec mépris :
- Je suis envoyé par mon chef et par les esprits de nos ancêtres pour venger l'honneur de notre village, sali par la passion impure et dévorante de votre fils ! Il a osé braver les interdits et les tabous, et il doit maintenant payer le prix de son audace et de son effronterie !
Alphonse, saisissant d'une main ferme un bâton de bois qui soutenait le toit de leur maison, répondit alors, d'une voix plus grave et solennelle encore :
- Quoiqu'il vous ait dit, quoiqu'il ait pu faire, je sais, et Dieu sait aussi, que Pepa Mongo est innocent de ces accusations et qu'il n'a jamais souillé ni outragé qui que ce soit en Efumlu Nselek ou en dehors. Laissez-nous en paix !
Le guerrier n'insista pas, mais marmonna une dernière menace à l'encontre de Pepa Mongo et sa famille, avant de quitter les lieux aussi rapidement et discrètement qu'il y était entré, laissant derrière lui un silence étourdissant et un malaise oppressant. Thérèse se blottit contre son mari et son fils, dans une étreinte protectrice et rassurante. Et ils prièrent ensemble pour la paix et l'unité de leurs villages, conscients que leur destin et leur bonheur étaient intimement liés à ceux de leur peuple et de leur terre natale.
Affronter les défis académiques et garder le cap sur la vocation sacerdotale
Pepa Mongo était assis sous un arbre solitaire, près du collège Bonneau, laissant son esprit vagabonder en contemplant les rayons du soleil qui perçaient à travers les branches touffues, tissant un réseau doré et scintillant de lumière et d'ombres dansantes. Il sentait le poids des défis académiques et spirituels qui l'attendaient, devenant de plus en plus lourds et oppressants à mesure que les examens et les évaluations approchaient. Il avait tellement peur de décevoir ses parents, ses professeurs et ses mentors, de ne pas être à la hauteur de leurs attentes et de leur confiance.
- Pepa Mongo, dit une voix douce et familière derrière lui, faisant sursauter le jeune garçon dans sa méditation solitaire. Père Leconte, prêtre et professeur du collège Bonneau, saisissant le trouble et l'angoisse qui tiraillaient l'esprit de l'adolescent, s'approcha lentement, son visage grave et compatissant noyé dans les ombres vacillantes et les reflets dorés du crépuscule.
- Je te sens préoccupé et inquiet, Pepa Mongo. Est-ce que tu veux parler de ce qui te tracasse, partager tes doutes et tes craintes avec moi ? Je suis là pour t'aider et t'accompagner dans ton cheminement académique et spirituel, pour t'aider à affronter les tempêtes et les épreuves qui se dressent sur ton chemin.
Ces paroles, empreintes de bienveillance et de sincérité, touchèrent profondément le cœur de Pepa Mongo, qui se sentit soudain envahi d'une gratitude et d'une confiance ineffables envers cet homme qui représentait pour lui un repère et un guide dans sa quête de savoir et de sainteté. Il se tourna vers Père Leconte, les larmes aux yeux et la voix tremblante d'émotion, et murmura avec une sincérité poignante :
- Père, je suis tellement perdu et désemparé. Je croule sous le fardeau des examens et des attentes de ma famille et de mes professeurs. Ma vie semble être un long et interminable chemin de croix, jalonné de chutes et d'échecs, de souffrances et de renoncements. Comment puis-je continuer à avancer, à garder espoir et foi en l'avenir, en Dieu, et en moi-même ?
Père Leconte, touché et ému par la détresse et la sincérité de Pepa Mongo, prit une profonde inspiration, comme pour convoquer en lui l'Esprit de sagesse et de discernement qui l'habiterait et le guiderait dans sa réponse. Puis, posant la main sur l'épaule du jeune garçon, il lui révéla le secret des vrais combattants et des vrais saints, les mots et les clés qui ouvrent les portes et les cœurs de la gloire et du bonheur éternels :
- Mon cher Pepa Mongo, la vie est en effet un combat, une lutte acharnée et incessante entre la lumière et les ténèbres, le bien et le mal, l'amour et la haine. Mais souviens-toi toujours de cette vérité, que tu portes en toi-même, gravée dans ton âme et tes veines comme un sceau indélébile et sacré : tu n'es pas seul, tu ne seras jamais seul, car Dieu est avec toi, en toi, autour de toi, à chaque instant et à chaque souffle de ton existence. Il te soutient et te guide, t'encourage et te console, te relève et te transforme, te fortifie et te purifie, te faisant grandir et mûrir dans sa grâce et sa tendresse, comme un arbre fruitier planté près d'une source d'eau vive et inépuisable.
Ces paroles, comme un baume réconfortant et apaisant sur la plaie béante et brûlante du doute et de l'angoisse de Pepa Mongo, l'invitèrent à regarder au-delà des obstacles et des défis qui l'écrasaient, à contempler le sommet lumineux et glorieux de la montagne de Dieu, vers laquelle il devait grimper courageusement, porté par les ailes de l'espérance et de l'abandon.
- Merci, Père, dit Pepa Mongo, le regard brillant de larmes et de reconnaissance, j'ai compris maintenant que Dieu me demande de tout donner, de tout risquer, de tout oser, pour Lui, pour ma famille, pour mes frères et sœurs humains, pour la vérité et la justice, pour la paix et l'amour. Je suis prêt à affronter les défis académiques et à garder le cap sur la vocation sacerdotale, avec l'aide de Dieu et de mes amis, de mes professeurs et de mes bienfaiteurs, et surtout avec la conviction que rien ne pourra me séparer de l'amour de Dieu et de son dessein providentiel pour ma vie.
Ils se levèrent alors tous les deux, unis dans cette prière silencieuse et fervente qui jaillit de leur cœur et s'éleva vers le ciel étoilé et infini, comme une myriade de feux d'artifice, illuminant les montagnes et les vallées, les rivières et les océans, les rires et les pleurs de cette terre brisée et meurtrie, mais aussi bénie et aimée, immergée dans la tendresse infinie de Dieu et de sa miséricorde, berceau et source de tout ce qui est, de tout ce qui vit, et de tout ce qui aime.
L'aide providentielle des Sœurs Canadiennes et des bienfaiteurs
Le vent chaud et humide caressait le visage du jeune Pepa Mongo, tandis qu'il rentrait chez lui après une journée fatigante passée au Collège Bonneau. Les rideaux de poussière soulevés par les sandales de ses camarades de classe se déposaient lentement sur les sentiers rocailleux qui menaient aux toits de chaume et aux murs de terre battue du petit village d'Efumlu Nselek. Ses pensées étaient ailleurs, naviguant sur les flots tumultueux de la mer de ses espoirs et de ses rêves, de ses craintes et de ses désirs, luttant pour maintenir le cap et pour hisser les voiles du courage et de la confiance, en dépit des tempêtes et des courants contraires qui menaçaient de le faire chavirer et de disperser les étoiles de sa vie.
Ce soir-là, après le souper, alors que la lune et les étoiles illuminaient timidement la nuit africaine, la famille Nkongho était réunie dans la pièce à vivre, autour de la table en bois d'iroko que papa Alphonse avait façonnée de ses propres mains, expertes et fidèles, pour accueillir les fruits de la terre et les bénédictions du ciel. Pepa Mongo, le regard grave et l'âme à vif, brisé par le poids insoutenable des responsabilités et des ambitions qui le hantaient et le tiraillaient sans répit ni pitié, osa enfin révéler à ses parents le secret qui le consumait et l'étreignait depuis plusieurs semaines.
- Papa, maman, je ne sais plus quoi faire, ni où aller, avoua-t-il d'une voix tremblante et hésitante, comme si un démon invisible et cruel lui tenaillait les lèvres et l'étranglait de ses griffes glacées. Je voudrais tant vous rendre heureux et fiers de moi, de nous, mais chaque jour qui passe, je me sens de plus en plus impuissant et désemparé, englouti dans le piège et le tourbillon de mes angoisses et de mes déboires.
À ces mots déchirants et poignants, Thérèse, la mère tendre et compréhensive qui avait donné naissance et éducation à ce fils aimé et chéri, ne put retenir ses larmes. Elle se leva précipitamment et vint étreindre Pepa Mongo entre ses bras, tout en murmurant d'une voix apaisante et maternelle, mêlée de tristesse et d'affection :
- Mon enfant, sois toujours assuré de notre amour et notre soutien inconditionnel, quoi qu'il arrive, quoi que tu fasses, où que tu sois. N'oublie jamais que tu fais partie de notre chair et de notre sang, et que ta peine et ta joie sont les nôtres, depuis que Dieu t'a confié à nous comme un précieux trésor et une promesse sacrée.
Comme si un ange avait entendu ces paroles et les prières muettes et ferventes de cette famille soudée par les liens indestructibles de la foi et de l'espérance, un bruit discret et léger, semblable au battement d'ailes d'un papillon émeraude ou d'une coccinelle vermillon, vint frapper à la porte de leur maison, invitant les occupants à lever les yeux et à ouvrir leur cœur à la nouveauté et à la providence qui frappent à l'improviste et sans répit, bouleversant et illuminant les ténèbres les plus sombres et les ornières les plus profondes.
C'est ainsi que Sœur Marie-Clémence, une religieuse canadienne de la Congrégation de Notre-Dame qui enseignait au Collège Bonneau, fit son entrée dans la vie et dans la maison de Pepa Mongo, comme une messagère de Dieu et une lumière éclatante, réchauffante et enveloppante. Elle avait, lors de ses voyages au Canada et de ses échanges épistolaires avec les familles de bienfaiteurs généreux et compatissants qui soutenaient financièrement et spirituellement les étudiants africains désireux de poursuivre leurs études et de réaliser leur vocation, entendu parler de l'histoire de Pepa Mongo et de ses efforts admirables et touchants pour devenir prêtre, envers et contre tout.
- Mon cher Pepa Mongo, dit-elle avec un sourire éclatant et radieux, qui illumina instantanément les visages et les cœurs de toute la famille, j'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer. J'ai parlé de toi et de ton engagement sincère et courageux pour la prêtrise à une famille canadienne qui est prête à te soutenir moralement et financièrement, tout au long de ton parcours académique et spirituel. Ne perds pas espoir, mon enfant ! Dieu pourvoit toujours aux besoins de ses fils et de ses filles, quand ils osent rêver grand et s'abandonner à sa volonté divine et aimante.
Ce message, porteur de foi et de confiance en la providence de Dieu, alla droit au cœur de Pepa Mongo et de ses parents reconnaissants et émus. Ils comprirent alors, au plus profond de leur être, que les épreuves et les doutes qui jalonnaient leur chemin et éprouvaient leur foi n'étaient pas des obstacles insurmontables et invincibles, mais plutôt des occasions et des invitations à déployer les ailes de la confiance et de l'amour, pour s'élancer plus haut et plus loin, vers les cieux immenses et inexplorés du bonheur et de la gloire éternelle, que seul Dieu peut offrir et partager avec ses créatures bien-aimées et chéries.
L'intervention des Sœurs Canadiennes
Pepa Mongo achevait de ranger ses affaires dans le grand sac de jute qu'il avait fabriqué avec l'aide de son père. Les manuels scolaires s'entassaient entre les habits et les quelques objets personnels qu'il avait ramenés du village, témoins éloquents mais muets des années passées à user ses yeux et son cœur sur les bancs du Collège Bonneau, loin des siens et de leurs souffrances partagées. Il avait le sentiment d'un immense vide qui l'engloutissait et l'étreignait, rompant les liens fragiles et précieux qui l'unissaient au rêve éthéré et brûlant qui avait été le sien depuis son plus jeune âge : devenir prêtre et servir Dieu et ses frères humains avec toute la ferveur et la générosité dont il était capable.
Nydo, le frère aîné de Pepa Mongo, avait bien essayé de consoler son cadet, en multipliant les encouragements et les gestes de tendresse, qui paraissaient jaillir des profondeurs insondables de cette fraternité et de cette solidarité innées qui les unissaient depuis leur naissance, comme les deux parties d'un même corps et d'un même esprit. Mais, en vérité, Pepa Mongo sentait que quelque chose en lui s'était brisé, irrémédiablement et douloureusement, comme un vase de terre cuite trop fragile qui se fend et s'effrite sous le poids de l'usure et des coups du sort. Il avait beau cherché dans les pages de la Bible et dans les enseignements des maîtres de sagesse qui avaient traversé sa vie les clés et les repères susceptibles de le guider et de le rassurer, il ne parvenait qu'à s'enfoncer davantage dans le gouffre de la peur et de l'amertume, prisonnier de ses doutes et de ses regrets, otage des ténèbres qui l'entouraient et le paralysaient.
C'est en cet instant que ces ténèbres furent transpercées, comme par l'éclair fulgurant et salvateur d'une Révélation divine, par le rayonnement doux et serein d'un sourire inattendu, surgissant des lèvres et des yeux d'une femme à l'aube de la vieillesse, dont le visage respire la tendresse et la compassion, telle une mère qui berce et console son enfant blessé et désemparé. Sœur Marie-Clémence, assise à côté de Pepa Mongo sur un banc de l'église où ils étaient venus se recueillir et prier, le regardait avec une bienveillance et une empathie qui lui donnèrent le courage d'affronter la tempête qui rugissait en lui et de confier à cette étrangère les secrets de son âme déchirée.
Ce faisant, Pepa Mongo lui exposa ses tourments. Sans déclencher de tempête émotionnelle, il exprima sincèrement sa peine de voir ses rêves s'évanouir sous l'étau de contraintes matérielles et de responsabilités familiales. Pepa Mongo n'avait pas réalisé que Sœur Marie-Clémence l'écoutait avec une attention prononcée, et qu'elle était sur le point d'entamer une danse du changement pour lui.
- Mon cher enfant, lui dit-elle alors d'une voix qui évoquait un chant mélodieux et apaisant, il est vrai que tu te trouves au carrefour de ta vie, là où s'entremêlent et se combattent les forces et les passions les plus contraires et les plus mystérieuses, celles qui dessinent la frontière indécise et mouvante entre l'ombre et la lumière, le bien et le mal, l'amour et la haine. Mais souviens-toi toujours de cette vérité, que tu portes en toi-même, gravée dans ton âme et tes veines comme un sceau indélébile et sacré : tu n'es pas seul, tu ne seras jamais seul, car Dieu est avec toi, en toi, autour de toi, à chaque instant et à chaque souffle de ton existence. Il te soutient et te guide, t'encourage et te console, te relève et te transforme, te fortifie et te purifie, te faisant grandir et mûrir dans sa grâce et sa tendresse, comme un arbre fruitier planté près d'une source d'eau vive et inépuisable.
Ces paroles, comme un baume réconfortant et apaisant sur la plaie béante et brûlante du doute et de l'angoisse de Pepa Mongo, l'invitèrent à regarder au-delà des obstacles et des défis qui l'écrasaient, à contempler le sommet lumineux et glorieux de la montagne de Dieu, vers laquelle il devait grimper courageusement, porté par les ailes de l'espérance et de l'abandon.
- Merci, ma Sœur, dit Pepa Mongo, le regard brillant de larmes et de reconnaissance, j'ai compris maintenant que Dieu me demande de tout donner, de tout risquer, de tout oser, pour Lui, pour ma famille, pour mes frères et sœurs humains, pour la vérité et la justice, pour la paix et l'amour. Je suis prêt à affronter les défis académiques et à garder le cap sur la vocation sacerdotale, avec l'aide de Dieu et de mes amis, de mes professeurs et de mes bienfaiteurs, et surtout avec la conviction que rien ne pourra me séparer de l'amour de Dieu et de son dessein providentiel pour ma vie.
Ils se levèrent alors tous les deux, unis dans cette prière silencieuse et fervente qui jaillit de leur cœur et s'éleva vers le ciel étoilé et infini, comme une myriade de feux d'artifice, illuminant les montagnes et les vallées, les rivières et les océans, les rires et les pleurs de cette terre brisée et meurtrie, mais aussi bénie et aimée, immergée dans la tendresse infinie de Dieu et de sa miséricorde, berceau et source de tout ce qui est, de tout ce qui vit, et de tout ce qui aime.
Le vent chaud et humide caressait le visage du jeune Pepa Mongo, tandis qu'il rentrait sur le lieu de sa formation, portant désormais en son sein le secret lumineux et vivifiant de la bonne nouvelle qui l'avait été révélée. Chaque pas qu'il faisait, lui rapprochait un peu plus du sommet de la montagne de Dieu, guidé par la main de Sœur Marie-Clémence qui l'accompagnait, et par la conviction profonde et inébranlable que la providence divine pourvoirait toujours à ses besoins, quelles que soient les épreuves et les vicissitudes qu'il aurait encore à affronter sur le chemin de la vérité et de l'amour.
La générosité des bienfaiteurs canadiens
La pluie battait rageusement les vitres de la modeste maison des Nkongho, tandis que les vents, rugissant comme un animal en furie, s'enroulaient et se débattaient autour des toits de chaume, menaçant d'emporter avec eux les rêves et les prières des habitants terrifiés et impuissants. C'était dans ces instants de détresse et de désolation que la foi inébranlable et lumineuse de la famille montrait toute sa force et sa grandeur, invoquant le ciel et ses saints protecteurs, repoussant les assauts infernaux et destructeurs du mal et des éléments déchaînés.
Maman Thérèse, debout dans la cuisine, tâchait d'allumer avec amertume le feu, pour préparer un semblant de dîner à ses enfants affamés et frissonnants. Les mains gercées par le froid et l'humidité, elle pressentait que le soir serait encore pire, avec la rareté des vivres et le froid mordant qui s'infiltrait partout, défiant les murs fragiles et lézardés de la demeure. Elle avait beau prié et pleuré, imploré Dieu et les saints avec toute la ferveur et la sincérité dont elle était capable, elle ne trouvait aucun réconfort ni secours dans l'attitude résignée et silencieuse de son mari Alphonse, qui semblait rongé par la culpabilité et la désolation d'avoir échoué à nourrir et protéger sa famille, et d'assurer l'avenir de ses enfants au prix de tant de sacrifices et de renoncements.
C'est alors, comme l'éclair fulgurant et soudain de la grâce divine, que la lumière éclata dans la nuit noire de leurs âmes désemparées et perdues. Sœur Marie-Clémence, qui avait été témoin de leur détresse et de leur souffrance, avait décidé de prendre les choses en main et d'appeler à la rescousse des anges invisibles et lointains, qui ne demandaient qu'à intervenir et agir en faveur de cette famille courageuse et pieuse. Et, telle une messagère céleste du bonheur et de l'amour, elle leur apporta enfin la réponse qu'ils attendaient et espéraient avec tant d'angoisse et d'impatience: la générosité des bienfaiteurs canadiens.
"Chère famille Nkongho," commença Sœur Marie-Clémence, émue presque aux larmes par l'expression d'incrédulité et d'émerveillement qui illuminait alors les visages et les cœurs des personnes assemblées autour d'elle, "j'ai l'honneur et la joie immense de vous faire part de la nouvelle que vous avez attendue si longtemps et si ardemment. La famille Dubois, du Canada, bienfaiteurs généreux et amis de ma communauté religieuse, ont décidé de vous aider et de vous soutenir, en réponse à la demande et au récit que je leur ai adressés sur la situation préoccupante et dramatique dans laquelle vous êtes plongés. Ils vont vous envoyer, très prochainement, une somme d'argent considérable, qui vous permettra non seulement de mettre un terme à vos soucis et vos misères quotidiennes, mais aussi de réaliser le rêve et la vocation de votre cher fils Pepa Mongo, celui de devenir prêtre et serviteur de Dieu et des hommes."
Un silence s'établit alors dans la pièce, tandis que les paroles de Sœur Marie-Clémence continuaient de résonner et de ricocher dans les âmes touchées et bouleversées de la famille Nkongho. Les larmes coulaient sur les joues de maman Thérèse, qui n'en finissait pas de remercier Dieu et les saints, dans un murmure inlassable et fervent, comme une litanie d'amour et de gratitude qui ne pouvait s'épuiser ni s'arrêter. Alphonse, quant à lui, semblait hésitant et confus, incertain de la manière dont il devait réagir et s'exprimer face à cette providence inespérée et généreuse. Finalement, c'est Nydo, le bras droit et le soutien de la famille, qui se leva, le regard étincelant de fierté et de reconnaissance et s'adressa d'une voix ferme et posée à Sœur Marie-Clémence.
"Ma sœur, ne trouvez pas en moi l'ingratitude ou l'oubli de tout ce que vous et votre congrégation avez fait et continuez de faire pour nous, mais permettez-moi, au nom de ma famille et des miens, de vous dire toute notre gratitude et notre amitié, envers vous et les bienfaiteurs canadiens qui se manifestent aujourd'hui à nous. C'est grâce à vous, et à cette compassion divine qui vous habite et vous pousse à agir, que nous pouvons espérer et reprendre courage, malgré les difficultés et les épreuves qui se succèdent et nous accablent. Votre présence et votre témoignage, chère Sœur, sont pour nous une source inépuisable de réconfort et de bénédiction, un phare qui nous guide et nous éclaire, sur la route tortueuse et incertaine de notre destinée et de notre foi. Nous ne saurions vous remercier assez, vous et la famille Dubois, pour la générosité et la solidarité que vous nous témoignez en cet instant crucial et déterminant de notre histoire et de notre avenir. Que Dieu vous bénisse et vous comble de ses grâces et de ses bontés infinies".
Et, dans l'accord parfait et unanime d'un chant d'amour et de louange à Dieu, les voix de la famille Nkongho et de Sœur Marie-Clémence s'élevèrent et s'unirent, dans l'harmonie d'une étreinte et d'une espérance partagées, qui annonçaient déjà les premières lueurs de l'aube nouvelle et resplendissante de la vie et du bonheur retrouvés.
Les opportunités offertes par cette aide financière
Alors que le soleil disparaissait lentement derrière les collines verdoyantes d'Efumlu Nselek, laissant place à une nuit douce et paisible, la famille Nkongho ne pouvait contenir la joie et l'excitation qui brûlaient dans leur cœur, à la suite de la nouvelle extraordinnaire que leur avait apportée Sœur Marie-Clémence. Depuis des années, ils avaient prié et travaillé sans relâche, espérant en vain que la Providence divine sorte un jour de son invisibilité et vienne enfin secourir et (...) venir en aide les familles sans assistance (...) -->
Non seulement la générosité des bienfaiteurs canadiens leur offrait des perspectives nouvelles et prometteuses, mais elle leur permettait également de contempler l'avenir avec une confiance et une sérénité qu'ils n'avaient jamais osé imaginer. Les préoccupations et les soucis qui alourdissaient depuis si longtemps le poids de leurs épaules s'étaient envolés comme des oiseaux migrateurs, laissant derrière eux un horizon dégagé et lumineux, où rien ne semblait plus impossible ni inaccessible.
Comme par enchantement, toutes les portes qui s'étaient autrefois fermées à Pepa Mongo et à sa famille s'ouvraient désormais devant eux, révélant un monde riche en opportunités et en découvertes. Le jeune homme, qui avait tant lutté pour concilier sa vocation sacerdotale et ses études, pouvait désormais envisager sérieusement de progresser sur les deux fronts, avec l'appui de ces anges providentiels et invisibles qui venaient de surgir de nulle part.
- Je ne sais pas comment vous remercier, ma Sœur, s'écria Pepa Mongo, les yeux pétillant de joie et de reconnaissance, en serrant les mains de Sœur Marie-Clémence entre les siennes. Vous avez changé ma vie à jamais et donné à ma famille un espoir que nous ne pensions plus pouvoir raviver.
- C'est Dieu qui agit à travers nous, mon cher Pepa Mongo, répondit Sœur Marie-Clémence avec un sourire bienveillant, en posant doucement sa main sur celle du jeune homme. Ne nous remercie pas, mais rends grâce à Lui pour cette grâce inestimable qu'Il nous accorde aujourd'hui.
Dans les jours qui suivirent cette annonce miraculeuse, la famille Nkongho se mit à envisager toutes les possibilités qui s'offraient à eux. Avec cet argent si providentiel, ils pourraient non seulement investir dans de meilleurs outils et matériaux pour le travail du père, améliorer leur propre maison, mais aussi financer les études de Pepa Mongo jusqu'à la fin de sa formation académique, voire même soutenir sa vocation sacerdotale et l'aider à réaliser enfin son rêve et sa mission divine.
La gratitude et le respect qu'éprouvaient Pepa Mongo et sa famille envers Sœur Marie-Clémence et les bienfaiteurs canadiens n'avaient d'égal que la volonté et la détermination qui les animaient désormais, pour saisir à pleines mains cette chance exceptionnelle qui leur était offerte, et honorer ainsi la confiance et la générosité de ceux qui avaient parié sur eux, sans les connaître ni les voir.
Ce fut ainsi, dans un mélange d'émerveillement et de résolution, que les semaines et les mois passèrent, laissant place à une réalité nouvelle et pleine d'espérances pour la famille Nkongho et ses enfants. Leurs besoins comblés, leurs désirs exaucés et leurs ambitions réalisables, ils se préparaient à affronter les défis et les opportunités qui les attendaient, sur les ailes de ces anges providentiels qui les avaient sauvés de la misère, de la solitude et du désespoir.
Pepa Mongo, quant à lui, ne pouvait s'empêcher de repenser à cette rencontre furtive et déterminante avec Sœur Marie-Clémence, qui avait bouleversé à jamais le cours de sa vie et le destin de sa famille. Comme un signe divin et discret, qui se cachait derrière les nuages et les tempêtes, avant de se révéler enfin dans la lumière éblouissante et salvatrice de la Providence, qui, tel un phare dans la nuit, venait illuminer sa route et guider ses pas vers cette montagn
Les défis et les responsabilités associés à la providence
La générosité des bienfaiteurs canadiens, ainsi que le soutien infaillible de Sœur Marie-Clémence, avaient certes éloigné les nuages sombres de la misère et de la souffrance pour la famille Nkongho, mais ces moments de répit n'étaient pas dépourvus d'épreuves et de défis, qui pesaient lourdement sur leurs épaules et leurs esprits affaiblis par tant d'années de sacrifice et de privation.
Pepa Mongo, bien qu'empli de gratitude et d'émerveillement devant cette providence divine et inopinée, ne pouvait s'empêcher de ressentir lui aussi les affres de cette responsabilité qui lui incombait désormais de faire honneur à la confiance et à la générosité de ses bienfaiteurs. Les études, autrefois si pénibles et si épuisantes, prenaient une autre dimension et se voyaient teintées d'une exigence et d'une ardeur nouvelles, qui lui faisaient craindre le moindre échec ou relâchement, comme une trahison infâme et injustifiable envers ceux qui lui avaient tendu la main et porté secours.
Les nuits, auparavant paisibles et réparatrices, étaient maintenant assaillies par des rêves troubles et inquiétants, où les visages souriants et bienveillants des Canadiennes et de Sœur Marie-Clémence venaient le poursuivre et lui rappeler, avec une gravité qui le laissait sans voix et sans défense, l'importance et l'étendue de la tâche qui lui était confiée, et qu'il ne pouvait, en aucune manière, négliger ni décevoir.
- Pepa Mongo, mon fils, entendait-il murmurer Sœur Marie-Clémence dans ces rêves récurrents et lancinants, n'oublie jamais ce que tu dois aujourd'hui à ces bienfaiteurs anonymes et discrets qui ont choisi de te soutenir et de t'aider, en dépit de la distance et de l'inconnu qui les séparent de toi et de ta famille. Fais-en un levier et un ressort pour te surpasser et faire briller ta foi et ton engagement, car c'est là, et en cela seulement, que tu trouveras le véritable sens et la signification de ce don inestimable et immérité que tu as reçu.
Chaque matin, lorsqu'il se réveillait en sursaut, les lèvres encore tremblantes et humides de ces songes effrayants et insistants, Pepa Mongo ne pouvait s'empêcher de se recueillir quelques instants, face au crucifix qui ornait sa modeste chambre et qui avait été pour lui, depuis l'enfance, le symbole et la source d'une force et d'une consolation sans limites.
Il priait alors, avec une intensité et une ferveur décuplées par la peur et le doute qui l'envahissaient, comme pour se purifier et se délivrer de ces spectres et ces ombres qui menaçaient sans cesse, à l'insu de sa volonté et de sa conscience, de fondre sur lui et de l'engloutir, dans les abîmes insondables de la défaillance et de l'ingratitude.
- Mon Dieu et Sauveur, implorait-il alors, les yeux rivés sur la croix de Jésus et les mains jointes dans un élan de supplication et d'humilité, fais grandir en moi la confiance et la persévérance, pour que je sois digne de l'amour et de la bienveillance que tu m'as manifestés à travers ces anges providentiels qui ont répondu à mes prières et à mes attentes. Ne permets pas que je succombe aux tentations et aux faiblesses de l'âme et de l'esprit, mais donne-moi, au contraire, la force et la clairvoyance nécessaires pour mener à bien cette mission que tu m'as confiée, et pour être, pour les autres et pour moi-même, un témoignage vivant et sincère de ta présence et de ta sollicitude. Amen.
Après cette prière matinale, répétée inlassablement et pieusement chaque jour, Pepa Mongo sentait peu à peu son cœur et son esprit se libérer de la terreur et de l'angoisse qui l'avaient envahi la nuit, et retrouvait, avec un soulagement et une énergie renouvelés, le fil de ses activités et de ses responsabilités, qui l'attendaient de pied ferme et l'appelaient, à chaque instant, à donner le meilleur de lui-même et à ne rien céder de sa persévérance et de son obstination.
Les semaines et les mois passèrent ainsi, dans un combat et un dépassement quotidiens, où chaque victoire remportée, chaque épreuve surmontée, étaient autant de preuves et de manifestations de cette mystérieuse et libératrice providence, qui porte et anime les héros involontaires et les héros ordinaires de notre humanité, dans les moments les plus obscurs et les plus incertains de leur existence.
L'impact de l'aide providentielle sur la vocation de Pepa Mongo
Alors que Pepa Mongo commençait à récolter les fruits de cette providence si généreuse, la vocation qui l'avait porté et nourri tout au long de ces années prenait également une tournure nouvelle et inattendue. Si, auparavant, la lenteur et les déceptions de l'apprentissage, entremêlées aux difficultés et aux échecs de la vie quotidienne, avaient laissé place à un doute et une hésitation toujours persistants, voilà que désormais, sous l'impulsion de ces bienfaiteurs invisibles et de la ferveur renouvelée de Sœur Marie-Clémence, la lumière semblait briller de plus belle au bout du tunnel, et les perspectives s'élargir à l'infini devant lui.
Ce renouveau providentiel, cependant, n'était pas sans poser également son lot d'interrogations et de défis pour le jeune homme, qui se voyait maintenant confronté à un autre niveau d'exigence et de responsabilité, tant dans le domaine académique que spirituel. La vocation sacerdotale qui l'avait guidé jusqu'ici, et qui constituait le ciment et l'horizon de son existence, prenait dès lors une forme et une envergure inédites, qui exigeaient de lui une abnégation et une maturité toujours plus grandes, pour ne pas décevoir ou trahir la confiance de ceux qui, en coulisses, veillaient sur lui et le soutenaient avec une générosité sans bornes.
- Dis-moi, Pepa Mongo, demanda un soir Nydo, assis sur le pas de la porte de leur modeste demeure, tandis que les derniers rayons du soleil disparaissaient lentement derrière les collines verdoyantes, qu'est-ce qui a vraiment changé pour toi depuis l'arrivée de cette providence inespérée, et comment penses-tu faire face aux attentes et aux défis qu'elle t'impose, maintenant que tu te sais soutenu et choyé par ces anges inconnus qui se sont penchés sur ton sort?
Pepa Mongo, les yeux rivés sur l'horizon orangé et mélancolique, prit quelques instants pour réfléchir à cette question, qui venait ajouter à la confusion et aux incertitudes qui l'assaillaient déjà tant depuis l'annonce de cette aide miraculeuse. La main appuyée sur le tronc d'un bananier qui ornait la cour, il se remémora avec nostalgie les premiers pas de sa vocation, et s'étonna lui-même du chemin parcouru, malgré les embûches et les doutes qui l'avaient ponctué jusqu'à présent.
- Je crois, répondit-il d'une voix douce et tremblante, que cette providence est, avant tout, un don du ciel, qui vient nous rappeler l'amour et la présence de Dieu dans nos vies, et qui nous invite à répondre avec courage et détermination à cet amour qui nous dépasse et nous transcende. Elle est aussi, sans aucun doute, une responsabilité immense et sacrée, qui nous engage, moi et notre famille, à témoigner de cette sollicitude divine qui nous a sauvés, à travers notre propre vocation et notre mission auprès des autres.
Comme pour appuyer et confirmer ces paroles, qui avaient germé et pris vie au fond de son âme en même temps qu'elles s'échappaient de ses lèvres, Pepa Mongo resserra avec force et conviction la prise de sa main sur le tronc du bananier, qui semblait lui redonner, par sa rugosité et sa solidité, une confiance et une assurance qu'il avait cru perdues depuis longtemps.
- Quoi qu'il en soit, Nydo, il nous faudra vivre et avancer maintenant avec cette providence qui nous a été offerte, sans craindre ni regretter ce qui aurait pu être ou ce qui n'aurait jamais été sans elle. Car, comme le dit si bien l'Évangile selon saint Matthieu, qui représente pour moi, qui sait, peut-être la seule et véritable boussole de ma vie et de ma vocation : "Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain s'inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine."
Les deux frères, assis côte à côte sur cette porte qui symbolisait à la fois l'entrée et la sortie, le début et la fin de leur vie à Efumlu Nselek, se laissèrent envelopper par les ténèbres grandissantes et les bruits familiers de la nuit qui s'installait sur leur village, songeant aux ailes invisibles et délicates de cette providence qui, depuis peu, avait transformé leur existence et leur destinée, et qui les poussait, désormais, à explorer les chemins insondables et imprévisibles de l'amour et de la fidélité, envers eux-mêmes et envers les autres.
La rencontre avec les Salésiens de Don Bosco et le début de la vocation
Comme la brise caressait les herbes hautes et les branches des bananiers, la poussière s'envolait en tourbillons dans la cour du Collège Bonneau, tandis que Pepa Mongo, debout à l'ombre de la grande case en terre battue, observait avec curiosité et méfiance les étrangers qui venaient de débarquer dans leur village ce jour-là. Vêtus de robes blanches et de sandales simples, le regard impassible et serein, ils se tenaient là, en silence, comme si le poids des regards et des chuchotements ne suffisait pas à les ébranler, ni à les distraire de leur mission mystérieuse et sacrée.
C'étaient les Salésiens de Don Bosco, ces hommes venus du Nord, qui apportaient avec eux une foule de promesses et d'espérances nouvelles, mais aussi une kyrielle de questions et d'inquiétudes pour ceux qui, comme Pepa Mongo et Nydo, ne pouvaient se contenter de suivre aveuglément et sans réserve l'appel et les injonctions de ces messagers célestes et inattendus.
- Hi, je m'appelle Père Antonio Donati, et voici Père Vincent Richards, dit l'un d'eux, avec un sourire rassurant et un accent légèrement chantant, en tendant la main à Pepa Mongo et à Sœur Marie-Clémence, qui se tenaient près de lui. Nous sommes ici pour partager avec vous notre expérience et notre charisme salésien, hérité de notre fondateur, Don Bosco, et pour vous aider, si vous le désirez, à emprunter ce chemin de foi et de dévouement qui a transformé et éclairé nos vies depuis tant d'années.
Alors que Pepa Mongo écoutait ces paroles, un sentiment mêlé de fascination et d'effroi s'emparait de lui, comme s'il pressentait, dans les tréfonds de son âme et de sa conscience, l'impact irrémédiable et indélébile que cette rencontre allait laisser sur lui et sur sa famille. Il était loin d'imaginer, en effet, que cette main tendue, ce regard profond et cette voix paisible, allaient bientôt devenir pour lui les signes incomparables et ineffables d'un amour et d'une présence à la fois humaine et divine, qui lui feraient entrevoir, pour la première fois, la réalité et l'urgence d'un appel et d'une vocation qui dépassaient de loin les limites de sa propre existence.
Ce fut ainsi que, malgré les doutes et les incertitudes qui continuèrent de l'assaillir et de l'éprouver, Pepa Mongo accepta, avec une humilité et une confiance renouvelées, de se laisser accompagner et guider par ces hommes qui lui offraient, en guise de boussole et d'horizon, la beauté et la puissance d'un charisme qui s'enracinait, dans leur propre histoire et dans l'histoire du monde, non pas seulement dans la gloire et la réussite, mais aussi dans l'obscurité et l'échec, dans la souffrance et le doute, dans la fueur et la douleur.
Tandis que Pepa Mongo se tenait, nuit après nuit, dans la petite chapelle qu'occupaient les Salésiens, il ne pouvait s'empêcher de repenser à l'émotion et à la peur qui l'avaient envahi, lorsqu'il avait posé pour la première fois les yeux sur ces figures emblématiques et envoûtantes qui semblaient se dresser, telles des étoiles lointaines et célestes, sur le firmament de sa vie et de son destin.
- Pepa Mongo, me permets-tu de te poser une question qui me taraude depuis notre première rencontre? Demanda un jour Père Antonio, en s'asseyant près de lui, les yeux brillants d'une curiosité et d'une bienveillance sincères.
- Bien sûr, mon Père, répondit Pepa Mongo, les mains jointes et le visage illuminé par la lueur vacillante des bougies qui éclairaient la chapelle.
- Qu'est-ce qui t'a poussé, toi, un jeune homme brillant et plein d'avenir, à choisir cette voie si exigeante et si incertaine, et à vouloir suivre nos traces, celles-là mêmes qui t'ont mené vers nous et vers cette vocation que tu poursuis désormais avec tant de ferveur et d'abnégation?
Pepa Mongo réfléchit un instant, puis, avec une résolution et une clairvoyance qu'il n'avait jamais éprouvées auparavant, il répondit, sa voix tremblante et assurée à la fois :
- Je crois, mon Père, que c'est la providence qui m'a conduit jusqu'à vous, jusqu'à cette famille de bienfaiteurs qui m'a permis de poursuivre mes études et d'ouvrir mon cœur à la foi et à l'amour de Dieu. Et c'est cette même providence qui, aujourd'hui, m'appelle et m'interpelle, me poussant à me dépasser et à me donner sans compter, pour être, à mon tour, un témoin et un messager de cette grâce et de cette sollicitude qui m'ont sauvé et transformé depuis tant d'années.
Il leva alors les yeux vers la croix qui surplombait l'autel, et, dans un élan d'espérance et de gratitude infinie, il murmura, les larmes aux yeux et la voix étranglée par l'émotion :
- Mon Dieu, quel prodige et quel mystère, que celui de l'amour et de la fidélité dont tu nous as comblés et dont tu nous as vêtus, depuis le premier jour de notre existence, et jusqu'à la fin des temps! Puissions-nous, en retour, te servir et t'aimer avec la même force et la même intensité, et ne jamais défaillir ni renoncer, malgré les épreuves et les tentations qui se dressent sans cesse sur notre route!
Ainsi, Pepa Mongo, fortifié et éclairé par ces paroles qui avaient jailli de sa mémoire et de son cœur comme un torrent et une flamme indomptables, entreprit, avec l'aide et le soutien de ses nouveaux guides et amis, de franchir ce seuil décisif et incontournable qui allait, désormais, sceller et orienter l'ensemble de sa vie et de son avenir, sous le signe indélébile et resplendissant de la vocation salésienne.
L'arrivée des Salésiens d'Ebolowa
Alors que le soleil se couchait sur les collines aux teintes dorées qui surplombaient et protégeaient le village d'Efumlu Nselek, laissant s'épanouir et s'étioler, lentement, les dernières lueurs et les murailles de la nuit, les habitants, encore ivres de rumeurs et de craintes, se rassemblaient peu à peu, avec curiosité et empressement, autour de la grande place qui servait habituellement de terrain de jeux et de rencontre, de prière et de folklore.
Ce jour-là, en effet, la place avait revêtu un visage différent et une signification nouvelle, bousculant et révoquant, d'un seul élan d'espérance et de dynamisme, les limites infranchissables et les tabous intangibles qui se dressaient depuis longtemps entre eux et le reste du monde, entre leur présent et leur avenir, entre leur foi profonde et leur ambition légitime.
Car les Salésiens de Don Bosco, ces émissaires lointains et inespérés, portaient avec eux, dans les plis de leurs vêtements et les sillons de leurs regards, les ferments et les germes d'une nouvelle ère et d'un nouveau départ, qui se révélaient aujourd'hui, sous les yeux émerveillés et interrogatifs de la population d'Efumlu Nselek, comme les étendards vivants et incandescent d'une réconciliation et d'une communion possible entre le ciel et la terre, entre le spirituel et le temporel, entre l'individu et la communauté.
Pepa Mongo, qui avait suivi avec anxiété et suspicion les préparatifs et les tractations, les va-et-vient incessants et les efforts diplomatiques qui avaient précédé l'arrivée solennelle et besogneuse de ces hommes de Dieu et de paix, ne comprenait pas encore, en contemplant les visages déjà marqués et émouvants de ses nouveaux maîtres et amis, l'ampleur et la profondeur des bouleversements et des déchirures, de l'espoir et des défis, que représentait pour lui et pour les siens cette présence éphémère et prolifique, qui allait transformer à jamais son existence et son destin.
- Tu sais, Pepa, murmura Nydo, tout en jetant un regard perplexe et ludique aux Salésiens qui discutaient autour de la cloche nouvellement installée sur le parvis de l'église, je me demande parfois si ces hommes, avec leurs robes blanches et leurs sourires rassurants, n'ont pas été envoyés par Dieu lui-même, pour nous guider et nous protéger, pour nous montrer, enfin, la voie et la vérité qui nous manquaient, et qui nous faisaient douter et hésiter, tant de fois, sur le sens et la valeur de notre foi et de notre amour.
Pepa Mongo, tout en partageant et en éprouvant, dans les tréfonds de son âme et de sa conscience, les mêmes appréhensions et les mêmes espoirs que son frère et mentor, ne put s'empêcher de ressentir, devant ces mots qui semblaient émaner d'une conviction et d'une lucidité profondes et insoupçonnées, une légère secousse de fierté et de reconnaissance, qui lui rappelait, chaque fois qu'il les entendait ou les pensait, l'image et la détermination de ses parents et de ses ancêtres, qui avaient su, tout au long de cette histoire tumultueuse et chaotique qui était la leur, préserver et perpétuer cet héritage spirituel et humain, qui n'appartenait qu'à eux et qui les unissait, malgré les différences et les distances, les querelles et les replis, à une seule et même destinée.
- Je ne sais pas, Nydo, répondit-il avec une sagesse et une maturité qui le rendaient si précieux et si unique aux yeux de son frère et de ses amis, mais je suis persuadé qu'en accueillant et en écoutant ces hommes, qui ont quitté leurs pays et leurs familles pour venir jusqu'à nous et nous ouvrir les portes et les chemins que nous n'aurions jamais imaginés ni atteints, nous répondons, en réalité, à un appel et à une providence qui transcendent et dépassent l'horizon limité et fragile de nos vies et de nos souffrances, pour nous rappeler, sans cesse et sans relâche, la beauté et la dignité de notre condition humaine, de notre engagement et de notre responsabilité envers nous-mêmes et les autres.
Et tandis qu'ils s'éloignaient lentement de la scène et du tumulte qui les entouraient, rejoignant, main dans la main, les vieux murs et les sentiers qui les avaient bercés et protégés depuis leur enfance, Pepa Mongo et Nydo sentaient, dans les plis de leur chemise et dans les soupirs de leur souffle haletant, les signes intimes et tangibles d'une présence et d'une communion qui les avaient toujours attendus et cherchés, et qui leur avaient été offertes, enfin, par la grâce et la providence d'un amour et d'une paternité qui ne pouvaient s'éteindre ni se taire.
La première impression de Pepa Mongo face à la paternité et le charisme des Salésiens
Pepa Mongo n'avait jamais rien vu de tel – un groupe d'hommes vêtus de soutanes blanches, traversant le village d'Efumlu Nselek à pied, souriant et saluant les villageois avec une chaleur et une bonté irradiantes. Il avait senti son cœur battre plus fort à chaque pas qu'ils faisaient vers la petite église où Pepa Mongo se tenait, appuyé contre un pilier en bois, ses yeux fixés sur ces étranges visiteurs.
Son frère aîné, Nydo, avait remarqué l'expression d'émerveillement et de curiosité sur le visage de son frère et avait souri en coin. "Ne t'inquiète pas, Pepa," avait-il murmuré avec un clin d'œil complice, "ces hommes sont des missionnaires, des prêtres de la Congrégation des Salésiens de Don Bosco. Je suis sûr qu'ils sont ici pour nous aider, pour nous guider dans notre foi et nos vies."
Père Antonio, un Salésien italien à la barbe grisonnante et au regard doux et paternel, était le premier à s'approcher de l'église. En posant la main sur l'épaule de Pepa Mongo, il lui adressa un sourire chaleureux qui semblait illuminer son visage entier. "Bonjour, mon garçon," dit-il d'un ton amical et détendu, "es-tu un membre de cette paroisse?"
Pepa Mongo, surpris et impressionné par la sérénité et la bienveillance de cet homme qui lui faisait face, acquiesça en silence, incapable de prononcer un mot. Les autres Salésiens s'étaient rassemblés autour de Père Antonio et l'observaient attentivement, leur visage reflétant la même sérénité et la même bonté.
Père Antonio sourit de nouveau et, tendant la main, prit celle de Pepa Mongo dans la sienne. "Je suis Père Antonio Donati," se présenta-t-il, "et ces hommes autour de moi sont mes frères, des Salésiens venus d'Italie, d'Espagne et d'autres pays lointains, appelés par notre fondateur, Saint Jean Bosco, à vivre et partager l'évangile avec les jeunes, à les éduquer et à les soutenir dans leur vie et leur foi."
Les yeux de Pepa Mongo s'emplirent de larmes de gratitude et d'émerveillement. Il n'aurait jamais imaginé que Dieu enverrait un tel groupe d'hommes pour l'aider à entendre et à comprendre l'appel divin à la prêtrise qui résonnait depuis toujours au plus profond de son cœur.
"Mon nom est Pepa Mongo," dit-il enfin, sa voix tremblante d'émotion, "et je suis le fils d'Alphonse et Thérèse Nkongho, fervents catholiques et piliers de cette paroisse. Je... je pense que je suis appelé à devenir prêtre, et je ne sais pas encore comment... comment répondre à cet appel."
Père Antonio serra doucement la main de Pepa Mongo et leva les yeux vers le ciel, comme pour évoquer la présence et la volonté de Dieu. "Cher Pepa," dit-il avec une conviction et une assurance inébranlables, "Dieu nous envoie toujours ses signes et ses appels dans des moments inattendus et surprenants. Si tu sens, au fond de toi, que c'est sa voix que tu entends et que c'est sa vocation qui te pousse et t'interpelle, alors n'hésite pas et ne doute pas de la force et de l'amour qui t'accompagnent et te guident, tout au long de ce chemin que tu es appelé à parcourir."
Pepa Mongo hocha la tête, les lèvres serrées pour contenir les sanglots qui montaient en lui. Jamais auparavant il n'avait rencontré quelqu'un comme Père Antonio, capable de lire en lui avec une telle profondeur et de lui offrir un soutien sans faille et sans condition. Cette première rencontre avec les Salésiens avait marqué le début d'une aventure extraordinaire et d'une vocation qui allait le mener bien au-delà des frontières du village d'Efumlu Nselek, vers un futur rempli de défis, de joies et de miracles insoupçonnés.
Les premières interactions avec les missionnaires Salésiens et la naissance de l'attraction pour la vie religieuse chez eux
Pepa Mongo ne pouvait détourner les yeux de ces hommes vêtus de soutanes blanches immaculées, qui circulaient autour de la paroisse d'Ebolowa depuis quelques semaines. Il les observait, tels des étoiles tombées du ciel pour éclairer le monde, alors qu'ils conversaient avec les enfants du village, offrant leur aide aux vieillards, ou échangeant des sourires bienveillants avec les femmes qui revenaient des champs. Leur présence, à la fois discrète et irradiante, semblait pénétrer et exalter chaque recoin et chaque âme d'Ebolowa.
Ce fut un jour ensoleillé et radieux de septembre, alors que les prêtres salésiens étaient occupés à décharger des caisses de médicaments et de fournitures scolaires destinées aux familles les plus démunies et aux enfants du village, que Pepa Mongo décida enfin de prendre son courage à deux mains et de s'approcher d'eux. Le visage auréolé de lumière et d'assurance, il inclina légèrement la tête et murmura, d'un ton timide mais déterminé:
- Puis-je vous aider, mon père?
Père Antonio, ayant immédiatement reconnu la voix et la silhouette qui lui étaient désormais familières et nostalgiques, se retourna et échappa un sourire réconfortant et complice. Il saisit le bras adolescent de Pepa Mongo et lui serra l'épaule avec affection.
- Le Seigneur ne cesse de bénir notre paroisse avec de jeunes hommes généreux et déterminés comme toi, Pepa, dit-il en l'entraînant délicatement vers les autres membres de sa communauté qui travaillaient ardemment à leurs côtés. Viens, je vais te présenter à nos frères.
Et ainsi, guidé par la main bienveillante et patience de Père Antonio, Pepa Mongo se laissa introduire et submerger par ce chœur de voix, de rires et d'échanges qui semblaient transcender et unir les langues et les cultures, les souvenirs et les attentes, les peurs et les aspirations de ces hommes venus de contrées lointaines et de traditions différentes, pour rejoindre et nourrir, au cœur de cette terre fertile et blessée, le germe et la flamme d'une espérance et d'un amour qui ne demandaient qu'à éclore et grandir.
- Je te présente Père Pedro, originaire d'Espagne, qui est responsable de notre infirmerie et qui consacre sa vie à soigner et guérir les maux et les souffrances de nos frères et sœurs, annonça Père Antonio, en étreignant chaleureusement l'épaule d'un homme d'une cinquantaine d'années, au visage buriné et aux mains gercées par l'expérience et la générosité.
- Enchanté de te rencontrer, Pepa, dit Père Pedro, en lui tendant la main avec un sourire fraternel et authentique. J'espère que tu te joindras un jour à nous et que, ensemble, nous pourrons ouvrir de nouveaux chemins et de nouveaux horizons pour cette communauté et pour ce continent qui ont tant besoin de nous, et qui nous appellent et nous interpellent, chaque jour, à travers le regard et le cri de ces enfants qui jouent et rêvent, qui souffrent et espèrent.
Pepa Mongo, les yeux brillants et le cœur battant, hocha la tête et serra la main de Père Pedro avec une émotion et une ferveur qu'il n'avait jamais ressenties auparavant. Il savait, au fond de lui, qu'il venait de franchir un seuil irréversible et décisif, qui le conduirait, lentement mais sûrement, vers cette vie et cette vocation qui, depuis sa tendre enfance, avaient habité et guidé chacun de ses désirs et de ses rêves.
- Je vous remercie, Père Pedro, répondit-il, les larmes aux yeux et la voix tremblante. Je ne sais pas encore où ma vie et mon destin me mèneront, ni quelles épreuves et quelles joies m'attendent lors de cette longue et périlleuse traversée. Mais une chose est sûre et certaine: je me sens, aujourd'hui, heureux et honoré de vous rencontrer et de vous servir, de partager et d'apprendre, à vos côtés, les secrets et les trésors de cette vie religieuse et de cette mission qui m'attirent et m'appellent, et qui me paraissent, à chaque fois que je les contemple et les espère, de plus en plus lumineux et irrésistibles.
La décision de Pepa Mongo d'envisager sérieusement la vie sacerdotale chez les Salésiens
La vie paisible et les traditions du village d'Efumlu Nselek avaient été bercées d'une espérance et d'une préoccupation croissante depuis l'arrivée, il y a quelques semaines, de cet étrange groupe d'hommes vêtus de soutanes blanches. Chaque regard curieux, chaque murmure interrogatif et chaque geste de crainte ou d'admiration, se mêlaient et se répercutaient aux quatre coins d'Ebolowa, soulevant un vent de rumeurs et d'attentes qui, à la fois inquiétaient et émerveillaient, les enfants et les adultes, les paysans et les commerçants, les fidèles et les sceptiques.
Pepa Mongo, un jeune garçon à l'esprit affûté et au cœur brûlant, fils de Alphonse et Thérèse Nkongho, ne pouvait dissimuler son agitation et sa perplexité face à ces énigmatiques missionnaires qui avaient fait leur irruption, tel un torrent de lumière et de sainteté, dans la vie simple et rythmée du village. Il passait des heures, les yeux rivés sur le mur de boue qui entourait l'église et les terres cultivées alentour, cherchant désespérément à percer le mystère et l'aura irrésistible de ces prêtres venus d'ailleurs, qui s'étaient installés dans la paroisse comme des anges gardiens, venus pour les éclairer et les guider, ou pour les éprouver et les juger.
- Dis-moi, papa, avait demandé un jour Pepa Mongo, la voix presque tremblante, qui sont ces hommes en blanc? D'où viennent-ils et pourquoi s'intéressent-ils tant à notre village, à notre dieu, le Christ?
Alphonse, un homme grand et robuste, au visage balafré par le travail acharné et la dévotion infatigable, avait souri en coin. "Ne t'inquiète pas, Pepa," avait-il murmuré avec un clin d'œil complice, "ces hommes sont des missionnaires, des prêtres de la Congrégation des Salésiens de Don Bosco. Je suis sûr qu'ils sont ici pour nous aider, pour nous guider dans notre foi et nos vies."
Ce fut un matin ensoleillé et radieux, alors que les prêtres Salésiens étaient occupés à décharger des caisses de médicaments et de fournitures scolaires destinées aux familles les plus démunies et aux enfants du village, que Pepa Mongo décida enfin de prendre son courage à deux mains et de s'approcher d'eux. Le visage auréolé de lumière et d'assurance, il inclina légèrement la tête et murmura, d'un ton timide mais déterminé:
"Puis-je vous aider, mon père?"
Père Antonio, ayant immédiatement reconnu la voix et la silhouette qui lui étaient désormais familières et nostalgiques, se retourna et échappa un sourire réconfortant et complice. Il saisit le bras adolescent de Pepa Mongo et lui serra l'épaule avec affection.
"Le Seigneur ne cesse de bénir notre paroisse avec de jeunes hommes généreux et déterminés comme toi, Pepa," dit-il en l'entraînant délicatement vers les autres membres de sa communauté qui travaillaient ardemment à leurs côtés. "Viens, je vais te présenter à nos frères."
Et ainsi, guidé par la main bienveillante et protectrice de Père Antonio, Pepa Mongo se laissa introduire et submerger par ce chœur de voix, de rires et d'échanges qui semblait transcender et unir les langues et les cultures, les souvenirs et les attentes, les peurs et les aspirations de ces hommes venus de contrées lointaines et de traditions différentes, pour rejoindre et nourrir, au cœur de cette terre fertile et blessée, le germe et la flamme d'une espérance et d'un amour qui ne demandaient qu'à éclore et grandir.
"Je te présente Père Pedro, originaire d'Espagne, qui est responsable de notre infirmerie et qui consacre sa vie à soigner et guérir les maux et les souffrances de nos frères et sœurs," annonça Père Antonio, en étreignant chaleureusement l'épaule d'un homme d'une cinquantaine d'années, au visage buriné et aux mains gercées par l'expérience et la générosité.
"Enchanté de te rencontrer, Pepa," dit Père Pedro, en lui tendant la main avec un sourire fraternel et authentique. "J'espère que tu te joindras à nous un jour et que, ensemble, nous pourrons ouvrir de nouveaux chemins et de nouveaux horizons pour cette communauté et pour ce continent qui ont tant besoin de nous, et qui nous appellent et nous interpellent, chaque jour, à travers le regard et le cri de ces enfants qui jouent et rêvent, qui souffrent et espèrent."
Pepa Mongo, les yeux brillants et le cœur battant, hocha la tête et serra la main de Père Pedro avec une émotion et une ferveur qu'il n'avait jamais ressenties auparavant. Il savait, au fond de lui, qu'il venait de franchir un seuil irréversible et décisif, qui le conduirait, lentement mais sûrement, vers cette vie et cette vocation qui, depuis sa tendre enfance, avaient habité et guidé chacun de ses désirs et de ses rêves.
"Le Seigneur m'appelle pour vous suivre, pour ouvrir mon cœur et mon esprit à l'amour et à la mission qui vous animent et vous unissent dans cette aventure et ce combat pour la vie et la dignité de nos frères et nos sœurs," répondit-il, les larmes aux yeux et la voix tremblante d'émotion et de gratitude. "Je veux, de toutes mes forces, m'engager et m'abandonner, avec vous et en vous, dans cette quête inlassable et passionnante pour le salut et le bonheur de tous."
Les premiers pas vers la vocation Salésienne: postulat et préparation à Lablé
La brise légère et mélodieuse qui avait accompagné Pepa Mongo tout au long de sa vie à Efumlu Nselek semblait s'être évanouie et dissoute dans les méandres et les brouillards de ce voyage initiatique et incertain qui l'avait conduit, pas à pas et halètement après halètement, aux portes de cette bourgade lointaine et mystérieuse, perdue au milieu des collines verdoyantes et des rivières mugissantes dans la région de Bafia. Lablé, ce nom résonnait à ses oreilles comme une promesse et un défi, un horizon et un abîme, qui l'appelaient et l'effrayaient, le séduisaient et le déroutaient, et qui allaient, pendant de longs mois, sculpter et façonner, dans la chair et dans l'âme, les contours et les reliefs de cette vocation et de ce dessein qui l'habitaient et le guidaient depuis sa tendre enfance.
Père Joseph Ndema, un homme austère et taiseux, aux mains calleuses et aux yeux perçants, l'accueillit à la porte de la maison des postulants où Pepa Mongo allait vivre et se préparer, jour après jour, à assumer et à approfondir cette identité et cette fidélité qui étaient, à la fois, le creuset et la source, l'alpha et l'oméga, de cette existence et de cette mission qui l'attendaient et le transcendaient. « Sois le bienvenu, Pepa Mongo », murmura-t-il, d'une voix grave et solennelle, en lui prenant la main et en l'entrainant, lentement et fermement, vers l'intérieur de cette demeure et de cette famille qui allaient, pour un temps et pour un instant, portées par cette grâce et cette communion qui dépassaient et unissaient les générations et les itinéraires, lui donner refuge et abri, et qui lui permettraient, dans le silence et la détermination, d'écouter et de discerner, d'hésiter et de choisir, ce chemin, cette rencontre et cette destinée qui l'appelaient et le cultivaient, aux confins de cette terre et de ce rêve qui ne cessaient de le nourrir et de l'émouvoir.
Les premiers jours à Lablé furent pour Pepa Mongo un dédale et une valse de découvertes et de surprises, de déceptions et d'émotions, qui déstabilisaient et angoissaient, émerveillaient et ravissaient, l'adolescent qu'il était encore, et qui devait percer et surmonter, avec discrétion et ténacité, les secrets et les énigmes qui lui étaient dévoilés et imposés, avec une rigueur et une bienveillance, qui trahissait et contenait, dans ses replis et ses transparences, cette dualité et cette complexité qui étaient, depuis toujours et pour toujours, l'étoffe et la respiration même, la noces et la fissure, de cette vie et de cette quête qui l'éprouvaient et le sublimaient.
Au rythme des travaux et des offices, des rires et des silences, des confidences et des prières qui jalonnaient et irriguaient ses journées et ses nuits, Pepa Mongo apprivoisait et déchiffrait, un à un et mot à mot, les gestes et les révélations, les épreuves et les élans, les blessures et les espoirs qui, tel un alphabet et un puzzle inachevés et illisibles, bruissaient et bouillonnaient, dans sa mémoire et dans son cœur, et qui, chaque matin et chaque soir, tressaient et effeuillaient, sous le regard scrutateur et attendri de Père Joseph et de ses compagnons d'armes et d'exil, les arpèges et les fulgurances de cette histoire et de cette quête, de ce dévoilement et de cette donation, qui vibraient et résonnaient, discrètes et insoupçonnées, dans la moindre parcelle et la moindre vibration de son être et de son aspiration.
Un soir, alors que le soleil s'était enfoui sous l'horizon et que les ombres et les bruits nocturnes s'étaient épanouis et répandus, dans le souffle et le parfum de cette nature qui s'offrait et se dérobait, Pepa Mongo s'avança timidement vers Père Joseph, le regard hagard et la voix brisée, taraudé et tourmenté, par un sentiment étrange et dévorant, qui le prisonnier et le captif, de cette joie et de cette solitude, de cette certitude et de cet abîme, qui l'effleuraient et le cernaient, et qui menaçaient et chuchotaient, à la fois, sur le fil et le gouffre, ce serment et ce départ, ce rendez-vous et ce legs impérieux et silencieux, qui s'étaient tus et enchaînés, depuis si longtemps et si près, dans les couloirs et les murailles de son présent et de son attente. « Père Joseph », demanda-t-il, le cœur battant et l'émotion débordant, « que dois-je faire et choisir, que dois-je espérer et craindre, que dois-je offrir et perdre, pour me sentir, enfin, digne et paisible, éclairé et apaisé, engagé et abandonné, dans cette vocation et cette responsabilité, dans cette amitié et cette différence, qui m'habitent et me traversent, et qui m'angoissent et m'exaltent, sans trêve et sans répit, depuis l'aube et l'écho de cette destinée et de cette lumière dont je ne sais ni ne peux, malgré moi et malgré tout, trouver et saisir, désirer et prononcer, les traces et les promesses, les clés et les paroles qui me manquent et me dévorent, chaque jour, chaque nuit, chaque murmure de mon existence et de mon éternité ? »
Les étapes de formation spirituelle : postulat, noviciat et philosophie
Pendant des semaines et des mois, Pepa Mongo avait arpenté et scruté, avec lenteur et ferveur, les sentiers et les épreuves, les silences et les terreurs, les doutes et les certitudes qui jalonnaient et scellaient, secrètement et inéluctablement, les contours et les labyrinthes de cette formation spirituelle et philosophique qui étaient, à la fois, le berceau et le tombeau, le refuge et le naufrage, de cette vocation et de cette quête qui l'envahissaient et le consumaient, jour après jour, nuit après nuit.
Le postulat à Lablé, cette première année d'initiation et de découverte, avait été pour lui un baptême et un purgatoire, un déchirement et un émerveillement, qui l'avaient plongé, tête et cœur, corps et esprit, dans un océan et un abîme d'infinis et d'exigences, de joies et de sacrifices, qui allaient, à jamais, modeler et enraciner, avec grâce et gravité, les fibres et les sceaux, les désirs et les murmures, de cette identité et de cette mission qui, malgré tout et malgré lui, le guidaient et le transportaient, avec une force et une douceur, une confiance et une humilité, qui le déconcertaient et le bouleversaient.
Le noviciat à Lomé avait été, quant à lui, un seuil et un horizon, une épreuve et un accomplissement, qui l'avaient initié, à travers les enseignements du maître des novices et l'échange avec les autres novices, venus des quatre coins de l'Afrique, aux mystères et aux splendeurs, aux exigences et aux promesses, de cette vie salésienne et consacrée qui s'était, petit à petit et jour après jour, appropriée et enfouie, dissoute et consacrée, dans les méandres et les renoncements, les rêves et les chuchotements, de cette existence et de cette fidélité qui, désormais, lui appartenaient et le transfiguraient.
Les études de philosophie, enfin, l'avaient confronté et apaisé, ébloui et étourdi, aux sommets et aux abysses, aux faiblesses et aux vertiges, de cette pensée et de cette réflexion qui, depuis l'aube des temps et la profondeur des peuples, avaient habité et porté, illuminé et hanté, chacun de ces mots et de ces gestes, qui sont, à la fois, la source et le fondement, l'éducation et l'accomplissement, de notre humanité et de notre destin.
Un soir, après une longue et harassante journée de travail et de prière, de débats et de rires, de complicité et de recueillement, Pepa Mongo s'était assis, épuisé et rêveur, sous le manguier centenaire qui trônait et s'épanouissait, avec majesté et sérénité, dans le jardin et le cloître du noviciat de Lomé. Ses mains et ses pieds étaient endoloris et engourdis, par les efforts et les corvées, les marches et les travaux, qui avaient, depuis des mois et des années, rythmé et façonné, dans la sueur et l'espérance, les muscles et les veines, les écorchures et les caresses, de cette jeunesse et de cette vitalité qui, malgré les ombres et les peines, les détours et les sécheresses, continuait à éclairer et à émouvoir, à bercer et à questionner, les rivages et les horizons, les racontars et les saveurs, de cette vie et de cette terre qui étaient, désormais, les siennes et les nôtres.
Soudain, au milieu des parfums et des brises enivrantes qui caressaient et enlavaient, incendiaient et réconfortaient, les branches et les feuilles, les oiseaux et les fleurs, de ce paradis et de cette éternité qui se cachaient et s'épanchaient, invisibles et indomptables, dans le creux et l'absolu, de cette immensité et de cette présence qui, telles une mère et une fiancée, un père et un ami, avaient, depuis toujours et pour toujours, protégé et hébergé, dévoilé et nourri, chacun de ses rêves et de ses battements, Pepa Mongo sentit et entendit, comme un écho et un appel, une voix lointaine et familière qui lui murmura, avec tendresse et malice, gravité et douceur:
"Pepa, mon fils, mon frère, mon ami, n'oublie pas, ni ne t'éloigne, ni ne te dérobe, devant les songes et les rencontres qui, chaque matin et chaque soir, t'ouvrent et t'offrent, avec mansuétude et passion, le don et le mystère, le défi et l'attente, de cette existence et de cette vocation qui, au-delà des frontières et des cultures, des générations et des espaces, vibreront et résonneront, avec force et ferveur, dans la profondeur et la simplicité, de ce regard et de ce sourire, de cette parole et de cette main, qui sont, dès l'aube et l'écho, depuis l'horizon et l'origine, le sceau et le berceau, l'alliance et la promesse, de notre fraternité et de notre vie, de notre sève et de notre songe."
Pepa Mongo, les yeux écarquillés et le cœur bouleversé, chercha en vain et s'interrogea, dans les replis et les fumées, les clartés et les chuchotements, de cette nuit étoilée et des ombres qui se teintaient et se modelaient, à chaque souffle et à chaque agitation, à chaque caresse et à chaque murmure, de cette nature et de cette tendresse ténébreuse et indomptable, qui l'appelaient et l'éclairaient, qui le désiraient et le quêtaient, aux confins et aux franges, de ce temps et de cet amour qui, depuis si longtemps et si près, avaient attendu et espéré, dans le secret et la confiance, dans la gratitude et l'émerveillement, l'errance et le retour, l'éveil et l'épanouissement, le rendez-vous et le partage, de cette étreinte et de cette proximité qui, maintenant et à jamais, allaient unir et donner, enflammer et étreindre, à la face et au cœur, de ce monde et de cette vie qui s'étaient, enfin et pour toujours, trouvés et accueillis.
L'entrée de Pepa Mongo dans le postulat à Lablé : une décision déterminante
Pepa Mongo, hanté par les mots qui résonnaient encore en lui, avait pris la décision déterminante d'entrer dans le postulat à Lablé, s'engageant ainsi de manière irrévocable sur le chemin initiatique qui le mènerait, un jour, à l'ordination sacerdotale. Pourtant, il sentait bien que cette décision, lourde de conséquences pour lui et pour sa famille, n'était pas à prendre à la légère, et qu'il devait, avant toute chose, en discuter avec les êtres qui lui étaient les plus chers : ses parents, Alphonse et Thérèse, et son frère aîné, Nydo.
Pepa Mongo avait donc réuni courage et conviction devant l'assemblée familiale, les yeux brillants et la voix tremblante, pour annoncer : «Maman, papa, Nydo, j'ai décidé de me présenter comme postulant chez les Salésiens de Don Bosco, et j'espère que vous comprendrez et soutiendrez mon choix.»
Alphonse, le père catéchiste et menuisier, avait alors posé sur son fils cadet un regard empreint de fierté et d'inquiétude, et avait demandé, avec une gravité mêlée d'espérance : «Pepa Mongo, mon fils, es-tu certain que c'est là la voie que Dieu a tracée pour toi, et que tu es prêt à affronter les défis et les renoncements qui jalonnent le parcours d'un prêtre Salésien ?»
Pepa Mongo, sans hésiter, avait acquiescé d'un signe de tête, et avait répondu, avec une fermeté qui étonna son père : «Oui, papa, je suis convaincu que c'est là ma vocation, et que Dieu me donnera la force et la grâce nécessaires pour la suivre jusqu'au bout.»
Thérèse, la mère aimante et attentionnée, avait alors essuyé une larme furtive qui séchait s'épanouir sur sa joue, et avait pris son fils dans ses bras, murmurant à son oreille : «Pepa Mongo, mon Trésor, quoi que tu fasses et où que tu ailles, sache que notre amour et nos prières t'accompagneront toujours.»
Nydo avait, quant à lui, gardé un silence pensif, laissant la parole à ses aînés, mais lorsque l'étreinte maternelle se desserra et que Pepa Mongo se tourna vers lui, c'est avec un sourire sincère et fraternel qu'il avait dit, chaleureusement : «Pepa Mongo, je suis fier de toi, et je te soutiendrai toujours, dans tes joies et dans tes peines, dans tes épreuves et dans tes responsabilités.»
Ainsi, c'est avec la bénédiction et l'encouragement de sa famille que Pepa Mongo avait franchi, quelques semaines plus tard, les portes du postulat à Lablé, s'engageant résolument et humblement sur cette voie au bout du chemin, qui le mènerait à devenir le prêtre Salésien dont il rêvait depuis si longtemps.
Dès les premiers jours de son arrivée à Lablé, Pepa Mongo fut confronté à une réalité nouvelle et exigeante, qui exigeait de lui une discipline de fer, et une fidélité sans faille aux exigences de la vie religieuse. Entre les heures de prière, de méditation, d'étude et de travail, les journées s'écoulaient, rythmées et soutenues par la règle de vie et l'exemple de ses maîtres et condisciples, avec lesquels il apprenait chaque jour à partager et à vivre en communauté, selon l'esprit salésien de fraternité et de service.
Un après-midi ensoleillé, Pepa Mongo s'était approché de l'un des formateurs du postulat, le Père Noé, plusieurs années de short cérémonial de chef franc-maçon sur les épaules, un homme d'une grande sagesse et d'une infinie patience, qui l'écoutait toujours avec attention et bienveillance.
« Père Noé », lui avait-il demandé, les yeux tournés vers le sol, « pouvez-vous me dire ce que je dois faire pour devenir un vrai prêtre, digne de l'amour et de la confiance de Dieu, capable de guider et d'éclairer les âmes qui me seront confiées ? »
Père Noé, avec un sourire empreint de douceur et de compréhension, avait alors posé une main compatissante sur l'épaule du jeune postulant, et avait répondu, d'une voix calme et apaisante : « Pepa Mongo, tu es déjà sur la bonne voie pour devenir un vrai prêtre Salésien, car tu es sincère dans ta recherche de Dieu, et tu es animé d'un grand désir de servir les jeunes et les pauvres. Le chemin est long et ardu, mais si tu persévères, si tu te laisses guider par la volonté divine et la force de l'amour, tu parviendras à devenir l'homme que tu aspires à être, et ton ministère porteront beaucoup de fruits. »
Le jeune Pepa Mongo avait écouté avec attention les paroles de son sage formateur, et, tout en continuant d'arpenter à pas de loup les sentiers sinueux et mystérieux qui conduisaient, invisiblement, au terme de sa formation et de sa vocation, il s'était fait la promesse intérieure et indéfectible de tenir bon, coûte que coûte, quelles que soient les tempêtes ou les épreuves qu'il aurait à traverser, et de mettre toute sa confiance et son espérance en Dieu, en ses maîtres, en sa famille et en lui-même, afin de parvenir, un jour, là où il avait toujours rêvé et senti, en secret, qu'il devait être et rester, au service et à l'écoute des jeunes et des pauvres, dans la fidélité et l'humilité, jusqu'aux confins de cette Terre qui l'appelait et l'attendait, enfin révélée et réconciliée.
La vie quotidienne et les défis du postulat : prière, travail et étude
Dès les premiers jours du postulat à Lablé, la vie de Pepa Mongo avait basculé dans un tourbillon de défis nouveaux et exigeants, qui l'obligeaient à redoubler d'efforts pour se conformer aux exigences rigoureuses de la vie religieuse et se préparer aux responsabilités qui l'envelopperaient bientôt. Dans cet univers où chaque heure avait sa charge et sa promesse, nourri par l'esprit de communion et l'exemple de ses maîtres et condisciples, Pepa Mongo découvrait l'extrême richesse et les océans de grace qui inondaient chaque parcelle de vie, pourvu que l'on sache les cueillir avec humilité, amour et providence.
Parmi les innombrables défis qui s'imposaient quotidiennement au jeune postulant, la pratique de la prière, qui fondait et nourrissait tous les autres aspects de sa vie spirituelle, occupait une place centrale et significative. Chaque matin et chaque soir, rassemblés dans la petite chapelle du postulat, les postulants et leurs formateurs se confondaient en un chœur vibrant de dévotion et de gratitude, qui montait vers le ciel comme un parfum suave et pourtant puissant, capable de briser les chaînes et les obstacles qui entravaient la marche vers la sainteté et la plénitude.
Outre la prière et la méditation quotidiennes, Pepa Mongo devait également travailler et étudier avec sérieux et constance, pour combler les lacunes et approfondir les connaissances qui feraient de lui un prêtre sage et compétent. Les journées au postulat étaient rythmées par les cours de théologie, d'histoire, de philosophie et de pastoral, entrecoupés de moments de récréation et de travail manuel, qui exigeaient également de leur part une attention soutenue et un engagement sans faille.
Dans ce contexte d'effort et d'épreuves, les relations entre les postulants prenaient une dimension nouvelle et intense, ponctuée de solidarité et d'affrontements, de connivence et de mise à l'épreuve, qui mettaient à nu leurs faiblesses et leurs ressources, tant humaines que divines.
Un soir, alors que Pepa Mongo et un autre postulant, Koutou, s'étaient aventurés dans la forêt pour couper des rameaux destinés à réparer le toit de leur dortoir, ils se retrouvèrent face à face avec une difficulté inattendue : un tronc moisi, offrant une résistance presque diabolique à leurs efforts, à mi-chemin du retour.
Koutou, un colosse massif et rieur, se mit à rire avec un mélange de défi et d'amertume lorsqu'il découvrit le maquis moisi.
- Pepa Mongo, la providence semble avoir décidé de nous mettre à l'épreuve une fois de plus, grogna-t-il, tout en s'essuyant le front d'un revers rageur de la main.
Pepa Mongo, également épuisé et légèrement irrité, ne put s'empêcher de sourire et de rétorquer, mi-sérieux, mi-amusé :
- Ne te laisse pas impressionner, Koutou ; Dieu nous envoie probablement ce tronc pour nous tester et nous fortifier dans la foi.
Koutou secoua la tête, comme procuré par la naïveté et l'ingénuité de son jeune compagnon, avant de soupirer et de lancer sèchement :
- Mon ami, la vie n'est pas toujours un exercice pour les vertus, et il y a des moments où il faut simplement prendre les choses comme elles viennent, sans chercher à y trouver une leçon ou un sens mystérieux.
Pepa Mongo demeura silencieux et méditatif, bousculé par une révélation qui luttait pour naître au creux de son âme : et si, malgré tout ce qui l'avait conduit jusqu'ici, malgré les grâces et les signes qui avaient jalonné son chemin, la prèsentation et l'accomplissement de la voix divine n'était pas toujours un don et un mystère, mais plutôt une épreuve et une conquête, une lutte et une réponse à l'aune de cette réalité fugitive et parfois récalcitrante qui se dérobait devant lui ?
Le noviciat à Lomé : approfondissement spirituel et vie communautaire
Le passage au noviciat marqua indéniablement un tournant majeur dans le parcours de Pepa Mongo. Aussi enthousiaste qu'impatient, mais aussi empli de craintes et d'incertitudes, il se présenta à la porte de la maison des Salésiens à Lomé, au bord de l'épuisement après près de quarante heures de voyage et de pérégrinations à travers le continent. L'ombre du baobab bienveillant qui trônait dans la cour de la maison accueillit ses premiers pas dans cette enceinte inconnue et mystérieuse, où s'écriraient, au fil des jours et des saisons, les chapitres décisifs de sa transformation et de sa consécration.
Le Frère Emmanuel, un homme grand et serein, natif du Togo et formateur au noviciat, l'accueillit avec un sourire bienveillant et chaleureux, qui dissipa aussitôt les ombres de la peur et du doute qui semblaient s'accrocher encore aux moindres recoins de son âme. « Bienvenue chez toi, Pepa Mongo », lui dit-il d'une voix posée et rassurante, alors qu'il l'entraîna vers sa nouvelle chambre, où il devait déposer ses bagages et rejoindre ensuite les autres novices pour une première réunion et un dîner convivial.
Les jours et les semaines qui suivirent furent pour Pepa Mongo l'occasion de découvertes et d'apprentissages multiples et intenses, qui l'amenèrent à plonger avec une détermination inouïe et une soif d'absolu insatiable dans les profondeurs infinies de la vie religieuse et communautaire. Il se lia d'amitié avec plusieurs novices, venus des quatre coins du continent ou d'ailleurs, partageant avec eux les épreuves et les joies du quotidien, les conflits et les réconciliations, les questions et les étincelles de foi qui parsemaient, telles des étoiles filantes, les cieux de leur destinée.
Au fil des mois, Pepa Mongo apprit à se lever aux aurores pour participer aux offices matinaux, à méditer et à prier avec une ferveur constante et renouvelée, à travailler inlassablement et avec amour dans les jardins et les champs voisins, à étudier et à discuter sans fin les textes sacrés et les écrits des religieux qui avaient illuminé de leur sagesse et de leur sainteté la longue histoire des Salésiens, mais surtout à partager et à vivre avec ses frères, 24 heures sur 24, les hauts et les bas, les rires et les larmes de cette vie en commun qu'il avait choisie et embrassée, délaissant tout ce qu'il avait connu et aimé, pour suivre Don Bosco et à se perdre dans cet océan infini qu'était l'Amour de Dieu.
Un dimanche après-midi, alors qu'ils revenaient d'une sortie à la plage, Pepa Mongo et l'un de ses amis les plus proches, Étienne, s'étaient assis à l'écart des autres, sous la frondaison d'un cocotier géant, pour discuter et partager leurs réflexions et leurs émotions du moment.
- Étienne, lui avait demandé Pepa Mongo d'un air pensif et un peu triste, comment parviens-tu à toujours te montrer si joyeux et si confiant, malgré toutes les difficultés et les épreuves que nous traversons ici, chaque jour, sans répit ni repos ?
Étienne, un jeune homme robuste et courageux originaire du Bénin, avait éclaté d'un rire franc et sonore avant de répondre, les yeux pétillants de malice et de tendresse :
- Mon cher Pepa Mongo, il est vrai que la vie au noviciat n'est pas toujours de tout repos, et que nous faisons souvent face à des défis et des situations qui paraissent insurmontables; mais je reste convaincu que nous sommes ici pour une raison, pour apprendre et grandir ensemble, pour nous préparer à servir Dieu et les jeunes, et surtout pour devenir les meilleurs hommes que nous sommes capables d'être. Et cela, mon ami, est une source inépuisable de joie et de confiance, qui me donne la force et le courage d'affronter, avec le sourire et l'espérance, tout ce qui peut se présenter sur notre route.
Pepa Mongo s'était alors tu, frappé par la sincérité et la foi inébranlable que lui inspirait son ami Étienne, et laissant dans son cœur germer, lentement mais sûrement, la semence d'une paix et d'une sérénité nouvelle qui, il le savait désormais, ne dépendaient ni des circonstances ni des succès, mais uniquement de la confiance et de l'abandon total qu'il était prêt à accorder à celui qui l'avait appelé et qui l'accompagnait, jour après jour, dans les sentiers tortueux et lumineux du noviciat, là où tout ce qui comptait réellement était de devenir, chaque jour, un peu plus prêtre, un peu plus Salésien, un peu plus homme et un peu plus saint.
Les enseignements essentiels du noviciat : la règle de vie salésienne et les vœux religieux
La vie au noviciat avait plongé Pepa Mongo dans un tourbillon d'émotions et d'interrogations, qui le portait parfois aux sommets de l'enthousiasme et de la ferveur, mais aussi aux abîmes de la peur et du doute. Au-delà des exigences de la discipline, des horaires et des tâches, les enseignements essentiels de cette étape cruciale de sa formation habitaient ses jours et ses nuits, imprimant en lui les empreintes et les signes d'un engagement total et irréversible.
Les règles de vie salésienne, avec leurs commandements et leurs recommandations, leurs promesses et leurs défis, ressemblaient à une mosaïque complexe et inachevée, qui peu à peu prenait forme et se révélait à lui, comme un portrait intime et vivant de celui qu'il était appelé à devenir. Parmi ces règles, celles qui touchaient aux vœux religieux - la pauvreté, la chasteté et l'obéissance - émergeaient indéniablement comme les piliers, les colonnes qui soutenaient et unifiaient cette architecture invisible de l'esprit et du cœur.
Un matin, à l'aube, pepa Mongo se tenait seul dans la chapelle, un lieu qui lui était cher car il lui permettait d'être en communion avec l'invisible et de trouver refuge dans cette intimité sacrée et silencieuse, loin des rumeurs et des apparences trompeuses du monde extérieur. Après s'être agenouillé et avoir prié avec ferveur et abandon, il se releva et s'adressa soudain à Dieu dans une confession spontanée et émouvante.
- Seigneur, je sais que je suis ici pour une raison, et que tu m'as conduit jusqu'à toi pour que je puisse t'aimer et te servir. Je me sens souvent submergé par la grandeur et l'exigence de cette vocation, car je perçois en moi tant de faiblesses, tant d'ombres et de résistances qui me rendent indigne et incapable de répondre à ton appel.
Le silence se fit alors, creusé par la sincérité et l'humilité de ses mots, tandis qu'une lumière diffuse et apaisante envahissait lentement le sanctuaire, éclairant les visages sereins et bienveillants des saints et des anges qui peuplaient les vitraux et les murs de la chapelle.
Soudain, une voix douce et puissante résonna dans l'espace sacré, enveloppant Pepa Mongo d'un manteau d'amour et de réconfort.
- Mon cher fils, sache que je t'ai choisi et appelé depuis toujours, et que je suis avec toi à chaque instant, dans chaque épreuve et chaque victoire, aussi infimes soient-elles. Ne crains rien, car je suis ton soutien et ta force, ta lumière et ta consolation, et je te conduirai, pas à pas, vers la plénitude de l'amour et de la sainteté que tu cherches avec tant d'ardeur.
- La pauvreté, la chasteté et l'obéissance sont les chemins que j'ai tracés pour toi, et pour tous ceux qui ont décidé de me suivre, afin de se détacher du monde et de ses illusions, et de se consacrer entièrement à ma volonté et à mon service. Embrasse avec courage et fidélité ces vœux, pour que tu puisses être un témoin authentique et lumineux de ma présence et de mon amour parmi les hommes.
Pepa Mongo sentit alors son cœur s'emplir d'une paix inexprimable et d'une joie contagieuse, qui le firent pleurer et sourire à la fois, dans un lâcher-prise des plus libérateurs et exaltants.
- Merci, Seigneur, merci pour tout ce que tu as fait et continues à faire pour moi. Je m'abandonne à toi, et je te promets de consacrer ma vie à aimer, à guider et à protéger tes jeunes, comme Don Bosco et tant d’autres ont su le faire avant moi.
Dans l'écho de ces remerciements et de ces engagements, la chapelle retrouva progressivement son atmosphère de recueillement et de silence, tandis que Pepa Mongo, renouvelé et fortifié dans son amour et dans sa vocation, s'apprêtait à sortir, le cœur gonflé de gratitude et de promesses, pour commencer une nouvelle journée de prière, de travail et d'étude dans la maison du noviciat, où chaque heure et chaque geste étaient désormais pour lui une offrande et une invitation à grandir, dans la foi et dans l'abandon, aux pieds du Maître qui l'aimait et le guidait, depuis l'éternité et pour l'éternité.
Les études de philosophie : le cheminement intellectuel et spirituel de Pepa Mongo
Les études de philosophie: le cheminement intellectuel et spirituel de Pepa Mongo
Le ciel obscur et sans étoile s'étendait au-dessus de sa tête comme un lourd voile de velours, gardien du silence et des pensées insondables qui habitaient son esprit depuis son arrivée à Lomé. Les cyclones d'émotions, tourments, questions et quêtes que les études de Noviciat avaient déclenchés en lui, avaient été remplacés par un océan tranquille et profond, dans lequel il se noyait avec une dévotion de plus en plus fervente et déterminée.
Chaque matin, avant que les premières lueurs du jour ne viennent effleurer l'océan Atlantique et illuminer les rues tortueuses et animées de la ville, Pepa Mongo se levait et se plongeait avec joie et gratitude dans les pages de ces ouvrages de philosophie et de théologie qui peuplaient sa chambre, simples et ordinaires en apparence, mais qui renfermaient en réalité les trésors et les richesses inestimables de l'intelligence et du cœur humains, éclairées et vivifiées par l'amour et la présence de Dieu.
De Platon à Kant, d'Aristote à Descartes, de Jean-Jacques Rousseau à Emmanuel Mounier, les pensées et les paroles de ces génies du passé et du présent se succédaient et se mêlaient en lui comme les vagues d'une marée irrésistible et puissante, bousculant sans relâche ses certitudes et ses croyances, dévoilant peu à peu les strates cachées de l'âme humaine et de la réalité divine, et traçant un sillon lumineux et inédit dans les profondeurs de son être et de son devenir.
L'Institut de philosophie Saint-Augustin, où il avait été envoyé pour poursuivre cette partie cruciale de sa formation, était un petit havre de paix et de sérénité au cœur de la vie trépidante et bouillonnante de Lomé, dans lequel il avait trouvé refuge et réconfort, loin de la foule et du chaos du monde extérieur. Les enseignants et les élèves, venus de divers horizons et milieux, formaient une communauté soudée et engagée, dans laquelle Pepa Mongo avait très vite trouvé sa place, tissant des liens d'amitié et de solidarité qui l'enracinaient davantage dans ce sol fécond et mystérieux de la philosophie.
Un jour, alors qu'il se trouvait dans la bibliothèque de l'institut, en train de lire et de méditer sur les Écritures, une conversation entre deux de ses amis l'arracha à sa concentration et à son calme intérieur. L'un d'eux, un jeune novice nommé Isaac, originaire du Nigeria, se confiait avec émotion et franchise sur les difficultés et les doutes qu'il rencontrait sur son chemin, tant sur le plan intellectuel que spirituel, parfois même jusqu'à la tentation de l'abandon et du repli sur soi.
Pepa Mongo, dont le cœur et l'esprit étaient habités par la compassion et le désir d'aider son prochain, se leva lentement et s'approcha des deux amis, posant sur eux un regard empreint d'amour et de sagesse, ainsi que d'une confiance qui puisait sa source dans les trésors insondables de sa foi et de ses expériences.
- Isaac, dit-il d'une voix douce et paisible, je comprends les tourments et les incertitudes que tu vis en ce moment; et je veux te dire que nous sommes tous, d'une manière ou d'une autre, confrontés à ces mêmes défis et ces mêmes questions qui nous agitent et nous taraudent. Mais sache que dans ces épreuves, aussi douloureuses et déroutantes soient-elles, se trouve une grâce et une lumière qui nous transforment et nous fortifient, nous rendant plus proches de Dieu et de notre véritable vocation.
- La philosophie, poursuivit-il, n'est pas une fin en soi, ni un simple exercice intellectuel; elle est avant tout un chemin, un itinéraire spirituel et personnel qui nous conduit, au-delà des concepts et des discours, à la rencontre de la vérité et de la réalité ultimes, qui dépassent et transcendent tout ce que nous pouvons imaginer ou concevoir. Et c'est seulement en plongeant avec audace et humilité dans ce mystère infini et vertigineux de la pensée et de la foi, que nous pourrons devenir, peu à peu, les êtres libres, conscients et responsables que Dieu attend de nous.
Ces paroles, qui s'élevaient dans le silence de la bibliothèque comme un souffle puissant et inspiré, touchèrent profondément Isaac et l'autre ami qui l'écoutait, ébranlant et bouleversant leurs certitudes et leurs peurs, et leur insufflant, d'une manière inexplicable et inattendue, une force et une espérance nouvelles, qui effaçaient et balayaient, comme un vent impétueux, les ombres et les illusions qui, jusqu'alors, les étreignaient et les oppressaient.
- Merci, Pepa Mongo, murmura Isaac, les larmes aux yeux et la voix tremblante d'émotion; merci pour ta présence et ton écoute, merci pour ces mots de vie et de lumière que tu nous as offerts, et qui, je le sais, resteront gravés en moi comme des étoiles dans le ciel éternel de notre communion et de notre amitié.
Cette scène, qui marquait l'apogée et le sommet du chemin philosophique et spirituel de Pepa Mongo, n'était qu'un avant-goût de l'extraordinaire aventure qui allait suivre, l'amenant à voyager et à servir dans diverses contrées et missions, à rencontrer et accompagner des hommes et des femmes de tous âges et de toutes origines, à partager et à transmettre, avec un amour et une générosité sans limite, les dons et les trésors qu'il avait lui-même reçus et découverts, au fil des années et des épreuves, dans le creuset de son cœur et de son esprit, là où tout était désormais fusion et unité, silence et flamme, évidence et mystère, sous le regard bienveillant et attentif de l'Un et du Tout, de l'Essence et de l'Existence, de l'Alpha et de l'Oméga.
Les rencontres marquantes et les expériences vécues durant la formation spirituelle
Le soleil couchant du golfe de Guinée teintait d'or le sable de la plage, tandis que les vagues venaient se briser doucement sur le rivage, dans un murmure apaisant et régulier. Pepa Mongo marchait lentement le long de la côte, les mains serrées sur son chapelet et les lèvres murmurant des prières silencieuses, tandis que ses pas effaçaient lentement les traces du temps et de l'espace qui s'étaient écoulés depuis son départ du noviciat.
Avec une émotion mêlée de joie et de nostalgie, il se rappelait les rencontres marquantes et les expériences vécues durant ces années de formation spirituelle qui l'avaient conduit, étape par étape, à se forger une personnalité et un caractère conformes à sa vocation et à sa mission de Salésien de Don Bosco.
Il se souvenait avec une gratitude infinie de ses premières années au noviciat, où il avait côtoyé et appris de maîtres et de guides spirituels qui l'avaient soutenu et accompagné dans ses questionnements et ses combats intérieurs, lui transmettant non seulement les enseignements et les règles de vie en communauté, mais également les exemples édifiants et lumineux de leur propre entregent, de leur capacité à s'ouvrir aux autres et à accueillir la richesse et la diversité des cultures, des valeurs et des croyances.
Parmi ces figures marquantes et inoubliables, se tenait particulièrement Père Benoît, un prêtre français d'une cinquantaine d'années, qui avait consacré la majeure partie de sa vie à la formation et à l'accompagnement des jeunes en Afrique, notamment au Togo et au Burkina Faso, et qui avait su tisser avec Pepa Mongo un lien d'amitié, de respect et de fraternité qui transcendait les frontières, les générations et les différences.
Pepa Mongo se souvenait encore de l'une de leurs dernières conversations, un soir d'été, où les étoiles et la brise légère caressaient les palmiers et les arbustes qui s'étendaient autour du noviciat dans un véritable écrin de verdure et de sérénité.
- Mon cher Pepa, avait dit Père Benoît d'une voix empreinte de solennité et de bienveillance, je voudrais te confier un secret, un trésor précieux et inestimable que j'ai découvert au fil des années et des chemins parcourus à travers l'Afrique, auprès des jeunes et des communautés avec lesquelles j'ai eu le privilège et l'honneur de vivre et de partager le message et l'amour du Christ. Ce trésor, qui est à la fois une force et une faiblesse, une lumière et une ombre, une certitude et une interrogation, se trouve au cœur même de chaque être humain, de chaque réalité et de chaque mystère que tu rencontreras et embrasseras dans ton sacerdoce et dans ta mission salésienne.
Il s'était alors rapproché de Pepa Mongo, posant sur lui un regard aussi profond et pénétrant que le ciel qui les enveloppait de sa splendeur et de son mystère, tandis qu'il poursuivait, avec une intensité et une conviction qui faisaient vibrer et tressaillir chaque fibre de son être:
- Ce trésor, c'est la capacité et la volonté de vivre en communion et en harmonie avec soi-même, avec les autres et avec la Création qui nous entoure et nous soutient, en allant au-delà de nos peurs, de nos préjugés et de nos égoïsmes, pour embrasser pleinement et sans réserve la vie et la dignité de chaque personne, de chaque culture, de chaque foi et de chaque destin, dans un élan d'amour, de justice et de paix qui, je le crois et je l'espère, ne connaîtra ni fin ni échec, aussi longtemps que tu seras fidèle et authentique à toi-même, à Dieu et à ton appel salésien.
Ces paroles, qui résonnaient encore en lui avec la force et la clarté d'un écho éternel et sacré, avaient été pour Pepa Mongo une véritable révélation et une prise de conscience bouleversante, qui avaient déterminé et influencé chacune de ses décisions, de ses engagements et de ses rencontres, aussi bien durant ses études de philosophie que dans ses différents stages et missions en Afrique et au-delà.
Il se souvenait avec une vive émotion de ses premières années à Lomé, où il avait été confronté à la réalité des rues et des quartiers défavorisés, peuplés d'enfants et de jeunes abandonnés et laissés pour compte, et où il avait découvert, à travers les actions éducatives et pastorales des Salésiens et des nombreuses associations et ONG présentes sur place, qu'il existait des possibilités et des opportunités pour chacun d'entre eux, pour peu qu'il se donne la peine et le courage de les chercher, de les saisir et de les valoriser, en s'appuyant sur les ressources et les talents que Dieu leur avait confiés et dont ils étaient souvent inconscients ou méfiants.
Parmi ces jeunes, il y avait Koffi, un garçon d'une quinzaine d'années, orphelin de père et mère, qui avait trouvé refuge et espérance dans l'un des centres d'accueil et de formation soutenus par les Salésiens et leurs partenaires, et qui avait su, grâce à l'accompagnement et à l'écoute de Pepa Mongo et des autres éducateurs, se libérer des chaînes et des fantômes qui l'avaient assailli et opprimé depuis sa tendre enfance, et s'ouvrir, avec humilité et persévérance, à un avenir et à un destin fondés sur la confiance, l'estime de soi et la solidarité.
Il se rappelait également de Marie-Agnès, une jeune étudiante togolaise qui, après avoir assisté à l'une des conférences données par Pepa Mongo sur la philosophie et la quête du sens dans la vie, lui avait confié avec émotion, lors d'une rencontre en tête-à-tête, les doutes et les inquiétudes qui l'habitaient et la tiraillaient, et qui l'empêchaient de s'engager pleinement et librement dans un projet ou dans une relation.
Dans l'échange qui s'était ensuivi, empreint d'une profondeur et d'une sincérité qui dépassaient toutes les attentes et les conventions, Pepa Mongo avait su écouter, comprendre et respecter le cheminement et les aspirations de son interlocutrice, sans jamais chercher à l'imposer ses propres croyances ou idées, mais au contraire en l'encourageant et en la soutenant dans la recherche de sa propre voie et de sa propre vérité, avec l'assurance et la discrétion qui caractérisaient sa présence et son engagement auprès de tous ceux qui lui faisaient confiance et qui cherchaient en lui un repère, un témoin et un compagnon.
Aujourd'hui, alors que la nuit tombait lentement sur la plage et sur lui-même, enveloppant de ses ombres et de ses murmures les souvenirs et les émotions qui s'éveillaient et s'entrelaçaient en lui, Pepa Mongo réalisait combien ces rencontres marquantes et ces expériences vécues durant sa formation spirituelle avaient marqué et transformé sa vie et son sacerdoce, l'amenant à considérer et à vivre chaque instant, chaque geste et chaque parole comme autant de défis et d'opportunités pour grandir, tant sur le plan humain que sur le plan divin, en s'abandonnant et en se dépassant, sans relâche et sans regret, dans les bras et sous les ailes du Maître et de l'Esprit qui l'avaient appelé, depuis l'aube de sa vocation, à être et à devenir ni plus ni moins que lui-même, dans la vérité et dans l'amour.
L'apprentissage de la vie missionnaire et l'ordination diaconale
Enfin arrivé au Kenya, ce pays qu'il avait tant rêvé de connaître, Pepa Mongo sentit son cœur bondir de joie et d'excitation, comme s'il avait franchi une nouvelle étape, un nouveau palier sur l'échelle invisible et mystérieuse qui le reliait et le guidait, depuis son enfance à Efumlu Nselek, vers l'infini et l'universel, sous les étoiles et les voiles d'un sacerdoce qu'il avait choisi et embrassé avec foi et conviction, mais aussi avec humilité et gratitude, sachant qu'il ne serait jamais seul ni abandonné, tant qu'il marcherait pieds nus ou porté par les ailes d'un amour plus grand et plus fort que lui-même, dans les traces et les pas de Don Bosco et de Jésus.
Les premières semaines à Nairobi furent pour lui un véritable dépaysement, mêlé de découvertes et de surprises, mais également de difficultés et d'épreuves, qu'il affrontait et surmontait avec une détermination et une persévérance dignes de son éducation et de ses valeurs. Les rues grouillantes et animées de Karen, les sourires et les regards curieux des enfants et des habitants qui croisaient son chemin, la richesse et la diversité des langues et des cultures qui se mêlaient et se bousculaient dans les marchés, les églises et les écoles, tout cela formait une sorte de mosaïque, de kaléidoscope en perpétuel mouvement et en perpétuelle métamorphose, qui l'ébranlait et le fascinait, malgré la fatigue et les défis qu'elle ne manquait pas de susciter et d'engendrer, tel un reflet ou un écho de sa propre condition et de sa propre quête, encore inachevées et insaisissables, à l'image de l'horizon et du ciel qui se fondent et se confondent dans les nuages et les flots de la mer.
L'apprentissage de l'anglais, langue indispensable et universelle pour la communication et la formation au sein de la Congrégation salésienne, au Kenya et au-delà, se révélait pour Pepa Mongo à la fois un défi passionnant et une épreuve ardue, qui l'obligeait à faire appel à toutes ses ressources et à toutes ses facultés pour maîtriser et exprimer, tant au niveau oral qu'écrit, les idées, les expériences et les émotions qui l'habitaient, le nourrissaient et le bousculaient depuis son entrée au noviciat, puis au séminaire et à la maison Don Bosco de Lomé. Il lui fallait, jour après jour, semaine après semaine, s'armer de patience, d'écoute et d'humour, pour déjouer et dépasser les pièges et les obstacles qui se dressaient sur le chemin de la connaissance et de l'expression, tels des colosses menaçants et impitoyables, qui le sommaient de choisir, de trancher et de renoncer, sans jamais se laisser prendre ni étouffer par la peur, la solitude ou le doute.
Dans cette lutte, qui était à la fois linguistique, intellectuelle et spirituelle, Pepa Mongo trouvait, souvent sans le savoir ni le chercher, le soutien et l'aide d'amis, de professeurs et de compagnons qui, comme lui, avaient traversé les déserts et les montagnes de leurs pays, de leurs vocations et de leurs destins, pour atterrir et déployer leurs ailes dans la cité, le séminaire et la communauté de Don Bosco Utume à Karen. Parmi ces compagnons de route et de lutte, se trouvait Sœur Agnès Mvondo, une religieuse kenyane au sourire lumineux et à l'esprit vif et curieux, qui enseignait l'anglais et l'histoire de l'Afrique aux étudiants et aux séminaristes de Langata et de Nairobi. C'est elle qui, voyant en Pepa Mongo l'étoffe et la flamme d'un authentique disciple et missionnaire, avait pris l'initiative de l'accompagner et de le soutenir dans son apprentissage et ses épreuves, comme si elle avait deviné et reconnu en lui un reflet, un écho de sa propre quête et de son propre appel, sous l'éclat et la chaleur d'un soleil et d'un amour qui ne connaissent ni frontières ni déclin, ni ombre ni regret, tant qu'ils demeurent ancrés et irrigués par l'eau vive et l'âme vive d'un témoignage et d'un engagement fidèles et désintéressés, à l'image du Maître et de l'Esprit qui les habitent, les inspirent et les transcendent, dans les turbulences et les silences, les joies et les larmes, les ouragans et les étreintes d'une terre, d'une humanité et d'une histoire qui sont leurs, et qui, en retour, s'offrent et se donnent à eux, en attente et en espérance d'une réponse et d'une écoute, d'une parole et d'un geste, d'une caresse et d'une présence qui font vibrer et résonner le monde et l'univers, dans l'harmonie et l'éternité d'un cantique d'amour et de paix, aux couleurs et aux saveurs d'un océan, d'une brise et d'une promesse qui défient l'espace, le temps et la mort, pour se réfugier et se réunir, comme un seul corps et un seul esprit, dans les bras et les yeux de l'Un et du Tout, du Père et de la Mère, de l'Alpha et de l'Oméga.
L'arrivée de Pepa Mongo au Kenya et l'apprentissage de l'anglais
Lorsque Pepa Mongo mit pour la première fois les pieds sur la terre africaine du Kenya, son cœur et son esprit furent emplis d'une multitude d'émotions contradictoires.
La joie de se lancer dans une nouvelle aventure, l'excitation de s'immerger dans une nouvelle culture, le soulagement d'avoir franchi le seuil qui le séparait de son passé; tout cela se mêlait à l'appréhension face à l'incertitude de l'avenir, l'inquiétude de quitter pour un long moment ses amis et sa famille, et la nostalgie des souvenirs heureux qu'il laissait derrière lui, comme autant de grains de sable emportés par le vent et la mer, au-delà des frontières et des horizons qui s'étaient ouverts devant lui.
En contemplant le paysage qui défilait sous les yeux, loin des champs de maïs et des marchés animés d'Ebolowa, il se laissait gagner par une curiosité et un émerveillement qui effaçaient, l'espace d'un instant, les craintes et les regrets qui l'assaillaient, et qui le poussaient à redoubler d'efforts et de détermination pour maîtriser et apprivoiser la langue anglaise, dont la maîtrise était une condition sine qua non pour poursuivre et réussir sa formation théologique et son intégration au sein de la congrégation salésienne et de la communauté internationale.
Les premières heures de cours à Nairobi furent pour lui un véritable baptême de feu, marqué par des malentendus et des maladresses qui le plongeaient dans des abîmes de perplexité et d'humiliation, mais aussi de rires et de complicité avec les autres étudiants et enseignants qui, venus de tous les coins du continent et même au-delà, partageaient avec lui ce même défi et cette même ambition de se forger un destin et une identité, à l'image de ces oiseaux migrateurs et ces explorateurs intrépides qui, risquant tout et bravant tous les obstacles, osent tracer et suivre le sillage d'un songe et d'un amour qui les entraînent et les transcendent, en les reliant et en les unissant au souffle et au rythme d'une vie et d'une histoire en perpétuelle évolution et mutation.
C'est au sein de cette aventure et de ce tumulte, lui rappelant parfois les échos et les remous de sa propre initiation et de son propre parcours entre le Cameroun, le Togo et l'Afrique du Sud, que Pepa Mongo apprit peu à peu, avec patience et courage, à articuler et à partager, en anglais, ses pensées, ses rêves et ses aspirations, ainsi que les leçons et les expériences qui l'avaient jusqu'alors façonné et guidé sur les chemins de la vie et de la foi, à travers les rencontres et les épreuves qui l'avaient marqué et transformé.
Un jour, lors d'une discussion en classe sur la diversité et la complémentarité des charismes religieux, Pepa Mongo fut pris au dépourvu et interrogé par l'un de ses condisciples, Silas, un étudiant kényan au sourire espiègle et à l'esprit vif, sur la raison pour laquelle il avait choisi de devenir prêtre salésien, et non pas diocésain ou membre d'une autre congrégation, telle que les Jésuites, les Pères Blancs ou les Carmes. Pépa Mongo, un peu décontenancé et intimidé, chercha en vain les mots et les arguments qui auraient pu exprimer et justifier, aux yeux de ses camarades et de lui-même, la nature et la profondeur de son appel et de son engagement, ainsi que l'essence et la beauté de sa rencontre et de sa communion avec Don Bosco et avec les Salésiens, des rives escarpées et mystérieuses de son enfance à Efumlu Nselek jusqu'aux champs et aux cieux infinis de sa mission et de son sacerdoce, en passant par les sentiers et les orages de son adolescence et de sa jeunesse, tissés et illuminés par les mains et les lumières d'un amour et d'une paternité qui dépassent et transcendent les frontières, les noms et les couleurs, les ombres et les étoiles, les larmes et les sourires.
Devant le silence et l'émotion de Pepa Mongo, Silas, d'abord surpris et intrigué, puis touché et admiratif, se leva lentement et s'avança vers lui, avant de le serrer dans ses bras et de lui murmurer, à mi-voix, comme s'il voulait lui confier un secret et un trésor, les mots et les images qui allaient changer et illuminer pour toujours le regard et le visage de son ami et de son frère, en lui offrant et en lui révélant, avec une douceur et une vérité qui ne connaissent ni distance ni détour, la clé et l'écho d'un amour et d'un sacerdoce qui sont et demeureront, jusqu'à la fin des temps et au-delà, la raison et la flamme de son existence et de sa quête, au carrefour et à l'horizon d'une rencontre, d'une communion et d'une alliance qui ne se laissent enfermer ni résumer par les mots, les formules et les doctrines, mais qui se vivent et se découvrent, avec humilité et fierté, dans les profondeurs et les mystères d'un cœur et d'un esprit qui, en brisant et en renouvelant les certitudes et les limites, s'épanouissent et s'envolent, comme un phénix et un chant d'amour, vers l'infini et l'inconnu, dans les marges et les pas d'un Dieu qui, bien avant et bien au-delà des dénominations et des charismes, a choisi et apellé Pepa Mongo, et tous ceux et celles qui le suivent et le cherchent, à être ses témoins et ses ouvriers, ses amis et ses époux, ses enfants et ses serviteurs, dans la beauté et la fécondité d'un amour qui est et demeure, à travers tous les détours et les silences, toutes les épreuves et les souffrances, toutes les croix et les résurrections, la permanence et la plénitude, la source et le sommet de toute vocation, de toute fidélité et de toute espérance.
Les études de théologie et la découverte des divers charismes religieux
Le soleil brûlant de l'Afrique était sur le point de disparaître derrière les collines de Langata, remplissant le ciel d'un mélange de nuances de violet, d'orange et de rose qui faisaient écho au tumulte d'émotions qui bouillonnaient dans les cœurs et les esprits des étudiants et des professeurs de théologie du Tangaza College, réunis à l'ombre des acacias et des jacarandas qui bordaient les allées sablonneuses et les sentiers creux.
C'était la fin d'une autre journée de cours et de débats passionnés sur les questions lancinantes et les défis humains, moraux et spirituels qui traversaient et façonnaient leur époque, leur identité, et leur vocation, des enjeux aussi variés et complexes que la justice sociale, la réconciliation, la foi et la raison, l'autorité et la liberté, le dialogue et le témoignage, la singularité et l'unicité du Christ et de son Église, dans un monde pluriel, profane et en quête de sens, de paix et de repères.
Parmi ces chercheurs et ces témoins de la Bonne Nouvelle, les jeunes vocations diocésaines et religieuses, hommes et femmes, étaient particulièrement bien représentées, avec une diversité de charismes et de spiritualités qui témoignaient, malgré les différences et les tensions, d'une richesse, d'une communion, et d'un appel qui dépassaient et transcendaient les frontières, les étiquettes, et les préjugés, pour puiser leur force et leur inspiration à la même source, le même mystère, le même amour, qui jaillissent et s'incarnent, dans la vie et la mission de Jésus-Christ.
Parmi eux se trouvait Pepa Mongo, le jeune salésien camerounais, qui, depuis son arrivée au Kenya, six mois plus tôt, avait dû affronter et surmonter les défis inattendus et les épreuves douloureuses d'un choc des cultures et des sensibilités, autant que les exigences et les vertiges d'un apprentissage intensif de l'anglais, et qui désormais, nourri et fortifié par les enseignements et les rencontres, les dialogues et les prières, les errances et les confidences, les rêves et les doutes qui avaient jalonné et illuminé son parcours, était plus que jamais déterminé et enthousiaste, à l'idée de participer et de contribuer, à sa manière et selon sa vocation, à la construction et à la proclamation d'un Royaume de justice, d'amour, et de paix, pour tous les peuples et toutes les créatures, dans l'attente et l'espérance d'une gloire et d'une éternité qui sont et demeurent, au-delà des mots, des images, et des signes, l'horizon et le terme, la quête et le repentir, la victoire et la consolation de toute l'histoire.
- Vous savez, Pepa, lui confia un soir Rebecca, une séminariste méthodiste qui était devenue l'une de ses amies les plus proches et les plus complices, je crois sincèrement que si nous voulons vraiment être des témoins crédibles et des bâtisseurs de ponts dans ce monde déchiré et en perte de repères, il nous faut d'abord et avant tout nous engager, dans l'amitié et le dialogue, le pardon et l'écoute, avec les autres chrétiens et les autres religions, sans jamais céder à la tentation de l'intolérance, de la méfiance ou de l'exclusion, qui ne font que dénaturer et trahir l'Évangile et la grâce qui nous sont confiés et offerts, comme un trésor et un ferment, un baume et une flamme qui doivent illuminer et guérir, rassembler et sanctifier notre humanité, enracinée et irriguée, depuis toujours et pour toujours, dans le cœur et l'esprit, la volonté et la présence de Celui qui est, qui était et qui vient, avec force et douceur, patience et miséricorde, sagesse et prodigalité.
Pepa Mongo la regarda, les yeux plongés dans les siens, et sentit monter en lui une vague d'émotion et d'admiration, mêlée de gratitude et d'espérance, devant la justesse et la vérité, l'humilité et la fermeté de ses paroles. Il prit sa main et la pressa doucement, avant de répondre, avec un sourire et un élan qui trahissaient et révélaient, dans chacune de ses paroles, l'écho et la profondeur de son expérience, de sa foi et de son désir de grandir et de servir, comme disciple et comme missionnaire, dans les pas et les traces, les rires et les larmes, les silences et les épreuves, les doutes et les certitudes, les croix et les résurrections, qui sont et demeurent, jusqu'à la fin des temps et au-delà, le signe et la promesse, la vie et la vérité, la voie et la lumière d'un amour et d'un sacerdoce, qui ne connaissent ni ombre ni déclin, mais qui s'enracinent et se déploient, avec audace et persévérance, générosité et abandon, dans les profondeurs et les mystères, les labyrinthes et les espaces, les rencontres et les gestes, les paroles et les silences, qui font vibrer et résonner, dans les cieux et sur la terre, dans les eaux et les déserts, les montagnes et les vallées, les océans et les forêts, les villages et les villes, les ruisseaux et les ravins, le souffle et le rythme, la clameur et l'élan, le désir et l'espérance, la nostalgie et la joie, la mémoire et l'oubli, la lumière et l'ombre d'une histoire et d'une alliance qui sont et demeurent, pour toujours et à jamais, à l'image et à la ressemblance, dans la passion et dans la gloire, de l'Unique et du Tout, du Père et du Fils, de l'Alpha et de l'Oméga.
La rencontre avec la communauté kenyane et l'expérience interculturelle
À peine descendu de l'avion sur le sol kényan, les senteurs et les voix qui l'entouraient plongèrent Pepa Mongo dans un monde nouveau et mystérieux. Il fut aussitôt accueilli par Père Francis, un missionnaire salésien d'origine irlandaise, qui l'accompagna jusqu'à la communauté de Don Bosco Utume à Karen, où d'autres Salésiens attendaient de faire sa connaissance. Pepa Mongo, un peu intimidé, se laissa guider dans l'enceinte de la communauté et se présenta timidement à ses nouveaux frères.
Ce soir-là, il tint à peine éveillé au repas, où le directeur de la communauté, Père Ezekiel, le présenta officiellement aux autres membres. Pepa Mongo eut du mal à saisir chaque prénom et chaque visage dans la mosaïque internationale qui lui faisait face. Il y avait là des Salésiens de toutes origines : Indiens, Italiens, Irlandais, Kényans, Nigérians, Polonais et Tanzaniens.
Après quelques jours d'acclimatation et d'apprentissage timide de l'anglais, Pepa Mongo fut rapidement intégré dans la vie de la communauté et dans les activités pastorales du quartier. Ses frères étaient heureux de partager leurs expériences et de lui enseigner leur langue. Il fut surpris par la gentillesse, l'ouverture et la bienveillance dont ils faisaient preuve à son égard.
Au fil des semaines et des mois, Pepa Mongo noua des amitiés solides avec certains d'entre eux, notamment avec Sœur Agnès Mvondo, une religieuse kenyane qui l'introduisit à la culture et aux coutumes du pays.
Un jour, alors qu'ils se promenaient dans l'un des nombreux marchés manufacturés des bidonvilles des périphéries de Nairobi, Sœur Agnès l'invita à prendre le temps de s'arrêter et d'échanger avec les habitants.
- Pepa, lui dit-elle en haussant la voix pour couvrir le brouhaha ambiant, l'une des plus belles choses que je puisse te dire sur le Kenya, c'est à quel point nous sommes fiers et unis malgré les différences et les difficultés de notre histoire. Chaque tribu, chaque famille, chaque individu a ses propres coutumes, ses propres rêves et ses propres espoirs. Pourtant, nous sommes tous Kényans. Et notre avenir est à nous. Nous avons tellement appris sur le pardon et la réconciliation après les violences post-électorales de 2007.
Pepa Mongo, son regard perdu dans l'océan de visages qui les entouraient, acquiesça en silence. Il sentit alors son propre cœur s'ouvrir et s'épanouir, comme une fleur arrosée par l'eau de la rencontre et de l'amitié interculturelle. Il comprit que derrière chaque regard, chaque sourire, chaque geste, se cachait une histoire, une vie, un mystère qui défiait et enrichissait sa propre compréhension de l'homme, de Dieu et du monde.
Alors qu'ils s'éloignaient du marché, Sœur Agnès lui glissa, bras dessus bras dessous.
- Tu vois, Pepa, malgré toutes nos différences, toutes notre divisions et toutes nos erreurs, nous sommes un seul et même peuple. Nous formons le corps du Christ, unifié dans l'amour. Et quoi qu'il puisse se passer ailleurs dans le monde, ici en Afrique, notre unité est notre force, notre lumière et notre espoir.
Pepa Mongo écouta les paroles de Sœur Agnès avec attention. Il savait qu'elle avait raison et qu'elle venait de lui offrir un trésor inestimable : la reconnaissance et la célébration de la diversité humaine, de la beauté et de la dignité qui résident en chacun de nous, comme un écho et un reflet, une promesse et une invitation, à la beauté, à la dignité et à l'éternité qui sont et demeurent, au-dessus et au-delà de toutes les frontières, de toutes les divisions et de toutes les ombres, le signe et la source, la grâce et le mystère, le don et la présence de Celui qui est, qui était et qui vient, avec amour, justice et miséricorde, dans les marges et les pas, les rires et les larmes, les silences et les cris, les épreuves et les victoires, les joies et les souffrances, les désirs et les rêves, les rencontres et les partages, les élans et les chemins, les espaces et les horizons de notre humanité, appelée et engagée, enracinée et déployée, à la rencontre et à l'écoute, à l'image et à la ressemblance de l'Infini et de l'Aimant, du Fils et de l'Esprit, de l'Ouvert et de l'Incarné. Le crépuscule tombait sur Nairobi, et Pepa Mongo sut, en contemplant la ville qui s'étendait devant lui, qu'il avait trouvé, en ce jour et en ce lieu, un foyer et une famille qui ne se laisseraient ni oublier ni trahir, mais qui accompagneraient et éclaireraient, jusqu'à la fin des temps et au-delà, son pèlerinage et son découpage, son témoignage et son sacerdoce, son amour et sa solitude, sa fidélité et son espérance.
La préparation à l'ordination diaconale à Upper Hill
Pepa Mongo avait à peine le temps de reprendre son souffle en finissant ses études de théologie à Tangaza College que déjà se profilait une étape déterminante dans son parcours spirituel : la préparation à l'ordination diaconale à Upper Hill. Il ne lui restait que quelques semaines pour se préparer à ce grand tournant dans sa vie. Les jours qui suivirent semblèrent s'écouler à la vitesse de l'éclair et l'angoisse de ne pas être à la hauteur s'insinuait dans chacun de ses pas.
Un matin, alors que Pepa Mongo était plongé dans sa lecture à la bibliothèque, les yeux rivés sur les Épîtres de Saint Paul, il sentit une main se poser doucement sur son épaule. C'était Père Jean-Baptiste, son supérieur provincial. Ils avaient travaillé ensemble de près depuis son entrée chez les Salésiens, et Pepa Mongo sentait pour ce mentor, une grande admiration et un profond respect.
- Mon cher Pepa, je vois que tu es de plus en plus plongé dans tes pensées et tes inquiétudes. Je pense qu'il est temps que nous parlions de ta préparation pour l'ordination. Père Jean-Baptiste avait cette capacité rare de percevoir les tourments intérieurs de ses interlocuteurs, et il savait comment les amener à les exprimer sans crainte ni honte.
Pepa Mongo leva les yeux de son livre, les lèvres tremblantes. Les mains moites, il savait qu'il devait prendre le taureau par les cornes et avouer ce qui le tourmentait.
- Mon Père, je suis profondément honoré d'avoir la chance de servir Dieu en tant que diacre, puis comme prêtre. Mais je crains de ne pas être à la hauteur des attentes et des responsabilités qui m'incombent. J'ai peur de décevoir ceux qui m'ont soutenu et guidé tout au long de mon chemin, et surtout, j'ai peur de ne pas être digne de l'amour de Dieu qui m'a appelé à son service.
Le silence s'installa entre eux, et un rayon de soleil filtrant à travers la fenêtre embruma les yeux de Pepa Mongo, magnifiant sa vulnérabilité.
Père Jean-Baptiste, posant sa main encore une fois sur l'épaule du jeune homme, répondit d'une voix chaleureuse et rassurante:
- Pepa, n'oublie jamais que Dieu ne nous appelle pas parce que nous sommes parfaits, mais parce qu'il voit en nous un cœur sincère et prêt à se donner pour son peuple. Les doutes, les peurs et les imperfections sont naturels, et chaque être humain est appelé à faire face à ses propres faiblesses. Mais il est en ces moments de doute que notre foi prend tout son sens.
Les paroles de Père Jean-Baptiste résonnaient dans l'esprit de Pepa Mongo comme une mélodie pleine de sagesse et d'amour. Il se rappelait la conviction et le dévouement que ses parents avaient transmis à sa famille et à lui-même et se rendait compte que, malgré les obstacles, il avait toujours été soutenu et guidé par Dieu.
Les jours qui suivirent cette conversation, Pepa Mongo se jeta corps et âme dans sa préparation pour l'ordination diaconale. Père Jean-Baptiste avait insisté sur l'importance de la prière et du partage avec les autres membres de la communauté pour fortifier sa foi et se recentrer sur l'essentiel.
Et c'est ainsi qu'un matin, le cœur à la fois rempli d'appréhension et de joie, Pepa Mongo se présenta à l'autel de l'église d'Upper Hill, vêtu de sa soutane noire, les mains jointes en prière. Malgré les doutes qui assaillaient encore son esprit, il osait croire en sa vocation et en l'amour de Dieu qui avait guidé ses pas jusqu'à ce jour.
L'ordination diaconale et les responsabilités qui en découlent
Les premières lueurs de l'aube venaient tout juste de faire leur apparition, diffusant sur le ciel nairobi une teinte rosée des plus délicates. Dans sa petite chambre au sein de la communauté Don Bosco Utume à Karen, Pepa Mongo lut les quelques mots griffonnés à la hâte sur un bout de papier qu'il tenait à peine entre ses doigts tremblants :
« Mon cher Pepa,
Je te souhaite beaucoup de courage et de force pour l'ordination diaconale d'aujourd'hui. Sois assuré de mes prières et de mon soutien, même si je ne peux être à tes côtés en ce jour si important. Que Dieu te bénisse et t'accompagne toujours.
Amicalement,
Sœur Marie-Clémence »
Les larmes montèrent aux yeux de Pepa Mongo tandis qu'il repliait soigneusement le message plein d'affection et d'encouragement, se souvenant des premières rencontres avec Sœur Marie-Clémence lors de ses années au Collège Bonneau. Comment aurait-il pu imaginer alors qu'il se tiendrait aujourd'hui à l'aube de son ordination diaconale ? Et pourtant, malgré les doutes et les épreuves qui avaient jalonné son parcours, il était là, prêt à franchir un nouveau palier tout en restant toujours animé de cette volonté ardente de servir Dieu et les siens.
Soudain, un coup frappé à la porte le tira de ses pensées, et la voix de Père Jean-Baptiste retentit :
- Pepa, es-tu prêt ? Nous devons y aller. Ta nouvelle vie commence aujourd'hui !
Le jeune homme acquiesça, et bientôt, il quitta la communauté en compagnie de son mentor, ayant pour seule réponse à offrir aux encouragements et félicitations de ses frères et sœurs religieux un sourire timide, trahissant à peine son émotion. La route qui les menait au sanctuaire marial d'Upper Hill, siège provincial des Salésiens où se déroulerait l'ordination, leur sembla à la fois interminable et bien trop courte, comme si chaque virage les rapprochait un peu plus de l'inconnu.
Enfin, ils arrivèrent sur les lieux, découvrant déjà une nombreuse assemblée réunie pour l'événement. Au milieu de la foule, Pepa Mongo cherchait frénétiquement des visages familiers, des personnes qui avaient marqué son parcours et qui seraient là pour le soutenir lors de cette étape cruciale. Ses yeux rencontrèrent ceux de Sœur Agnès Mvondo, la Kenyane qui avait tant fait pour l'aider à s'adapter à la culture et à la langue du pays, et un sourire éclaira son visage.
- Mon ami, lui chuchota-t-elle en l'attirant contre elle pour l'étreindre avec force, quelle joie de te voir ici, sur le point de franchir ce pas tant attendu ! Que le Seigneur te comble de sa grâce et te guide sur le chemin de ton diaconat.
Le cœur de Pepa Mongo se réchauffa à ces mots, et il se détacha lentement de l'étreinte de son amie pour rejoindre Père Jean-Baptiste qui l'appelait à l'autel. Les rayons du soleil matinal baignaient la scène d'une aura divine, et l'assemblée retenait son souffle en observant le jeune homme revêtir la dalmatique qu'on lui tendait avec un mélange de fierté et d'humilité. Puis vint le moment tant redouté, celui où la main de l'évêque se posa sur sa tête, scellant ainsi son engagement envers Dieu et sa mission.
- Nous t'ordonnons comme diacre aujourd'hui, Pepa Mongo, véritable serviteur du Seigneur, pour qu'à travers toi, la Parole de Dieu retentisse dans les cœurs de tous ceux que tu rencontreras, proclama l'évêque, la voix empreinte de solennité.
Tandis que les derniers mots de cette bénédiction résonnaient dans la chapelle, des larmes de gratitude pure envahirent le regard de Pepa Mongo, et il sentit son cœur vibrer d'un amour incommensurable à la fois pour Dieu et pour ceux qu'il aurait désormais pour mission de guider sur le chemin de la foi.
Le stage diaconal en Afrique du Sud et ses défis
Le vent soufflait doucement sur les toits de tôle ondulée de la petite paroisse d'Ennerdale, faisant danser les grains de poussière sur le sol aride. Pepa Mongo, le regard perdu au loin vers les collines de Johannesburg, réalisait la chance qu'il avait de se retrouver à des milliers de kilomètres de son village natal, suivant les pas d'un Dieu aimant et miséricordieux qui l'avait conduit jusque là. Tout de même, rien ne l'avait préparé à l'ampleur des défis qui l'attendaient en tant que diacre stagiaire en Afrique du Sud.
Ennerdale, avec sa population majoritairement noire et afrikaaner, les rescapés des townships et les stigmates encore visibles de l'apartheid, était loin d'être un havre de paix et de bonheur. Les fléaux sociaux tels que le chômage, la violence et la délinquance juvénile ne laissaient aucun répit à cette jeunesse en quête d'identité et de justice.
Pepa Mongo s'était engagé corps et âme dans cette mission diaconale auprès des jeunes Sud-africains, mettant en pratique tout ce qu'il avait appris au cours de ses études de théologie, et surtout, puisant dans cette réservoir inépuisable d'amour que Dieu avait déposé en lui. Cela n'était pourtant pas toujours aisé, car le doute et les incompréhensions le harcelaient à chaque rencontre, à chaque sourire crispé ou larme silencieuse qui incontrôlablement coulait sur les joues souillées des enfants.
C'était précisément au cours de l'une de ces rencontres que Pepa Mongo eut le choc de sa vie, le jour où il fit la connaissance de Siyabonga, un jeune garçon d'une douzaine d'années, orphelin et livré à lui-même dans les rues hostiles d'Ennerdale. Siyabonga, méfiant et désabusé, se tenait toujours à l'écart des autres enfants, fuyant comme la peste les caresses et les mots de réconfort. Pepa Mongo, qui l'avait remarqué depuis plusieurs jours déjà, se décida finalement à l'aborder.
- Mon garçon, dit-il avec douceur en posant sa main sur l'épaule frêle du jeune Siyabonga, pourquoi restes-tu toujours si isolé ? Ne me crains pas, je suis là pour t'aider, pour t'écouter, si seulement tu me laisses te montrer le chemin.
Siyabonga, interloqué par cette main qui ne cherchait ni à le prendre ni à le blesser, se laissa finalement approcher et l'écouta avec attention. Le jeune diacre, avec des mots simples et sincères, lui parla de l'amour infini de Dieu, de la vertu de la réconciliation et du pardon qu'il pouvait trouver dans le sacrement de la confession.
- Mais en quoi cela me concerne-t-il ? répondit Siyabonga avec un mélange de colère et d'amertume. Regarde autour de toi, regarde ce monde brisé dans lequel nous vivons... Où est l'amour de Dieu, où est cette justice que tu prônes ? Dites-moi, Père, comment croire en un amour qui semble si lointain et inaccessible ?
Pepa Mongo, touché par la souffrance et le désarroi de cet enfant, sut qu'il ne suffirait pas de lui délivrer un sermon théologique. Son acte d'abandon à la grâce divine le conduisit à poser un simple geste, en se mettant à genoux devant Siyabonga, les mains jointes et le regard empli de compassion.
- Mon enfant, je ne suis pas ici pour t'imposer une vérité ou pour te juger. Je veux simplement t'offrir mon soutien, comme un frère, et te dire que tu n'es pas seul. J'aimerais simplement être capable, par ma présence et ma prière, de t'accompagner dans tes souffrances et de te montrer qu'il y a encore de l'espoir en ce monde, qu'il y a encore une bonté cachée dans nos cœurs, qui ne demande qu'à éclore.
C'est ainsi que Pepa Mongo apprit progressivement à apprivoiser Siyabonga et ses camarades de la rue, à travers des gestes simples d'amour et d'empathie. Il s'épanouissait jour après jour, portant la lumière du Christ dans ces contrées arides et déchirées, augusternellement guidé par sa foi, la présence invisible et bienveillante de Dieu et le soutien indéfectible de ses confrères et amis salésiens.
Le vent, doucement, continuait de souffler sur Ennerdale, caressant le visage radieux de Pepa Mongo et des enfants qui l'entouraient, et accompagnant la prière d'action de grâce qui montait vers le ciel, telle une colombe aux ailes déployées, emportant avec elle les fardeaux, les rêves et les espoirs de cette jeunesse en quête de rédemption et de paix intérieure.
Les premières lueurs de l'aube venaient tout juste de faire leur apparition, diffusant sur le ciel nairobi une teinte rosée des plus délicates. Dans sa petite chambre au sein de la communauté Don Bosco Utume à Karen, Pepa Mongo lut les quelques mots griffonnés à la hâte sur un bout
Le retour à Yaoundé et les perspectives pour l'ordination sacerdotale
Le périple de Pepa Mongo à travers l'Afrique, du Togo au Kenya en passant par la l'Afrique du Sud, l'avait changé à jamais. Chacune de ces étapes lui avait offert de nouvelles perspectives et approfondi sa foi, et il sentait au plus profond de lui que le moment était enfin venu de retourner à la maison, au Cameroun. là où la Cité des Jeunes de Mimboman l'attendait, le lieu même qui avait vu naître et grandir sa vocation parmi les jeunes défavorisés, à la recherche d'espoir et de réconfort.
La nostalgie de ses anciennes terres et surtout la perspective de revenir dans la communauté qu'il avait quittée avec tant d'émotions l'envahissaient, alors que l'avion fendait les cieux en direction de Yaoundé.
À peine avait-on annoncé l'atterrissage imminent que Pepa Mongo sentit une profonde émotion inonder son cœur. À travers le hublot, il apercevait les rues, les champs et les collines verdoyantes qui avaient forgé son enfance et son adolescence, et il ne pouvait s'empêcher de sentir monter les larmes aux yeux, tandis que les souvenirs assaillaient chaque parcelle de son être.
Lorsqu'il posa enfin le pied sur le tarmac de l'aéroport, il fut accueilli par une foule d'amis et de proches venus célébrer son retour. Parmi eux, ses parents qui le regardaient avec une fierté et une gratitude sans borne, ainsi que son frère Nydo, visiblement ému de retrouver son cadet.
Les retrouvailles furent intenses et pleines de tendresse, et plusieurs accolades, poignées de mains et mots de bienvenue furent échangées. Ceci étant, personne n'ignorait la raison principale du retour de Pepa Mongo à Yaoundé : son ordination sacerdotale. Cet événement tant attendu allait bientôt concrétiser son parcours spirituel et consacrer sa vie entièrement au service de Dieu et des jeunes.
Les semaines qui suivirent furent un tourbillon de préparatifs : les invitations à envoyer, la cérémonie à organiser, et surtout, les rencontres avec les jeunes qui l'avaient tant marqué pendant son stage pratique. Ils l'accueillirent à bras ouverts, témoignant leur affection et leur gratitude à cet homme qui leur avait été un guide et un soutien infaillible, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Un soir, quelques jours avant l'ordination, Pepa Mongo eut un entretien particulier avec Père Jean-Baptiste Lomé, le supérieur provincial des Salésiens au Cameroun. Cet homme d'expérience et de sagesse avait été pour lui un mentor bienveillant durant toutes ces années, et une profonde relation de confiance les avait liés.
- Pepa, mon fils, je suis fier de toi, déclara Père Jean-Baptiste, la voix teintée d'émotion. Ton parcours est admirable et je suis convaincu que le Seigneur te guidera sur le chemin qui t'est destiné. Ta prochaine ordination n'est pas une simple fête, mais bien la consécration d'une vie vouée au service des autres. N'oublie jamais cela.
- Je vous suis infiniment reconnaissant, Père, répondit Pepa Mongo, les yeux brillants de gratitude. Vous avez toujours cru en moi et je ne serais pas là où je suis aujourd'hui sans votre soutien. Je sais que je devrai sans cesse travailler à cultivé les dons que Dieu m'a confiés, pour m'en montrer digne et être un instrument de sa volonté.
Les derniers jours passèrent à une folle allure, et bientôt, l'église de la Cité des Jeunes de Mimboman s'habillait de ses plus belles couleurs pour la cérémonie d'ordination. Les bancs étaient remplis par la communauté, et le silence se fit au moment où l'évêque s'avança pour prononcer les mots qui allaient marquer le début d'une nouvelle vie pour le jeune Pepa Mongo.
- Nous t'ordonnons comme prêtre aujourd'hui, Pepa Mongo, serviteur de Dieu et messager de l'Évangile. Que ton sacerdoce soit une source de bénédiction et d'espérance pour les jeunes ; que ta foi soit inébranlable et ton amour, incomparable.
Le cœur empli d'humilité et de joie, Pepa Mongo reçut les mains imposées de l'évêque, scellant ainsi son engagement à servir Dieu et les hommes. Sa nouvelle vie s'ouvrait devant lui, prête à être embrassée, remplie de défis, de victoires et d'amour pour le monde qui l'entourait.
Les expériences internationales : Kenya, Afrique du Sud et ordination sacerdotale
Le paysage s'étendait à perte de vue, comme un océan de verdure aux teintes orangées par les rayons obliques du soleil couchant. Pepa Mongo, les yeux perdus dans cette immensité, contemplait avec une émotion à fleur de peau l'horizon kenyan qui défilait sous les roues crissant au rythme de la piste cahoteuse. C'était son premier voyage hors du Cameroun, et ces terres nouvelles éveillaient en lui un sentiment puissant de fascination mêlée à une insondable nostalgie.
Au fil des jours, la communauté de Don Bosco Utume à Karen devint pour lui une terre d'accueil et de formation, un lieu où l'anglais cessait peu à peu d'être une langue étrangère pour se transformer en une passerelle ouvrant les portes d'une fraternité multiculturelle. C'est là qu'il fit la connaissance de Sœur Agnès Mvondo, une jeune Kényane au visage lumineux et au sourire aussi large que ses bras grands ouverts.
- Karibu, Pepa Mongo, welcome to Kenya! Je suis ravie de faire ta connaissance, dit-elle avec un enthousiasme communicatif. Je suis certaine que ton séjour ici te marquera autant que notre pays te marquera. Nous avons tant de richesses à partager!
Au cours des mois qui suivirent, Sœur Agnès initiât Pepa Mongo aux réalités sociales, culturelles et spirituelles du Kenya, l'invitant à pénétrer au cœur de cette terre de contrastes et de paradoxes, où la flamme de la foi brûlait parfois avec une intensité déconcertante. Ensemble, ils visitèrent de nombreuses écoles, paroisses et orphelinats, témoignant de la beauté et de la diversité du peuple kényan, et nouant des amitiés sincères et durables avec les consacrés et les jeunes qui croisaient leur route.
Lorsqu'arriva le jour de l'ordination diaconale de Pepa Mongo à Upper Hill, siège provincial et sanctuaire marial des Salésiens de Nairobi, Sœur Agnès fut présente à ses côtés, fière et émue de voir ce jeune Camerounais accomplir une étape majeure dans son cheminement vers le sacerdoce. "Dieu agit de manière surprenante et mystérieuse", songeait-elle en contemplant avec gratitude le visage radieux de Pepa Mongo, qui lui semblait être un miroir reflétant la bonté divine.
La vie, toujours en mouvement, ne laissait jamais longtemps de répit à Pepa Mongo, qui fut promptement envoyé en stage diaconal à Ennerdale, en Afrique du Sud. Là-bas, loin de la beauté paisible des paysages kényans et camerounais, il se confronta aux réalités d'un pays encore hanté par les fantômes de l'apartheid et rongé par la violence, la pauvreté et le désespoir. Les jeunes, en particulier, semblaient crier au secours, leurs yeux perdus dans les méandres vertigineux des townships aux ruelles sinueuses et étroites.
De son côté, siège provincial et sanctuaire marial des Salésiens de Nairobi, Sœur Agnès restait présente dans la vie de Pepa Mongo, même si la distance les éloignait. Et c'est grâce à leurs échanges épistolaires, par la voix tonitruante d'un facteur épuisé par la traversée d'un continent, qu'elle pouvait soutenir son ami et l'encourager dans cette nouvelle étape de sa vocation.
- Chère Sœur Agnès, écrivait-il un jour dans une lettre aux accents graves et poignants, ici à Ennerdale, je découvre peu à peu le visage de Jésus dans les yeux meurtris et désillusionnés de ces enfants dont la vie a été volée par la haine et le mépris. Mon cœur saigne et se révolte devant tant d'injustice, et pourtant, je sais que ma mission est de porter l'amour et l'espérance du Christ dans ce marasme et de me tenir comme un phare, même dans la tempête.
Quelques mois plus tard, alors que la date de son ordination sacerdotale approchait, Pepa Mongo s'envola pour retourner à Yaoundé, le cœur serré et les souvenirs plein la tête. Sa vie était désormais intimement liée à celle de ses frères kényans et sud-africains, dont les rires, les pleurs et les rêves se mêlaient aux siens comme une mélodie envoûtante.
Le jour de l'ordination, Pepa Mongo se tenait debout devant la Cité des Jeunes de Mimboman, regardant les nuages qui dansaient lentement dans le ciel bleu azur. Bientôt, il serait prêtre, véritable pont entre les cieux et la terre, témoin et acteur de l'amour infini qui unissait les hommes dans l'étreinte divine. Et il savait, au plus profond de son être, que rien ne serait plus jamais pareil.
Le séjour au Kenya : apprentissage de l'anglais et adaptation à une nouvelle culture
L'avion fendit les nuées, fendit le temps et fendit les espoirs pour atterrir enfin sur la piste chaude et amicalement étrange de l'aéroport Jomo-Kenyatta de Nairobi. Pepa Mongo regarda par le hublot, et ils s'élargirent devant la teinte ocre qui s'étalait devant lui, loin de son Cameroun natal. La chaleur lui frappa le visage et l'enveloppa comme un souvenir, une chaleur tropicale indiscutable avec une tonalité nouvelle, différente de celle qu'il connaissait si bien.
Les premiers pas de Pepa Mongo sur le sol kényan furent marqués par une émotion intense, mêlée d'appréhension et d'excitation. Il se mit en route pour la communauté de Don Bosco Utume à Karen, où l'attendait une nouvelle aventure : celle de l'apprentissage de l'anglais, nécessaire pour ses études de théologie au Tangaza College.
Dès qu'il franchit la porte de la communauté, il fut accueilli par une nuée de visages souriants, de mains tendues et de noms murmurés doucement. Chaque personne qu'il rencontra semblait porter en elle une lumière qui l'intriguait, l'attirait et le rassurait. Il devinait que ces hommes et ces femmes étaient comme lui, en quête d'un amour plus grand, d'un amour qui cherchait à se répandre tel un fleuve tumultueux à travers les méandres de l'humanité.
L'apprentissage de l'anglais ne fut pas une tâche aisée pour Pepa Mongo, qui dut se familiariser avec une langue nouvelle, des sonorités inédites et des expressions insoupçonnées. Les mots semblaient parfois se jouer de lui, se noyant dans les eaux de l'incompréhension et de l'étonnement. Mais, par une persévérance et une détermination inébranlables, il parvint peu à peu à se libérer des chaînes de l'inconnu, à embrasser cette langue riche et complexe qui se révélait un véritable pont vers l'autre, vers l'infini.
Le soir, après les cours d'anglais et les moments de prière partagée, Pepa Mongo avait pris l'habitude de marcher seul dans les jardins de la communauté. Les parfums enivrants des fleurs qui s'épanouissaient dans les bosquets éclairés par la lueur de la lune l'emplissaient d'une sérénité qui transcendait les angoisses, les doutes et les frustrations qui l'étreignaient parfois.
Un soir, alors qu'il murmurait une prière sous le regard protecteur des étoiles, il fut rejoint par le Père Martin, un homme d'une grande sagesse et d'une bonté infinie. Leurs pas se mêlèrent pour un instant à l'unisson, puis le prêtre se tourna vers Pepa Mongo, les yeux pétillants comme deux diamants.
- Pepa, dit-il dans un anglais parfait teinté d'un léger accent, je vois que tu travailles dur pour apprendre notre langue. Cela te permettra de toucher encore plus de cœurs et de porter encore plus loin la mission qui t'est confiée. Mais n'oublie jamais que la seule langue qui compte vraiment, c'est celle de l'amour.
Pepa Mongo acquiesça en silence, profondément touché par ces mots simples et justes. Les semaines et les mois passèrent, et cet amour dont parlait le Père Martin se matérialisa sous ses yeux et dans son cœur. Les sorties auprès des enfants démunis de Kibera slum, les rencontres avec les jeunes des aires de jeu de la communauté, les échanges avec les frères et sœurs de différentes congrégations qui venaient se ressourcer à Don Bosco Utume...
Chaque instant était marqué par cette langue de l'amour, ce langage universel qui transcendait les barrières culturelles, les différences religieuses et les frontières géographiques. Et Pepa Mongo se découvrit des trésors insoupçonnés de compassion, d'empathie et de générosité, qui puisaient leur force dans la source de l'Amour divin.
Les années qui s'écoulèrent au Kenya furent sans aucun doute les plus enrichissantes de la vie de Pepa Mongo. Il retourna au Cameroun plus fort, plus confiant, plus enraciné dans sa vocation et prêt à affronter les défis qui jalonnaient la route vers l'ordination sacerdotale. Ses pas, guidés par l'amour et la gratitude, le menèrent vers un futur insoupçonné, imbibé des senteurs nouvelles et ancestrales à la fois de ces terres kényanes qui avaient à jamais changé sa vie.
Tangaza College de Langata et la vie au sein de la communauté de Don Bosco Utume à Karen
Le soleil répandait ses dernières lueurs sur Tangaza College, faisant scintiller les vitraux de la chapelle et les feuilles des arbres dans le jardin soigneusement entretenu. Pepa Mongo, assis sur un banc en bois, observait cette scène d'une beauté tranquille, mélange d'or et de pourpre, avec un mélange d'admiration et de nostalgie. Les années de formation au Cameroun, au Togo et maintenant au Kenya, l'avaient éloigné de sa famille, de son village natal, et pourtant, il sentait au plus profond de son cœur que chacun de ces lieux avait participé à la construction de l'homme et du prêtre qu'il était en train de devenir.
La vie à Tangaza College offrait une richesse d'expériences et de rencontres qui le nourrissaient tant intellectuellement que spirituellement. Les cours de théologie, dispensés par des professeurs éminents et passionnés, faisaient écho à ses propres questionnements et aspirations, tout en l'ouvrant à de nouvelles perspectives et de nouveaux horizons. Il apprenait à se confronter aux doutes, aux paradoxes et aux contradictions inhérents à la foi, et à puiser sa force et sa sagesse dans l'humilité et l'écoute.
C'est dans ce contexte que naquit un jour entre lui et Sœur Agnès, une religieuse kényane au sourire lumineux et à l'esprit vif, une amitié solide et profonde, qui les accompagna dans leurs joies, leurs épreuves et leurs découvertes mutuelles. Leurs longues conversations, tantôt sérieuses, tantôt teintées d'humour, leurs échanges épistolaires et leurs moments de silence partagé, les réunissaient dans une communion de pensées et de sentiments d'une intensité déconcertante. Ensemble, ils visitèrent de nombreuses écoles, paroisses et orphelinats, témoignant de la beauté et de la diversité du peuple kényan, et nouant des amitiés sincères et durables avec les consacrés et les jeunes qui croisaient leur route.
Lorsqu'arriva le jour de l'ordination diaconale de Pepa Mongo à Upper Hill, siège provincial et sanctuaire marial des Salésiens de Nairobi, Sœur Agnès fut présente à ses côtés, fière et émue de voir ce jeune Camerounais accomplir une étape majeure dans son cheminement vers le sacerdoce. "Dieu agit de manière surprenante et mystérieuse", songeait-elle en contemplant avec gratitude le visage radieux de Pepa Mongo, qui lui semblait être un miroir reflétant la bonté divine.
La vie, toujours en mouvement, ne laissait jamais longtemps de répit à Pepa Mongo, qui fut promptement envoyé en stage diaconal à Ennerdale, en Afrique du Sud. Là-bas, loin de la beauté paisible des paysages kényans et camerounais, il se confronta aux réalités d'un pays encore hanté par les fantômes de l'apartheid et rongé par la violence, la pauvreté et le désespoir. Les jeunes, en particulier, semblaient crier au secours, leurs yeux perdus dans les méandres vertigineux des townships aux ruelles sinueuses et étroites.
De son côté, siège provincial et sanctuaire marial des Salésiens de Nairobi, Sœur Agnès restait présente dans la vie de Pepa Mongo, même si la distance les éloignait. Et c'est grâce à leurs échanges épistolaires, par la voix tonitruante d'un facteur épuisé par la traversée d'un continent, qu'elle pouvait soutenir son ami et l'encourager dans cette nouvelle étape de sa vocation.
- Chère Sœur Agnès, écrivait-il un jour dans une lettre aux accents graves et poignants, ici à Ennerdale, je découvre peu à peu le visage de Jésus dans les yeux meurtris et désillusionnés de ces enfants dont la vie a été volée par la haine et le mépris. Mon cœur saigne et se révolte devant tant d'injustice, et pourtant, je sais que ma mission est de porter l'amour et l'espérance du Christ dans ce marasme et de me tenir comme un phare, même dans la tempête.
Quelques mois plus tard, alors que la date de son ordination sacerdotale approchait, Pepa Mongo s'envola pour retourner à Yaoundé, le cœur serré et les souvenirs plein la tête. Sa vie était désormais intimement liée à celle de ses frères kényans et sud-africains, dont les rires, les pleurs et les rêves se mêlaient aux siens comme une mélodie envoûtante.
Le jour de l'ordination, Pepa Mongo se tenait debout devant la Cité des Jeunes de Mimboman, regardant les nuages qui dansaient lentement dans le ciel bleu azur. Bientôt, il serait prêtre, véritable pont entre les cieux et la terre, témoin et acteur de l'amour infini qui unissait les hommes dans l'étreinte divine. Et il savait, au plus profond de son être, que rien ne serait plus jamais pareil.
Les rencontres et échanges interculturels avec les jeunes kényans et les consacrés de divers charismes
Les premières rencontres avec les jeunes kényans et les consacrés de divers charismes furent pour Pepa Mongo une expérience à la fois bouleversante et exaltante. La vie au Kenya lui offrait une multitude de couleurs, de parfums, de chants et de rites qui l'emplissaient d'une joie jubilatoire, tout en l'amenant à se questionner sur le sens de sa mission et de l'universalité de la foi chrétienne.
Jambo, Mwalimu !" (Bonjour, Professeur !), lui lançait joyeusement Kamau, un jeune garçon aux cheveux ébouriffés et au sourire contagieux, en lui tendant un bouquet de fleurs sauvages aux senteurs exotiques. Pepa Mongo, ému par ce geste innocent et spontané, ne pouvait s'empêcher d'éclater de rire, tandis qu'il échangeait quelques mots en swahili avec l'enfant.
Un peu plus loin, sœur Adhiambo, religieuse africaine d'une congrégation locale, l'invitait à partager avec elle et ses compagnes de vie consacrée un repas traditionnel kényan, composé de chapati, de sukuma wiki et d'ugali. Les yeux brillants d'admiration et de respect, elle écoutait avec attention les récits de Pepa Mongo sur sa vocation et ses études théologiques, hochant la tête avec approbation et murmurant des bénédictions à son attention.
"Votre courage et votre humilité sont un exemple pour nous tous, mon frère", lui dit-elle en posant une main douce et réconfortante sur son épaule. "Dieu a choisi le meilleur d'entre nous pour porter sa parole et répandre son amour. Karibu sana, Mwalimu !" (Soyez le bienvenu, Professeur !)
Au fur et à mesure que les semaines et les mois s'écoulaient, Pepa Mongo se liait d'amitié avec de nombreuses personnes de différentes confessions et cultures, qui l'accueillaient avec une chaleur et une générosité incommensurables. Il découvrait, grâce à eux, l'universalité de l'amour divin, qui transcendait les différences ethniques, culturelles et religieuses.
Cependant, les rencontres bouleversantes et les échanges passionnants avec les kényans et les consacrés de divers charismes n'étaient pas toujours exempts de conflits et de tensions. Un jour, alors qu'il discutait avec un groupe de jeunes musulmans dans le bidonville de Kibera, un des adolescents, le visage durci par la colère et la frustration, lui tint tête avec véhémence.
"Monsieur le prêtre, comment pouvez-vous prétendre que votre Dieu est le seul et unique Dieu, alors que nous, musulmans, nous vénérons également un Dieu d'amour et de justice ?" s'emporta Abdallah, les poings serrés et les yeux emplis de défiance.
Pepa Mongo, loin de se laisser déstabiliser par cette confrontation inattendue, inspira profondément et répondit avec une douceur toute paternelle :
"Mon cher Abdallah, il est vrai que nous avons des différences dans la manière dont nous concevons et exprimons notre foi en Dieu. Mais je crois sincèrement que nous adorons le même Dieu, un Dieu qui est amour, miséricorde et justice. Ce que nous devons apprendre, c'est à reconnaître la beauté et la richesse de nos différences, et à bâtir des ponts plutôt que des murs entre nous."
Cette réponse, empreinte d'une sagesse et d'une humilité peu communes, eut un effet électrique sur l'assistance. Les jeunes, interpellés par la sincérité et la profondeur des paroles de Pepa Mongo, se regardèrent les uns les autres, comme s'ils venaient d'être touchés par une grâce inespérée. Même Abdallah, qui jusqu'alors s'était montré réticent et farouche, esquissa un sourire timide, tandis que ses épaules se détendirent imperceptiblement.
Au fil des jours, Pepa Mongo continuait d'œuvrer inlassablement pour tisser des liens d'amitié et de fraternité entre les différentes communautés de Nairobi, guidé par l'amour incommensurable qui habitait son cœur. Les rencontres et les échanges interculturels avec les jeunes kényans et les consacrés de divers charismes était pour lui une source d'enrichissement et d'épanouissement continu, qui faisait resplendir sa vocation sacerdotale d'une lumière radieuse et inextinguible. Alléluia, gloire à Dieu !
L'ordination diaconale à Upper Hill, Nairobi et la préparation finale pour le sacerdoce
Le vent soufflait doucement sur la colline d'Upper Hill, flattant les robes blanches des statues qui entouraient le sanctuaire marial. Les nuages, poussés par la brise, semblaient danser dans le ciel bleu azur, reflétant les rayons du soleil qui caressaient la terre rougeoyante. Le parvis de l'église était envahi par une foule de fidèles, venus de tous les horizons pour assister à l'ordination diaconale de Pepa Mongo, le jeune Camerounais épris de sagesse et d'amour pour Dieu et les hommes.
Au cœur de cette foule bigarrée, Pepa Mongo se tenait debout, fixant du regard l'autel dressé devant lui, où trônaient la croix et les ornements liturgiques préparés pour la célébration. Son visage était serein mais empreint d'une gravité inhabituelle, comme s'il sentait le poids de la responsabilité qui allait bientôt lui être conféré. Faisant un pas en arrière, il jeta un coup d'œil autour de lui, savourant la beauté et la diversité des visages qui l'entouraient : les prêtres souriants, drapés dans leurs habits de cérémonie, les sœurs agenouillées en prière silencieuse, et les jeunes, radieux de joie et d'espérance, brandissant des drapeaux et des bannières ornées de symboles religieux.
Soudain, une voix forte retentit dans le silence contemplatif qui avait envahi la colline. "Mes chers frères et sœurs dans le Christ", commença l'évêque, debout sur les marches de l'autel, "nous sommes ici aujourd'hui pour célébrer un événement d'une grande importance, non seulement pour notre cher frère Pepa Mongo, mais aussi pour l'Église universelle et la mission du salut des âmes. Car en devenant diacre, notre ami répond à l'appel divin qui l'invite à se mettre au service de Dieu et de ses frères, en se faisant humble serviteur du Verbe incarné."
Écoutant avec attention les paroles de l'évêque, Pepa Mongo sentait son cœur battre la chamade, tandis que l'émotion et la grâce envahissaient son être tout entier. Lorsque vint le moment de s'agenouiller devant l'autel, afin de recevoir la bénédiction épiscopale et l'imposition des mains, il n'eut qu'une seule pensée : "Seigneur, je ne suis pas digne de la mission que tu me confies, mais fais de moi un instrument de ton amour, de ta paix et de ta justice."
Dans un élan de ferveur, la foule entonna alors un chant de louange et d'action de grâce, qui monta vers les cieux comme un parfum d'encens et de myrrhe. Les voix des prêtres et des fidèles se mêlaient en une harmonie céleste, reflétant la communion des âmes et le mystère ineffable de l'Esprit Saint.
Finalement, l'évêque leva les mains vers le ciel et prononça la prière d'ordination, tandis que Pepa Mongo, agenouillé et le visage baigné de larmes, sentait la main puissante de Dieu se poser sur lui, le marquant à jamais comme diacre, témoin et serviteur de l'Évangile.
Autour de lui, la foule, éperdue d'allégresse et d'émotion, applaudissait avec ferveur, comme si elle reconnaissait en ce jeune africain ordonné diacre, le visage rayonnant de l'espérance qui anime notre foi en un monde meilleur et plus juste.
Tandis que Pepa Mongo quittait l'autel, revêtu du dalmatique diaconal et tenant fermement le Livre des Évangiles, une voix familière s'éleva parmi la foule. Sœur Agnès, l'amie kényane de Pepa Mongo, pleurait de joie tout en criant : "Hongera, Pepa Mongo! Baraka tele!" (Félicitations, Pepa Mongo ! Que Dieu te bénisse abondamment !)
Les larmes aux yeux, le nouveau diacre se tourna vers elle et, retenant un sanglot, répondit : "Asante sana, dada yangu. Mungu akubariki." (Merci beaucoup, ma sœur. Que Dieu te bénisse.) Puis, serrant dans ses bras Sœur Agnès et les autres consacrés présents, il quitta la colline d'Upper Hill, le cœur débordant de gratitude et de joie, prêt à affronter les défis qui l'attendaient sur le chemin de la vocation diaconale et sacerdotale.
Ce jour-là, alors que le soleil se couchait sur la colline d'Upper Hill et que les échos de la célébration s'estompaient lentement, un nouvel espoir, une nouvelle promesse, une nouvelle vie avaient pris naissance dans le cœur de Pepa Mongo, diacre de l'Église universelle et serviteur du peuple de Dieu.
Le stage diaconal en Afrique du Sud : adaptabilité, défis et enrichissement spirituel à Ennerdale
Les oiseaux chantaient joyeusement tandis que le soleil levant illuminait le ciel d'Ennerdale d'un rose pâle encore empreint de l'ombre de la nuit. Pepa Mongo, réveillé tôt par l'excitation et l'anxiété mêlées qui l'habitaient depuis son arrivée en Afrique du Sud, se tenait debout près de la fenêtre de sa chambre, contemplant les collines qui se profilaient à l'horizon. Enveloppé dans sa soutane blanche, il récitait silencieusement les prières du matin, soufflant sur les souvenirs qui l'avaient conduit jusqu'ici, à des milliers de kilomètres de son village natal et de tout ce qui lui était familier.
Dans le couloir, les premiers bruits de pas se faisaient entendre, signe que la communauté salésienne commençait à s'animer. Chasseurs d'ombres autant que de lumière, les frères et sœurs que Pepa avait rencontrés au noviciat à Lomé lui manquaient amerement; ils étaient devenus sa seconde famille, et leur absence maintenant pesait lourdement sur son cœur. Mais il savait que Dieu, dans sa divine providence, l'avait envoyé ici pour une raison précise : apprendre à s'adapter, relever de nouveaux défis et continuer à grandir dans sa vocation diaconale.
Soudain, un coup sec à la porte lui fit sursauter. "Pepa Mongo, lève-toi, l'heure de la messe a sonné !" tonna la voix grave de Père Leonardo, un natif de Johannesburg qui avait déjà entamé des décennies de saceverdoce et qui était chargé de guider Pepa dans son parcours diaconal.
"Ayim," répondit Pepa, un sourire en coin. "Je suis prêt, Père."
Emboîtant le pas à Père Leonardo, Pepa descendit les escaliers de la maison de formation, ses sandales claquant sur les marches de bois poli. Arrivés dans la chapelle, ils s'inclinèrent devant l'autel puis s'assirent sur les bancs, rejoignant les autres membres de la communauté, recueillis en prière.
La messe commença dans un silence solennel, rythmée par les invocations en zoulou et les psaumes en afrikaans qui résonnaient comme les battements d'un cœur, tandis que l'encens embaumait l'atmosphère confinée de la chapelle. Pepa, bien qu'il peinât à comprendre et à suivre les paroles de la liturgie, se sentait intimement uni à cette célébration, enraciné dans la foi qui les rassemblait tous, au-delà des différences linguistiques et culturelles. Il n'y avait rien que l'amour divin ne pouvait transcender, il en était convaincu.
Après la messe, Pepa rejoignit la cuisine où les autres s'attelaient déjà à préparer le petit-déjeuner. Il salua chaleureusement Sœur Madeleine, originaire du Cap et en charge de la formation des novices, qui lui tendit une tasse de rooibos fumant avec un sourire bienveillant.
"Karibu, Pepa ! Comment te sens-tu ce matin ?" lui demanda-t-elle, son regard perçant le transperçant d'affection.
"Je me sens... différent," répondit-il, hésitant. "J'ai le sentiment que je dois faire mes preuves ici, que rien n'est acquis. Mais en même temps, je suis sûr que c'est là que Dieu veut que je sois."
Sœur Madeleine hocha la tête avec compréhension et l'enveloppa dans une étreinte chaleureuse. "Mon enfant, sache que nous sommes tous ici pour t'épauler, pour t'aider à grandir et à te préparer au sacerdoce. N'aie pas peur de te tromper, ni de te sentir dépassé – cela fait partie de l'apprentissage. La clé, c'est de rester fidèle à toi-même et à la vocation que Dieu t'a choisie."
Les jours et les semaines passèrent, chaque instant apportant son lot de découvertes et de défis. Grâce à l'aide et à la bienveillance de ses compagnons de formation, Pepa parvint peu à peu à s'adapter et à trouver ses marques dans ce nouveau contexte, devenant un membre à part entière de la communauté. Il participait aux travaux manuels, aux activités apostoliques et aux moments de prière avec un zèle et une ferveur qui forçaient l'admiration de tous.
Un jour, alors qu'il se rendait au marché local pour acheter des vivres, il fut interpellé par un groupe d'enfants qui lui couraient autour, curieux de voir de près cet étranger vêtu de blanc. Fascinés par Pepa Mongo, ils l'entourèrent, le bombardant de questions et le prenant par la main pour l'entraîner vers leur école. Touché par leur innocence et leur joie de vivre, le jeune homme se laissa guider sans résistance, comprenant que ces enfants étaient la raison même de sa présence ici : partager avec eux l'amour de Dieu, les aider à grandir et à s'épanouir dans un monde incertain.
Au fil des semaines, Pepa Mongo commença à tisser des liens d'amitié avec les jeunes du quartier, apprenant à connaître leurs craintes et leurs espoirs, leurs rêves et leurs projets. Il leur enseignait la catéchèse, les éclairait sur les mystères de la foi et les rassurait face aux défis de la vie quotidienne. À travers eux, il se sentait renforcé dans sa vocation diaconale et grandissait chaque jour un peu plus, porté par l'amour incommensurable de Dieu.
Cependant, les mois passaient et l'échéance de son ordination sacerdotale approchait à grands pas. Conscient de l'ampleur de la mission qui l'attendait, Pepa redoublait d'efforts et d'ardeur dans sa formation, désireux de se montrer à la hauteur des attentes de sa communauté et de celles de Dieu.
Finalement, le jour tant attendu arriva. Alors que le soleil se couchait sur Ennerdale et que les étoiles scintillaient dans le ciel africain, Pepa Mongo quitta la communauté qui l'avait accueilli et formé, le cœur empli de gratitude et d'une détermination à toute épreuve. Il était prêt, enfin, à suivre la voie tracée pour lui et à embrasser pleinement son destin de prêtre salésien.
Le soir venu, tandis que les oiseaux se taisaient et que les grillons entamaient leur vibrant ballet nocturne, Pepa Mongo s'agenouilla au pied de sa croix, levant les yeux vers les cieux infinis. "Seigneur," murmura-t-il, la voix empreinte d'une ferveur et d'une sincérité inébranlables, "tu m'as conduit à travers les montagnes et les vallées de ce monde, tu m'as appris à affronter les tempêtes et à chérir les moments de grâce. Je te confie ma vie, mon cœur et mon âme, et je te promets de les mettre au service de ta volonté, de ton peuple et de ton Église, jusqu'à mon dernier souffle."
Dans le silence qui suivit, il crut entendre une réponse, légère comme un souffle, émanant de la nuit elle-même : "N'aie pas peur, mon enfant. Car je te tiens dans la paume de ma main, et je te guiderai toujours vers la lumière. Allez, et annonce la Bonne Nouvelle à toutes les créatures."
Ainsi, le cœur en paix et les yeux emplis d'étoiles, Pepa Mongo reprit sa route, attentif à la voix de Dieu qui le guidait vers de nouveaux horizons et de nouvelles aventures, porté par la certitude absolue que, quoi qu'il advienne, il serait toujours, inlassablement, l'instrument de l'amour divin et la lumière du monde.
Retour à Yaoundé : émotions, retrouvailles et préparation pour l'ordination sacerdotale à la Cité des Jeunes
Le soleil se couchait sur Yaoundé, teintant le ciel d'orange et de rose, tandis que Pepa Mongo descendait du bus qui l'avait ramené à la ville après tant d'années d'absence. Ses yeux se remplirent de larmes aux souvenirs qui affluaient, rappelant les joies et les peines partagées avec les jeunes rencontrés pendant son stage pratique à la Cité des Jeunes, quelques années plus tôt. Les battements nerveux de son cœur trahissaient l'émotion qui l'habitait, tandis qu'il se préparait à retrouver la communauté salésienne et mettre la dernière main à sa préparation à l'ordination sacerdotale.
À peine avait-il franchi les portes, portant sa valise usée à bout de bras, qu'il reconnut la silhouette familière de Père Jean-Baptiste Lomé, supérieur provincial, qui l'attendait à l'entrée de la Cité des Jeunes. Pepa Mongo s'approcha, la gorge serrée par l'émotion, et tomba à genoux devant son mentor, sa tête baissée en signe de respect et de dévotion.
"Mon père, je suis de retour, prêt à servir Dieu et les jeunes, dans l'humilité et la disponibilité que vous m'avez enseignées," murmura-t-il, la voix tremblante.
Père Jean-Baptiste, le visage gravé des années de service et de lutte pour la cause salésienne, inclina la tête et posa sa main droite sur l'épaule de Pepa Mongo. "Mon fils, ta présence est un signe de l'œuvre de Dieu en toi. Tu es appelé à être prêtre dans cette communauté où tu as tant donné et appris, et nous sommes heureux de t'accueillir à nouveau parmi nous."
Dans les jours qui suivirent, Pepa Mongo se plongea dans les préparatifs de son ordination sacerdotale, assistant aux réunions, relisant les textes liturgiques et se rendant disponible pour les jeunes qui se pressaient pour le saluer. Son visage s'éclairait lorsqu'il reconnaissait un visage familier parmi eux, exprimant sa gratitude en souriant chaleureusement et en échangeant quelques mots empreints de bienveillance.
Cependant, il était inquiet de l'absence de Nydo, et la distance qui les séparait pesait lourd sur son cœur. Depuis que ses parents étaient partis, Nydo devait porter la charge de la famille et travailler sans relâche pour subvenir à leurs besoins. Leurs échanges s'étaient raréfiés, mais Pepa Mongo sentait que son frère était avec lui en pensée, lui envoyant des prières et des encouragements depuis leur village natal.
Dans l'intimité de la chapelle, les mains jointes près de sa poitrine, Pepa Mongo adressa une prière silencieuse à Dieu : "Seigneur, tu as guidé mes pas jusqu'ici et m'as donné la force de traverser les montagnes et les vallées des épreuves que j'ai dû surmonter. Ne l'oublie pas, mon frère Nydo, qui a tant sacrifié pour notre famille. Protège-le et soutiens-le dans sa lutte quotidienne pour subvenir à leurs besoins. Donne-lui l'espérance et la persévérance dans les moments de doute et de découragement."
La veille de son ordination, alors que les lueurs crépusculaires se teintaient d'étoiles, Pepa Mongo était assis seul sur les marches de la Cité des Jeunes, le regard porté vers l'horizon, où les lumières de Yaoundé scintillaient comme autant de promesses d'un avenir radieux. Une main se posa sur son épaule, et il se retourna, les yeux écarquillés, pour découvrir la silhouette familière de Nydo, un sourire radieux illuminant son visage émacié.
"Mon frère," murmura Pepa Mongo, les larmes aux yeux, "je ne pensais pas te revoir avant mon ordination."
Nydo s'assit à côté de lui, laissant sa main sur l'épaule de son frère. "Je ne pouvais pas laisser cette occasion passer sans te dire combien je suis fier de toi, et combien je suis reconnaissant pour tout ce que tu as fait pour notre famille."
Juste avant d'entrer solennellement dans la chapelle pour son ordination, Pepa Mongo jeta un dernier regard vers l'assemblée, ses yeux se posant sur les visages aimés et les soutiens précieux qui l'avaient mené jusqu'à ce jour. Son regard s'attarda sur Nydo, et leurs yeux se rencontrèrent, exprimant sans un mot la fierté, l'amour et la gratitude qui liaient profondément leurs destins.
Pepa Mongo, le cœur en paix et l'esprit serein, se leva et franchit les portes qui le menaient vers l'autel, prêt à embrasser pleinement sa vocation sacerdotale et à se consacrer entièrement au service de Dieu, de l'Église et de tous les jeunes qui croiseraient son chemin.
Ordination sacerdotale : consécration et engagement en tant que prêtre Salésien, prélude aux missions futures
Le soleil se levait sur la Cité des Jeunes de Mimboman, inondant de lumière les arbres et les bâtiments qui composaient ce lieu cher à tant de personnes. Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Pepa Mongo, tandis qu'il contemplait les préparatifs de son ordination sacerdotale avec un sentiment mêlé de joie, de crainte et d'excitation. C'était le début d'une nouvelle ère pour lui, celle où il prononcerait les vœux qui scelleraient définitivement son engagement envers Dieu, l'Église et les jeunes dont il serait désormais le guide spirituel.
Il marchait lentement vers la chapelle, ressentant le poids de cet engagement sur ses épaules, mais également la force inexplicable qui émanait de sa foi et de l'amour qu'il portait à sa communauté. Les souvenirs de tous ceux qui l'avaient soutenu dans son parcours, comme les Sœurs Canadiennes et sa famille d'adoption au Kenya, mêlés à ceux de ses premières rencontres avec les Salésiens, remplissaient son cœur d'une gratitude infinie et d'une détermination à toute épreuve. Il était certain qu'il reviendrait un jour à ses racines africaines, là où son esprit s'était éveillé et s'était épanoui grâce à l'amour et à la sollicitude de ces personnes.
En pénétrant dans la chapelle, il se rappela les moments qui l'avaient mené là, les défis qu'il avait dû surmonter et les choix qu'il avait faits, tantôt difficiles, tantôt éclairés par une grâce divine qui ne manquait jamais de le réconforter et de guider sa main. Il songea à sa famille, à son frère Nydo qui avait tant sacrifié pour les soutenir, et pria silencieusement pour qu'il puisse enfin trouver la paix et la prospérité qu'ils méritaient tous. Il avait conscience que les années à venir seraient remplies de défis et d'épreuves, et c'est avec humilité et dévouement qu'il prenait sur lui cette responsabilité.
Lorsque l'heure de l'ordination arriva enfin, Pepa Mongo se leva, l'émotion ruisselant dans ses veines comme un torrent tumultueux. Il avait imaginé ce moment depuis des années, et pourtant, rien n'aurait pu le préparer à la sensation vertigineuse qui le parcourait alors qu'il s'avançait vers l'autel. Autour de lui, les visages de tous ceux qu'il avait touchés et qui l'avaient touché, formant une mosaïque de souvenirs qui le portait comme les ailes d'un ange.
Le vieux Père Jean-Baptiste Lomé, qui avait su discerner dans le jeune Pepa Mongo la flamme d'une vocation sincère et profonde, se tenait devant juste devant l'autel, attendant patiemment que Pepa vienne s'agenouiller à ses pieds. La voix du vieil homme était teintée d'une émotion solennelle lorsqu'il commença la litanie des saints, appelant à la protection et à la bénédiction de ceux qui avaient précédé Pepa dans sa quête spirituelle. Alors que les voix de l'assemblée s'élevaient en un chant d'une beauté incantatoire, le jeune homme lutta pour contenir les larmes qui menaçaient de monter aux yeux.
Au moment où les mains du père Lomé s'abattirent sur sa tête en un signe sacramentel d'une puissance inouïe, Pepa Mongo sentit comme un éclair traverser son être tout entier, illuminant chaque parcelle de son essence et lui insufflant une force et un amour indomptables. La grâce divine envahit son corps et son esprit, et il sut alors, avec une certitude inébranlable, que sa vie était désormais consacrée au service de Dieu et de Ses enfants.
Après les embrassades, les félicitations et les prières de l'assemblée, Pepa fut enfin laissé seul devant l'autel, les dernières notes de l'orgue résonnant encore dans la chapelle. Penché en avant, il pria fervemment, implorant Dieu de lui donner la sagesse et la force pour affronter les épreuves et les triomphes qui l'attendaient. Il était à la fois enthousiasmé et terrifié à l'idée des missions futures qui l'appelaient, conscient de l'immensité de la tâche qui lui incombait.
Dans le silence de la chapelle, il crut cependant percevoir une réponse, légère comme un souffle divin, résonnant dans l'écho de son âme : "N'aie pas peur, mon enfant, car Je suis avec toi, et rien ne pourra jamais te séparer de Mon amour. Va, et fais de toutes les nations des disciples, baptisant au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit."
Ainsi, le cœur en paix et l'esprit embrasé par une flamme sacrée, Pepa Mongo sortit de la chapelle et rejoignit les bras ouverts de sa communauté, prêt à entamer un nouveau chapitre dans sa vie et à embrasser, avec une confiance totale, les missions qui se présentaient à lui.
Le parcours d'un prêtre Salésien : enseignant, formateur, conférencier et accompagnateur des jeunes
L'aube s'étendait comme un voile diaphane sur les toits de la ville de Lomé, ses lueurs douces caressant les murs des résidences salésiennes et offrant la promesse d'un jour nouveau et radieux. Dans la salle de classe qui servait temporairement de chapelle, les suaves accords du chœur s'élevaient en une harmonie enchanteresse, épousant les courbes du tympan et enveloppant d'une chaleur divine les membres de la congrégation présents pour la messe dominicale. Il y avait quelque chose de profondément apaisant et rassérénant dans cette célébration d'amour et de foi partagée, une énergie invisible qui émanait des paroles sacrées et des gestes de dévotion.
Au centre de la célébration, face à l'autel orné de fleurs et de cierges enflammés, se dressait la silhouette imposante de Pepa Mongo, arborant les habits sacerdotaux qui témoignaient de sa consécration au service de Dieu. Le regard plongé dans les flammes vacillantes qui dansaient devant lui, il se sentait à la fois rempli de gratitude pour la longue route qu'il avait parcourue et animé d'une fierté sacrée d'être désormais capable de guider les jeunes qui, comme lui autrefois, cherchaient leur chemin dans ce monde tourmenté.
Depuis son ordination il y avait bientôt deux décennies, Pepa Mongo avait embrassé avec passion et détermination les responsabilités qui lui incombaient en tant que prêtre salésien ; enseignant, formateur, conférencier et accompagnateur des jeunes. Il avait voyagé aux quatre coins du globe pour transmettre la foi, l'espérance et la sagesse à ceux qui en avaient le plus besoin, et cette expérience l'avait profondément marqué et enrichi spirituellement.
Alors qu'il levait les mains pour prononcer la bénédiction finale, Pepa Mongo sentit une émotion intense l'envahir, comme si une vague déferlante de souvenirs, de joies et de peines se déversait en lui. Il se revit, jeune stagiaire, faisant ses premiers pas dans la Cité des Jeunes de Mimboman, hésitant et incertain de sa vocation ; il se rappela les visages et les âmes qui avaient été touchés par ses paroles, ses actions et sa présence, au cours de ces longues années passées au service de Dieu et de ses enfants.
Une fois la messe terminée, le Père Pepa Mongo échangea quelques mots chaleureusement avec les nombreux fidèles présents ce jour-là, offrant des conseils bienveillants, des prières réconfortantes et des encouragements sincères à chacun d'eux. Il écoutait avec attention les confidences et les préoccupations de ces jeunes qui lui confiaient leur vie, et, dans la tranquillité de son cœur, il se rappelait combien il était important de prendre le temps d'accompagner et d'encourager ces âmes en quête de réponses et de paix intérieure.
Le soir venu, tandis que le crépuscule assombrissait lentement les couloirs de la résidence, Pepa Mongo se retira dans la solitude de sa chambre, s'accordant quelques instants de méditation et de réflexion sur la journée écoulée. Les cris joyeux et exubérants des pensionnaires résonnaient encore à ses oreilles, le réconfortant dans sa mission et l'incitant à poursuivre son engagement pour leur bien-être spirituel, émotionnel et académique.
Il s'adossa lentement contre le montant de sa fenêtre, le regard perdu dans les dernières lueurs du jour, laissant défiler les images des différentes missions qu'il avait menées, des vies qu'il avait touchées et des leçons qu'il avait apprises en chemin. Il pensa à Port-Gentil, au Gabon, où il avait pu partager avec les jeunes les espoirs et les rêves pour un avenir meilleur ; il pensa à son passage en Italie, où il avait découvert la richesse culturelle et spirituelle d'une Église plurimillénaire ; il pensa enfin à la Maison Don Bosco de Lomé, où il était désormais formateur et enseignant, prêt à tracer un nouveau sillage dans l'immensité océane de l'éducation et de la foi.
Le silence de la nuit s'installait doucement comme un linceul protecteur, enveloppant Pepa Mongo d'une sérénité bienfaisante qui lui permettait de se recentrer sur l'essentiel : les jeunes qui lui étaient confiés et la mission qu'il avait embrassée de tout son cœur. Il termina sa méditation par une prière silencieuse, où il demanda à Dieu de lui donner la force et la sagesse de continuer à servir, avec amour et dans la vérité, tous ceux qui croisaient son chemin.
Les débuts de Pepa Mongo en tant qu'enseignant Salésien
La chaleur étouffante de l'après-midi pesait sur les murs de la salle de classe, baignée de la lumière tamisée par les volets mi-clos. Dans l'air immobile et étouffant, les corps des élèves étaient engourdis par la torpeur de l'heure, tandis que mode de concentration et d'attention leur échappait. D'un geste gracieux et déterminé, Pepa Mongo arpenta l'allée entre leurs tables, les encouragements murmurés s'élevant pour les soutenir malgré la chaleur et la fatigue.
Ce n'était que le début de son expérience en tant qu'enseignant Salésien, mais déjà Pepa Mongo sentait l'importance de sa présence pour conquérir les esprits des plus jeunes. Chaque instant passé en classe plaçait sur ses épaules la responsabilité écrasante d'un homme appelé à guider et à éduquer les générations futures, à les aider à comprendre, à accepter, et à sublimer le monde tourmenté qui les entourait.
Ici, dans cette salle de classe où l'écriture s'étalait en arabesques soigneuses sur les tableaux noirs, Pepa Mongo découvrait la valeur de chaque instant : celui où les yeux écarquillés d'un élève semblaient enfin saisir un concept jusqu'alors insaisissable, où la joie de la compréhension illuminait soudain leur regard assombri par la confusion. Il était le catalyseur, l'architecte d'un avenir meilleur, sculptant patiemment des esprits capables de s'élever au-dessus de leur condition et de leur milieu.
- M'entendez-vous les jeunes ? Demanda-t-il en haussant la voix pour capter leur attention. Combien d'entre vous ont déjà ressenti à quel point la vérité, la connaissance et l'amour peuvent être libérateurs et sources d'espérance ?
Les yeux fatigués des élèves se levèrent lentement de leurs cahiers, cherchant dans le regard passionné de leur enseignant un réconfort et un espoir auquel se raccrocher en cette chaude après-midi.
- Père Pepa, intervint timidement une jeune fille assise au premier rang, est-il possible de connaître la vérité dans un monde aussi vaste et complexe que le nôtre ?
Le sourire bienveillant de Pepa Mongo effleura ses lèvres tandis qu'il répondait avec une profonde conviction :
- Mon enfant, la vérité peut être trouvée en chacun de nous, si nous sommes capables de puiser dans notre propre force et notre propre sagesse. Mais pour cela, il nous faut d'abord être guidés, enseignés, soutenus... Et c'est ce que j'essaie de vous offrir ici, dans cette salle de classe, jour après jour.
Aux mots du jeune prêtre, un murmure d'encouragement et de compréhension parcourut les rangées d'élèves. La gratitude éclairait leurs visages, donnant à chacun d'eux une nouvelle énergie pour lutter contre la somnolence qui menaçait de les engloutir.
- Alors enseignez-nous, Père Pepa, murmura une voix timide dans la salle, et aidez-nous à trouver la vérité et à devenir les personnes que nous sommes destinées à être.
Un éclat de détermination s'alluma alors dans les yeux de Pepa Mongo, et il se dressa devant ses élèves, véritable incarnation de l'espoir qui les animait désormais.
- Je le ferai, mon enfant, promit-il avec ferveur. Je vais vous enseigner, vous guider et vous soutenir, afin que vous puissiez grandir dans la connaissance et la foi qui forgent notre humanité. Car nous sommes tous ensemble les architectes d'un avenir meilleur, et c'est par notre union, notre détermination et notre courage que nous pourrons illuminer les ténèbres qui menacent de nous engloutir.
Dans les dernières lueurs de l'après-midi, tandis que le soleil commençait à s'incliner derrière les volets de la classe, l'énergie apaisante et inspirante de Pepa Mongo se diffusa parmi les élèves. Quelques-unes des rangées de visages rêveurs se redressaient, la détermination et l'espoir gravés dans leurs regards. Ensemble, main dans la main avec leur enseignant et guide, ils avançaient vers un avenir meilleur, où la connaissance, la vérité et l'amour pourraient enfin triompher sur les ténèbres de l'ignorance et de la désolation.
Le rôle de formateur : préparer les jeunes à la vie religieuse
Chapitre 8 : Prendre le large au service des âmes en besoin
La lumière du soleil caressait doucement le visage apaisé de Pepa Mongo, tandis qu'il se tenait sur le seuil de la Maison Don Bosco de Lomé, contemplant le vaste horizon qui s'étendait devant lui. Les eaux scintillantes de l'océan semblaient l'appeler, l'invitant à prendre le large afin de porter la Bonne Nouvelle aux âmes égarées et assoiffées de l'amour de Dieu.
Il avait été nommé formateur au sein de cette communauté Salésienne par son supérieur, père Jean-Baptiste Lomé, reconnaissant ainsi la valeur et l'engagement de Pepa Mongo dans sa mission auprès des jeunes. Il s'était donc résolu à guider et à soutenir ceux qui aspiraient à suivre le chemin de la vie religieuse, désireux de transmettre sa propre expérience et sa sagesse acquises au cours de ces années de chemin spirituel et apostolique.
Dans cette Maison Don Bosco, ils étaient plusieurs à vouloir s'engager, et les jeunes candidats étaient de plus en plus nombreux. Pepa Mongo se souvenait des premiers jours de son postulat, de ses craintes et de ses hésitations, et il se promettait de les accompagner avec bienveillance et compassion, tout en restant ferme sur les exigences propres à la formation.
Un jeune postulant, Jonas, s'approcha de lui, cherchant visiblement à solliciter son attention et son écoute. Son visage habituellement serein trahissait une certaine angoisse et des doutes qui le rongeaient.
- Père Pepa, je viens à vous car je crains de ne pas être à la hauteur de cette vocation qui me tient pourtant tant à cœur, avoua-t-il en baissant les yeux, ses mains tremblantes trahissant son émoi.
Le regard bienveillant de Pepa Mongo se posa sur le visage du jeune homme, cherchant à le rassurer et à le guider dans cet océan d'incertitudes qui l'engloutissait.
- Jonas, mon enfant, nous sommes tous animés par des craintes et des doutes dans notre quête de la vie religieuse. Mais la foi et l'amour de Dieu sont des phares dans la tempête, qui nous guident et nous éclairent même dans les ténèbres les plus profondes. Sache que tu n'es pas seul dans cette épreuve, car le Seigneur est avec toi à chaque instant, et il t'offre sa grâce pour surmonter les obstacles qui se dressent sur ton chemin.
Touché par les paroles de réconfort, Jonas releva la tête et laissa échapper un sanglot, tandis que la gratitude et la reconnaissance illuminaient ses traits fatigués par la peine. Pepa Mongo lui tendit la main, l'entraînant doucement vers la chapelle de la communauté, lieu de prière et de méditation qui apaisait les âmes les plus tourmentées.
- Viens, Jonas, prions ensemble pour laisser Dieu briser les chaînes qui entravent notre cœur et notre esprit, et pour ouvrir nos âmes à la grâce transformatrice qu'il désire nous offrir.
De concert, ils s'agenouillèrent devant l'autel, et Pepa Mongo entonna une prière fervente et sincère, un cantique d'espoir et de louange qui s'élevait comme une offrande vers les cieux infinis. Jonas, saisi par la foi de son guide et réconforté par la présence du Seigneur en lui, se sentit bientôt gagné par une paix intérieure et la certitude que rien n'était impossible avec Dieu à ses côtés.
La vie à la Maison Don Bosco de Lomé était rythmée par le travail, les études et la prière, chaque journée apportant son lot de défis et de découvertes. Les postulants s'affairaient sous la direction de leurs formateurs, et Pepa Mongo, infatigable et passionné, les guidait avec sollicitude et empathie vers la voie qui les mènerait un jour à prononcer leurs vœux et à embrasser pleinement la vie religieuse.
D'un jeune à l'autre, il prenait le temps de partager ses connaissances et son expérience, alliant l'exigence du maître et la bienveillance du père, dans l'esprit de Don Bosco qui avait fondé leur communauté. Et tandis que ses protégés avançaient pas à pas vers leur propre sanctification et leur consécration aux âmes du monde entier, Pepa Mongo comprenait chaque jour davantage la responsabilité et la beauté de la mission qui lui avait été confiée. Car telle était la volonté de Dieu pour eux et pour lui-même : former et façonner des apôtres intrépides et des témoins authentiques de l'amour infini qui les unissait tous dans la grande fraternité de l'Église.
Pepa Mongo, conférencier et prédicateur : transmettre la foi et les valeurs chrétiennes
Les premiers rayons du soleil matinal traversaient les vitraux de la chapelle lorsque Pepa Mongo se tenait devant l'autel, les mains jointes en prière et le cœur empli d'une émotion indescriptible. Le poids des années de formation et de préparation pour ce moment semblait s'alléger lentement, tandis que les visages familiers et aimés de sa congrégation le regardaient avec admiration et soutien.
Il se souvenait des paroles de père Antonio Donati, son mentor et ami tout au long de sa formation spirituelle : "Un jour, mon fils, tu te tiendras devant les fidèles et tu leur transmettras l'amour, la compassion et la sagesse divines. Sois toujours conscient de cette responsabilité et sers Dieu de tout ton cœur."
Puisant dans cette source d'inspiration, Pepa Mongo releva la tête et lança un regard profond et déterminé à l'assemblée.
- Mes chers frères et sœurs, commença-t-il, la parole de Dieu ne cesse de nous appeler à témoigner de notre foi et à partager l'amour du Christ avec ceux qui nous entourent. Aujourd'hui, je vous invite à méditer sur les valeurs chrétiennes qui forment la base de notre engagement envers Dieu et envers notre prochain.
Dans la salle, les yeux des fidèles étaient rivés sur Pepa Mongo, qui poursuivait avec passion et conviction, enchaînant les exemples et les anecdotes pour illustrer son propos. Il évoquait les sacrifices d'Abraham, la compassion du Bon Samaritain, les enseignements du Christ, et les vertus d'humilité, de patience et de pardon.
Mais ce qui captivait le plus l'assistance, c'était l'intensité émotionnelle de son discours. La voix de Pepa Mongo tremblait par moments sous l'effet de ses propres sentiments, qui trouvaient un écho profondément humain dans l'âme de chacun de ses auditeurs.
Au premier rang, Lucie Tandap, une jeune paroissienne de la Cité des Jeunes de Mimboman où le prêtre avait été consacré, ne pouvait retenir les larmes qui perlait sur ses joues. Elle se souvenait du jour où elles avaient travaillé ensemble pour aider les plus démunis, brisant les barrières sociales et culturelles afin de toucher les cœurs de ceux qui en avaient le plus besoin.
- Père Pepa, murmura-t-elle en essuyant ses larmes, comment pouvons-nous conserver cette flamme de l'amour de Dieu en nous quand les difficultés de la vie viennent parfois ébranler notre foi et notre engagement ?
La question de Lucie trouva un écho dans l'assemblée, de nombreux regards se tournant vers Pepa Mongo, attendant sa réponse avec impatience.
Il respira profondément, les yeux clos un instant, puis rouvrit les paupières pour plonger son regard bienveillant sur la jeune femme.
- Ma chère Lucie, répondit-il d'une voix douce mais assurée, la foi est un don de Dieu, un trésor inestimable que nous devons constamment entretenir et faire fructifier. Les épreuves et les difficultés peuvent ébranler notre engagement, mais elles sont aussi des occasions de grandir dans la foi et de nous rapprocher de Dieu. N'oubliez pas que, même dans les moments les plus sombres, Dieu est toujours à nos côtés, prêt à nous tendre la main et à nous soutenir par sa grâce incommensurable.
Pour appuyer ses paroles, Pepa Mongo tendit la main vers Lucie, comme pour l'aider à se relever, un geste empli de tendresse et de réconfort qui raviva l'émotion et l'énergie de l'assemblée.
- Alors, ensemble, poursuivons notre route et portons la foi et l'amour du Christ dans le monde, conclut-il avec ferveur. Que notre vie soit un témoignage vivant de l'espérance qui jaillit de la Croix, et qu'en chacun de nos actes, nous soyons les instruments de la miséricorde, de la justice et de la paix du Seigneur.
Dans la chapelle aux murs ornés de fresques et d'icônes sacrées, les paroles de Pepa Mongo résonnèrent comme un écho puissant et inoubliable, témoignage de l'amour infini qui les unissait tous dans la fraternité chrétienne.
Car, au-delà des mots et des discours, c'était dans les actes et les gestes concrets que la foi et les valeurs chrétiennes se manifestaient, comme autant de ponts jetés entre les cœurs et les âmes pour construire un monde plus juste et plus fraternel. Et en cet instant d'éternité, Pepa Mongo, conférencier et prédicateur inspiré, avait su transmettre à ses frères et sœurs le souffle vivifiant de l'Esprit Saint qui animait son propre cœur, les entraînant avec lui dans la grande aventure de l'amour et de l'espérance.
L'accompagnement spirituel et personnel des jeunes : un engagement de cœur
L'été touchait à sa fin dans la Cité des Jeunes de Mimboman, et les rayons dorés du soleil déclinant baignaient les murs de la cour d'école d'une lumière chaude et apaisante. Assis sur un banc, près du terrain de basket où les jeunes s'adonnaient à leur sport favori, Pepa Mongo avait le regard lointain et rêveur, ses pensées tournées vers les responsabilités qui l'attendaient en tant que prêtre et accompagnateur spirituel. Dans quelques instants, il allait retrouver plusieurs adolescents qui venaient le voir pour un entretien, avec le désir ardent d'entendre ses conseils et de partager avec lui les joies et les peines qui nourrissaient leurs cœurs en quête de sens et d'épanouissement.
Le premier jeune à se présenter devant Pepa Mongo était un garçon élancé et timide, les lèvres tremblantes d'émotion, qui dévoilait sans fard sa quête de vérité et d'espérance en Dieu.
- Père Pepa, j'ai besoin de votre aide, avoua-t-il d'une voix mal assurée. J'ai beau aller à la messe, prier et me confesser, je n'arrive pas à me sentir en paix avec moi-même et avec les autres. Je suis constamment en proie à des doutes et des peurs qui me rongent de l'intérieur et m'empêchent de m'épanouir dans ma foi et ma vie quotidienne.
Le regard empreint de compassion de Pepa Mongo se posa sur le visage émacié du jeune, un miroir de ses propres tourments intérieurs qui l'avait conduit, des années auparavant, sur les chemins tortueux de la vocation sacerdotale. Il savait, par expérience, combien précieux et essentiel était le soutien des aînés, des guides et des pères spirituels dans cette quête de soi et de Dieu qui jalonnait l'existence de chaque croyant.
- Mon fils, répondit-il doucement, sache que Dieu est toujours présent dans ta vie, même dans les moments où tu te sens perdu ou éloigné de lui. Il t'aime d'un amour infini et inconditionnel, et il désire te voir grandir et te fortifier dans la foi, malgré les difficultés et les épreuves que tu peux traverser. Ne crains pas de t'ouvrir à lui et de lui confier tes craintes, car il est un Père aimant et miséricordieux, qui ne se lasse jamais de te tendre la main et de te relever lorsque tu tombes. Quant à moi, je serai toujours là pour écouter ton cœur et t'aider à trouver le chemin qui mène vers la paix et la joie, en restant fermement ancré dans l'amour du Christ et la communion de l'Église.
Le jeune garçon, les yeux embués de larmes, hocha la tête, et Pepa Mongo posa une main réconfortante sur son épaule, le guidant avec bienveillance sur les sentiers de la réflexion spirituelle et du discernement.
Le temps s'écoula rapidement au fil des entretiens, chaque jeune quittant la rencontre avec le cœur allégé, un sourire teinté de gratitude flottant sur ses lèvres. Le dernier adolescente à s'approcher de Pepa Mongo était une jeune fille, le visage marqué par les stigmates d'un passé douloureux et l'angoisse d'un avenir incertain.
- Père Pepa, je ne sais plus où j'en suis... J'ai l'impression d'être enfermée dans une prison dont je ne peux m'échapper, avec des barreaux forgés par la honte, la culpabilité et le regret. Les erreurs que j'ai commises me hantent jour et nuit, et je crains de ne jamais pouvoir me libérer de leur emprise destructrice.
Le prêtre, ému par le désespoir qui émanait de la voix brisée de la jeune fille, chercha en lui les mots et les gestes qui pourraient la soulager de son fardeau et l'aider à envisager l'avenir avec confiance et sérénité.
- Ne crains pas, dit Pepa Mongo avec un sourire empreint d'espoir, car il n'y a aucune prison assez solide pour résister à l'amour et à la miséricorde de Dieu. Lui seul peut t'accorder la paix et la liberté dont tu as tant besoin, par le pardon et la réconciliation qu'il t'offre à travers le sacrement et la prière. Essaye de t'accrocher à cette force divine qui demeure en toi, et de t'appuyer sur la foi et l'amour de tes frères et sœurs en Christ, car nous sommes tous unis dans une même fraternité qui transcende les limites du temps et de l'espace.
Ainsi, dans la Cité des Jeunes qui avait vu naître et grandir tant de vocations et de témoignages à la gloire de Dieu, Pepa Mongo poursuivait sa mission d'accompagnement et de soutien auprès des jeunes, avec cette passion et cette dévotion qui faisaient de lui un véritable témoin de l'amour infini qui unissait les cœurs et les âmes dans la grande famille de l'Église universelle.
Les différentes missions à travers le monde : du Gabon à l'Italie
Des perles de sueurs dégoulinaient sur le front de Pepa Mongo tandis qu'il s'affairait dans la cuisine de la mission salésienne de Port-Gentil, au Gabon. Il n'était dans ce pays que depuis quelques semaines, et pourtant, il se sentait déjà profondément comme chez lui, aussi bien dans cette ville côtière battue par les vents que dans la communauté fraternelle des Salésiens qui l'accueillait à bras ouverts.
- Pepa, interpella Fulbert Abada, un jeune prêtre gabonais qui l'accompagnait, le dîner est presque prêt. Si tu veux, je peux finir ici et tu peux aller te reposer un peu. Tu me sembles épuisé !
- Ne t'inquiète pas pour moi, répondit Pepa Mongo d'une voix fatiguée mais déterminée, je veux m'investir pleinement dans cette nouvelle mission. Je suis venu pour servir, et servir, je le ferai jusqu'à mon dernier souffle !
Pepa Mongo n'exagérait pas. Depuis son arrivée à Port-Gentil, il avait engagé toutes ses forces et sa foi dans l'accompagnement des jeunes Gabonais, essayant de les aider à développer leurs talents et à trouver leur voie dans la vie. Ces rencontres et ses efforts pour mieux comprendre la culture locale étaient pour lui une source d'inspiration inépuisable, le poussant à puiser dans ses propres ressources et expériences passées pour mieux les soutenir.
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Des mois plus tard, Pepa Mongo se tenait au milieu des montagnes enneigées de l'Italie, contemplant les hautes crêtes avec une admiration teintée de nostalgie. Il avait été envoyé dans ce pays pour approfondir sa formation et acquérir de nouvelles compétences qui lui seraient utiles dans ses futures missions en tant que prêtre salésien. Malgré la beauté des paysages et la chaleur humaine des Italiens qui l'accueillaient, il sentait le poids de l'éloignement et pouvait parfois être surpris par un vague-à-l'âme, une mélancolie qui l'envahissait alors qu'il arpentait les sentiers escarpés de cette terre étrangère.
- Père Pepa, souffla une voix derrière lui, vous semblez perdu dans vos pensées. Est-ce que tout va bien ?
C'était Don Carlo, un vieux prêtre italien qui avait accepté de l'accueillir et de l'aider à se familiariser avec la vie en Italie. Il était un homme doux et sage, ayant consacré sa vie à servir Dieu et les autres avec une générosité inébranlable.
- Je dois avouer, chuchota Pepa Mongo, que je me sens un peu déraciné ici. Bien que je sois profondément reconnaissant pour tout ce que je vis et apprends, je ne peux pas m'empêcher de penser à ceux que j'ai laissés derrière moi.
Le regard bienveillant de Don Carlo, âgé et tanné, se posa sur lui avec une compréhension qui semblait hors du temps. «Mon fils, nous voyageons tous en quête de réponses, dit-il avec douceur. Mais n'oubliez pas que partout où nous allons, nous portons avec nous l'écho de tous les lieux et des gens que nous avons rencontrés. Peut-être que cette mélancolie que vous ressentez n'est qu'un appel à vous souvenir de vos racines et de la force qui réside dans l'amour que vous portez à ceux qui sont loin.»
Les paroles du vieux prêtre résonnèrent dans le cœur de Pepa Mongo, échoissant les battements de ses propres angoisses et désirs. D'un geste lent mais ferme, il plongea son regard dans celui de l'homme sage qui se tenait devant lui et acquiesça. Et alors, comme par miracle, il sentit les liens invisibles de l'amour et de la foi qui le rattachaient à ses racines africaines, à ses frères et sœurs d'Efumlu Nselek, se resserrer autour de lui, tissant une toile solide et réconfortante qui le guidait à travers les méandres de sa vocation et de ses responsabilités.
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Après plusieurs années de pérégrinations et d'apprentissages, Pepa Mongo était de retour en Afrique, posant de nouveau ses pieds sur cette terre qui l'avait vu naître et grandir. Il n'était plus tout à fait le même homme qui avait quitté ce continent, il était désormais un prêtre accompli, fort de son expérience et enrichi par l'amour et l'espérance qu'il avait récoltés en cours de route.
Il ne lui restait plus qu'à partager ces trésors avec ceux qui l'entouraient, à les transmettre aux jeunes qu'il accompagnait et guidait, à être pour eux, dans la mesure de ses moyens, un relais de l'énergie divine qui lui avait donné force et courage tout au long de son périple.
Car, comme l'avait si bien compris Pepa Mongo, sa vocation était de servir Dieu, les autres et lui-même dans un équilibre subtil, où chacun recevait et donnait en abondance, où les frontières entre les cœurs et les âmes s'estompaient pour laisser place à un amour sans limite et sans frontière. La vie était encore longue et parsemée d'embûches, mais Pepa Mongo savait désormais qu'il disposait de toutes les ressources nécessaires pour affronter et surmonter les obstacles qui se dressaient sur son chemin, grâce à la foi incommensurable qui l'animait et à la chaleur fraternelle de ses compagnons de route.
L'expérience à la Maison Don Bosco de Lomé : enseignant, préfet des études et Directeur académique
Dans les murs étroits du cloître de la Maison Don Bosco de Lomé, la chaleur s'alourdissait de jour en jour. Pepa Mongo, désormais enseignant, préfet des études et directeur académique, arpentait les couloirs de l'institution avec la charge des responsabilités posée sur ses épaules. Les visages des élèves croisaient le sien, et il discernait en eux la détresse et les attentes qui pesaient sur leurs jeunes existences.
Un jour, alors qu'il venait de terminer un cours de psychologie, Koffi, un de ses élèves, l'approcha, les yeux implorants, la voix tremblante.
- Père Pepa, j'ai quelques problèmes avec ma famille... Je ne sais pas comment les surmonter. Est-ce que je peux vous en parler ?
Le jeune prêtre acquiesça et guida le garçon vers un coin paisible du jardin où les murmures des bambous et le chant délicat des oiseaux apportaient un réconfort bienvenu en ces temps difficiles. Assis côte à côte sur un banc de pierre, ils échangèrent confidences et conseils, tissant ainsi un lien profond qui dépassait le cadre scolaire et religieux.
Les semaines passèrent et l'étau ne cessait de se resserrer autour de Pepa Mongo. Les tensions surgirent entre les membres du personnel, bousculant tout sur leur passage, tel un ouragan incontrôlable. Les enseignants, quant à eux, souffraient des élèves de plus en plus récalcitrants, et les parents d'élèves se plaignaient de l'insécurité grandissante qui régnait dans les rues de Lomé.
Un après-midi, alors que Pepa Mongo était assis à son bureau, plongé dans des papiers administratifs, un coup sourd retentit à la porte et une voix éraillée s'éleva :
- Père Pepa, nous devons vous parler !
C'était Père Damien et Mme Afi, deux enseignants dont le visage portait les stigmates de l'épuisement et de la frustration. Les mains crispées sur le dossier d'un élève turbulent, Mme Afi haleta, la voix secouée par l'émotion :
- Cela fait des semaines que nous attendons que vous preniez une décision sur le cas de cet élève ! Nous ne pouvons plus continuer comme cela, il met en péril la stabilité de toute la classe !
Le prêtre se leva et les invita à s'asseoir, tentant vainement de calmer la colère qui grondait dans leur cœur. Il les écouta, prenant note de leurs griefs et de leurs attentes, respectant le temps nécessaire à leur expression.
- Je comprends votre inquiétude, finit-il par dire d'une voix posée mais teintée d'une sincère empathie. Je tiens à vous assurer que je prends très au sérieux vos difficultés et que je mettrai tout en œuvre pour trouver une solution adaptée à cette situation. Je vous demande simplement de me laisser un peu de temps pour réfléchir et prier à ce sujet.
Les enseignants hésitèrent un instant, puis hochèrent la tête en signe d'acceptation. Ils savaient que Pepa Mongo était quelqu'un de profondément à l'écoute et qu'il ne laisserait pas les problèmes les submerger sans intervenir. Cependant, une vieille maxime africaine disait : "même le fleuve le plus tranquille finit par submerger ses berges si on n'y prend garde".
Les jours qui suivirent furent parsemés d'événements inattendus et de réunions houleuses pour le jeune prêtre, qui se démenait pour maintenir le fragile équilibre de la Maison Don Bosco. Au fond de lui, il sentait qu'il devait prendre une décision importante pour apaiser les tensions et sauvegarder ses convictions les plus profondes.
Un soir, épuisé par les luttes incessantes, Pepa Mongo se retira dans la petite chapelle où il avait coutume de prier. Les ombres se faufilaient entre les vitraux, dessinant sur les murs des formes éthérées et envoûtantes. Le silence enveloppait le lieu dans une atmosphère d'une profondeur incommensurable, tantôt réconfortante, tantôt oppressante.
- Seigneur, murmura-t-il, donne-moi la force et la clairvoyance nécessaires pour affronter les épreuves qui se dressent sur mon chemin. Fais de moi un instrument de paix et d'espérance pour les jeunes et les adultes qui me sont confiés, et guide-moi dans les choix que je dois faire, même s'ils impliquent de renoncer à une partie de mes rêves et de mes ambitions...
La voix de Pepa Mongo s'éteignit et le silence reprit ses droits. Le temps sembla suspendu, puis, comme porté par une brise légère, un murmure parcourut l'espace sacré, gravant dans le cœur du prêtre ces mots qui, depuis des siècles, avaient guidé les pas des croyants : "Que ta volonté soit faite, et non la mienne."
Ainsi, dans la Maison Don Bosco de Lomé, les épreuves et les combats continuèrent à s'amonceler, mais Pepa Mongo, l'inlassable serviteur d'une cause dont il ne mesurait que trop les enjeux, avançait résolument sur un chemin qu'il savait semé d'embûches, puisant dans sa foi et sa détermination la certitude que l'amour et la providence veillaient toujours sur lui et sur ceux qu'il aimait.
La nomination en tant que vicaire provincial : une nouvelle responsabilité au service des Salésiens et des jeunes
Le vent marin soufflait sur les plages de la ville côtière de Kribi, bercées par le rythme incessant des vagues qui s'échouaient sur le sable fin. Loin de la foule et des bruits de la ville, il régnait dans ce havre de paix une atmosphère qui invitait à la contemplation et à l'introspection. C'était précisément pour cette raison que Pepa Mongo avait choisi ce lieu pour se retirer quelques jours avant d'entamer sa nouvelle mission en tant que vicaire provincial des Salésiens au Cameroun.
Les années passées au service des jeunes et de la communauté, en tant qu'enseignant, formateur, conférencier et prédicateur, l'avaient enrichi d'expériences et de rencontres bouleversantes, mais avaient laissé leur empreinte sur son cœur et sur ses épaules, marqués par la fatigue et les épreuves. Il se souvenait encore de ces nuits passées à prier et à pleurer avec les jeunes qui venaient lui confier leurs peines et leurs espoirs, de ces journées entières consacrées à l'organisation de rencontres et d'événements pour les soutenir et les encourager. Il avait grandi et mûri avec eux, enracinant sa vocation dans la réalité concrète de leur existence, apprenant à les aimer et à les servir avec une générosité et une humilité sans cesse renouvelées.
Mais aujourd'hui, une nouvelle responsabilité l'appelait à relever un défi d'une autre envergure, à assumer avec force et autorité le gouvernement d'une province religieuse qui s'étendait sur tout le territoire du Cameroun. Il avait accepté cette mission avec sérieux et détermination, conscient de l'honneur et de la confiance qui lui étaient accordés, mais aussi des attentes qui pesaient désormais sur sa personne et sur l'avenir de la communauté salésienne.
Le crépuscule tombait doucement sur la mer, teintant les flots d'or et de pourpre, tandis qu'il marchait pieds nus au bord de l'eau, priant et méditant sur sa nouvelle fonction. Il était interrompu de temps en temps par des rires d'enfants qui couraient dans l'eau à ses côtés. Son regard se porta vers le large, bercé par la splendeur du paysage, et il songea à toutes ces âmes qu'il avait croisées au long de son périple, des jeunes gens de Lomé aux élèves de la Maison Don Bosco, miroir de ses rêves et de ses propres défis.
Alors qu'il était plongé dans ses pensées, la silhouette élancée et élégante de Lucie Tandap, la jeune paroissienne de la Cité des Jeunes à Mimboman, s'avança vers lui. Ses yeux brillaient de cette flamme d'espérance qu'il avait tant admirée en elle, et son sourire réchauffait son cœur étreint par la nostalgie et l'inquiétude. Il fit une pause pour l'accueillir et l'écouter avec attention.
«Père Pepa, dit-elle d'une voix tremblante mais déterminée, je voulais vous dire combien je suis heureuse et fière de votre nomination en tant que vicaire provincial. Vous êtes un exemple pour nous tous, non seulement en tant que prêtre, mais aussi en tant qu'homme, capable d'écouter, de dialogue et d'action. Je sais que cette nouvelle responsabilité vous pèse et que vous aimeriez parfois revenir à la simplicité de votre vie passée, auprès des jeunes et de ceux que vous aimez. Mais je vous en conjure, ne perdez pas confiance en vous et en votre mission, car nous avons besoin de votre lumière et de votre soutien pour avancer dans la vie.»
Pepa Mongo la regarda avec gratitude et humilité, laissant couler quelques larmes sur ses joues burinées par le soleil et le sel marin. Il savait que Lucie avait raison, qu'il ne devait pas se laisser abattre par la peur ou le doute, mais poursuivre avec courage et persévérance la voie tracée par Dieu et la communauté salésienne.
Alors, le soir venu, tandis que les étoiles scintillaient dans le ciel noir et que le ressac caressait avec douceur la plage endormie, il renouvela ses vœux devant l'Eternel et s'abandonna avec confiance et sérénité aux mains de la Providence, prêt à affronter les défis et les embûches de sa nouvelle mission en tant que vicaire provincial des Salésiens, pour le bien des jeunes et des frères qu'il avait tant aimés et servis.
Et, debout face à l'horizon enchanteur, baigné des lumières nocturnes qui se projetaient sur les eaux calmes, il murmura une prière d'offrande et d'action de grâce, promettant de donner le meilleur de lui-même pour être le relais de cet amour incommensurable qui l'animait et qui ne demandait qu'à se répandre sur la terre et dans les cœurs.